L’ONU, par la voix de son Conseil de sécurité, réaffirmait le 30 mars dernier, au sujet de la Côte d’Ivoire qu‘elle «condamne fermement tous les actes de violence perpétrés à l’encontre de civils, notamment les femmes, les enfants, les déplacés et les ressortissants étrangers, ainsi que les autres violations des droits de l’homme, en particulier les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires, le meurtre et les mutilations d’enfants et les viols et autres formes de violence sexuelle» (Résolution 1975 du 30 mars 2011 paragraphe 5) Les déclarations de principes de ce genre ont toujours été la marque de fabrique des résolutions onusiennes. Dans ses résolutions sur la Côte d’Ivoire, l’ONU est restée fidèle à ce types de déclarations, depuis sa résolution 1464 du 4 février 2003. Présente dans les déclarations, absente dans les actions, l’ONU a su se montrer à travers l’écart abyssal qui sépare ses résolutions de ses missions sur le terrain. Mais la question devient déconcertante, quand l’Organisation des Nations Unies se trouve elle-même fortement impliquée dans ce qu’elle prétend condamner. Cette situation a poussé des ivoiriens à manifester bruyamment leur colère contre l’ONU ce vendredi 11 novembre.
Il se sont rendus à Genève pour le faire. Pour protester contre les crimes onusiens et les graves violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire, Genève était bien le lieu indiqué. C’est la ville abritant le siège du Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies. Venus pour la plupart de France et d’Italie, les ivoiriens, ainsi que leurs compatriotes de Suisse, ont répondus présents au rendez-vous de Genève. Ce fut pour dénoncer et condamner tous les crimes dont l’ONU est directement responsable ou dans lesquels elle est impliquée à travers les agissements de ses casques bleus en Côte d’Ivoire. La manifestation a débuté par une importante marche. C’est du parc des Cropettes que sont partis les manifestants pour se rendre à la place des Nations. Brandissant des pancartes et des banderoles présentant la cruauté en images des graves violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Cette marche a été marquée par une véritable manifestation de colère exprimée par des propos virulents contre l‘ONU. Un groupe d’adolescents et d’enfants genevois encadrés par des manifestantes a su également marquer sa présence. Ils ont scandé «Gbagbo président! Sarkozy assassin! Libérez Gbagbo!»
C’est aux environs de 14h00, à la place des Nations, qu’ont eu lieu les interventions des différents responsables politiques et d’Associations. Pour la circonstance étaient présents une forte délégation de la Représentation du FPI en France, Abel Naki et Willy Bla du Cri panafricain, Topo Léontine, Présidente des Femmes patriotes, Christine Zékou du CODESCI
(Comité de défense des Institutions et des Structures de la Côte d‘Ivoire), Zap Krasso et J.C Gnawa du COJEP. Il y avait, bien entendu une représentation du COPACI (Courant de Pensée et d‘Action de Côte d‘Ivoire) conduite par son président Blaise Pascal Logbo. Son parti était le principal initiateur et organisateur de cette manifestation historique, en collaboration avec les Associations précédemment citées.
Blaise Pascal Logbo et tous les autres responsables qui sont intervenus n’ont pas manqué de condamner les agissements de l’ONU en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier. Ils ont souligné la part de responsabilité de l’ONU dans les graves violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Ils ont dénoncé le silence coupable de l’ONU face à toutes les graves violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Tous n’ont pas non plus manqué d’exiger la libération de tous les prisonniers politiques d’Alassane Ouattara.
La résolution 1975, a été votée, dit-on, pour protéger la population civile. Cette thèse a été battue en brèche par le président du COPACI. La résolution 1975 du 30 mars 2011 a été, selon lui, «un permis de tuer accordé à la coalition Licorne – casques bleus -rebelles. Par ce permis de tuer, les casques bleus se sont érigés en faiseurs de guerre.» Ces soldats onusiens ont apporté un soutien logistique et opérationnel à la rébellion et à la Force française Licorne pour réaliser le coup d’État du 11 avril 2011 contre le président Gbagbo. Pour Blaise Pascal Logbo, «l’unique solution démocratique à un contentieux post-électoral était le recomptage des voix et non les bombardements.»??
Avant la fin de la manifestation, le président du COPACI a été reçu dans les locaux du Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies , où il a déposé une motion.
Il faut rappeler que c’est par la résolution 1479 du 13 mai 2003 que fut créée la MUNICI (Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire). Sa mission était initialement «de faciliter la mise en oeuvre par les parties ivoiriennes de l’Accord de Linas- Marcoussis». C’est à la demande du président Gbagbo, dans un message adressé à l’ONU le 10 novembre 2003, que l’ONU a bien voulu s’impliquer dans le maintien de la paix en Côte d’Ivoire. C’est dans cette perspective, que la MUNICI fut transformée en ONUCI (Organisation des Nations Unies en Côte d’Ivoire). Mais quand les hostilités éclate en mars 2011, la «neutralité», toujours proclamée par l’ONU, qui jusque là avançait masquée, ne lui sied plus. Elle décide donc de laisser tomber le masque. Elle décide d’inscrire son nom en lettres de sang dans l’histoire du chaos ivoirien en confiant une mission de guerre à ses casques bleus et à la Force française Licorne, aux côtés de la rébellion .
Zeka Togui
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