Par Karim MOHSEN
Y a-t-il réellement une énigme algérienne, quand la seule inconnue, aujourd'hui, est encore une «rébellion» libyenne enfantée par les fées Carabosse française et britannique, soutenues par le Conseil de sécurité (résolution 1973) et par l'Otan? Loin de nous l'intention de prendre la défense d'une diplomatie algérienne qui a été par trop maladroite - et en décalage par rapport aux évènements régionaux et arabes -, prêtant le flanc aux accusations les plus farfelues, tout en jetant l'opprobre sur l'Algérie.
Or, cette focalisation sur l'Algérie est, à tout le moins, convenue pour être honnête, qui fait oublier à l'opinion internationale les conditions dans lesquelles est apparu le Conseil de transition libyen. Un CNT quasiment installé au pas de charge par Paris. Un CNT qui, après avoir eu le beurre, réclamait l'argent du beurre. Ce qui s'est d'ailleurs réalisé dans la capitale française, le premier jeudi de septembre. Nous ne sommes donc pas dans l'obligation de faire chorus avec les loups, d'autant plus que l'on voit mal un régime prédateur - même pour s'acheter une virginité - dénoncer un système politique arabe qui partage avec lui, peu ou prou, les mêmes concepts du pouvoir? Mais ne perdons pas de vue que dans cette controverse ce n'est, finalement, pas de l'Algérie qu'il est question, mais bien de la Libye. Qui sont les rebelles libyens? D'où viennent-ils? Quel programme de gouvernance proposent-ils? Dans quelle lutte contre le régime El Gueddafi ont-ils forgé et mûri leur conviction de la nécessité du changement? On s'aperçoit au final que l'on n'en sait rien, que peu a été dit sur les fondements d'une rébellion sortie du néant mais adoubée, du jour au lendemain, par de grandes puissances, qui plus est, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Les choses se sont-elles ainsi éclaircies pour autant? Pas tellement. Mais les effluves de pétrole qui viennent quelque peu titiller les narines, mettent la puce à l'oreille et donnent du sens aux évènements. Il y avait donc bien anguille sous roche. De fait, la réunion des «amis» de la Libye - jeudi à l'Elysée à Paris - a bien été comprise d'abord comme un «partage du gâteau» libyen. Le CNT aurait-il monnayé l'appui français en s'engageant à céder 35% du pétrole brut libyen à Paris en cas de réussite de «la révolution»? Un deal? C'est ce que laisse croire la presse mondiale qui rapportait jeudi le fait au moment où, à l'Elysée, Sarkozy recevait ses invités.
«35%» cela représente le 1/3 de la production totale de pétrole de la Libye. Paris a évidemment démenti. Mais les médias n'en continuaient pas moins d'affirmer le fait. D'ailleurs, la presse française donnait du crédit à ces thèses en indiquant qu'il est naturel que les «pays qui ont aidé les rebelles libyens chercheront à défendre leurs intérêts» soulignant que les compagnies US, britishs et italiennes «entendent participer au festin libyen». Le mot est lâché! Le festin libyen!! On ne le leur fait pas dire. On parlait de pillage aux époques de la colonisation - contre le gré des populations -, il semble donc qu'aujourd'hui cette mise à sac se fera(it) avec l'assentiment (?) du «nouveau» pouvoir en place. Cependant, cette notion de partage, qui bruissait jeudi dans les couloirs feutrés de l'Elysée, nous remet à l'esprit le fameux Congrès de Berlin de 1881 lors duquel fut découpée l'Afrique entre les grandes et petites puissances de l'Europe impériale, ouvrant la voie aux pillages des richesses africaines dont l'histoire humaine n'en a rien connu d'analogue. Près d'un siècle et demi après, l'Afrique ne s'en est toujours pas remise. Et voilà que cela repart! Ainsi, la France et les «amis» de la Libye se feront payer sur la «bête». Et puis on peut se montrer généreux avec les Libyens en leur refilant, sous forme d'aide, leur propre argent. Vous avez dit sordide?
Source : lexpressiondz
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