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Cher frère et combattant pour une Côte d’Ivoire digne, je ne pensais pas du tout commencer les nouvelles Chroniques de la Révolution Permanente en ce début d’année 2012 par un Article qui traiterait de ta nouvelle approche du combat révolutionnaire que chacun de nous, à son humble niveau, a engagé en Côte d’Ivoire contre le fascisme français en Côte d’Ivoire et en Afrique.
Mais, ton instance et tes dernières sorties m’obligent à remettre aux jours avenir, la publication de la Chronique prévue en première parution en 2012, afin de t’exprimer mon indignation face à ton appel inconsidéré à un dialogue avec un pouvoir génocidaire qui n’en offre ni l’opportunité ni les conditions parce qu’il n’a pas une ambition de rétablir et consolider la Nation ivoirienne qu’il a détruite mais plutôt, le projet de créer un nouveau territoire à peupler sur les ruines de ce qui était autrefois appelé« Etat de Côte d’Ivoire ».
Cher frère et combattant, ou si tu le préfère, ex-Combattant, pour moi tu restes un frère. Mais la ligne éditoriale de la Révolution Permanente se veut désormais transversale; donc souffre que je te dise en toute vérité, du plus profond de mon cœur, à travers cette Chronique de la Révolution Permanente, ma déception devant l’incohérence de ta démarche qui contraste avec la réalité et les malheurs que vivent les Ivoiriens jours et nuits depuis le 11 avril 2011.
C’est pourquoi je voudrais commencer en m’interrogeant.
Est-ce que Blé Goudé sait de quoi il parle?
Je pense que oui. Tu sais de quoi tu parles. Alors je te dis : eh bien rentre en côte d’ivoire sans tarder et viens commencer ton dialogue avec Ouattara afin qu’il te donne la chance de finir comme Mamadou Koulibaly.
Certains confrères et amis avaient appelé mon attention par une analyse que j’espère erronée sur l’inavouable de tes dernières sorties appelant de façon sous-jacente à “laisser Ouattara tranquille” s’il s’engage à faire des concessions aux partis politiques et aux leaders d’opinion dont évidemment toi, dans le cadre d’un dialogue inclusif. Ces confrères et amis pensent que tes sorties puent désormais le comportement d’un homme flatté et manipulé par la France qui lui aurait promis une réhabilitation médiatique s’il adopte une stratégie politique qui permet à Ouattara de terminer son mandat d’imposture avec un faux dialogue et une fausse réconciliation avec à la clé, de nouvelles compromissions comme celles qui ont plongé la Côte d’Ivoire dans un trou dont elle cherche désespérément à sortir depuis les fameux Accords de Marcoussis.
J’avoue qu’ils ne sont pas loin de me convaincre. Parce que comme moi, tu le sais. Une des stratégies françaises de division de nos frères consiste à promettre à chaque leader d’opinion ou chaque homme politique qui émerge, qu’elle est prête à faire de lui le prochain président. C’est pourquoi quand il y a des élections en Afrique, tous les hommes politiques de premier rang sont candidats, car chacun dans le secret croyant être le seul à avoir reçu la promesse de la France de faire de lui son prochain joker.
A une date récente, en Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, Anaky Kobenan, Mabri Toikeuse et consorts ont rêvé, croyant béatement être coptés pour devenir le prochain joker français. Mais ils déchantent tous. Je sais que tu le sais.
Alors, je n’ose pas croire que tu sois tombé jusque-là. Mais je reste tout de même tenté de croire que tu y penses sérieusement et que dans ton approche, tu veux lâcher l’accélérateur de la résistance, te faire réhabiliter médiatiquement par la France et ensuite reprendre le bâton de pèlerin. C’est pourquoi tes interviews continues avec RFI (Radio France Internationale) inquiètent plus d’un.
Frère, je te dis : si telle est ta conviction, sache que tu t’es égaré à jamais. Si la France t’a, une seule fois, traité comme un ennemi à abattre, elle ne fera jamais de toi un allié à protéger. Elle se débarrassera de toi à la première occasion. Feu Mouammar Kadhafi en est l’exemple le plus récent et édifiant.
Je ne vais pas être long avec toi. Mais je voudrais juste faire une précision sur un point de ton message de vœu pour l’année 2012 que j’ai pris comme une insulte à la douleur des Ivoiriens.
En Côte d’Ivoire, personne ne rumine la vengeance mon cher Blé. On parle de vengeance quand vous ruminez de laver l’affront après que l’agresseur a mis fin à l’agression et qu’il vous a laissé la vie sauve.
Mais au moment où j’écris ces lignes, les Ivoiriens sont en train d’être agressés et tués. S’ils pleurent et espèrent se délivrer, ce n’est donc pas par désir de vengeance. Ils ont la réaction normale de tout être vivant. En situation d’agressé ou de menacé de mort, l’instinct de survie se déclenche naturellement.
Alors si tu as choisi ton nouveau chemin, suis-le sans soupçonner les Ivoiriens de choses qui ne traversent pas leur esprit. Tu écris et tu vends des livres. C’est bien. Mais vends tes livres et laisse les Ivoiriens mener la résistance.
Toutefois, avant de finir, je voudrais appeler ton attention sur un fait très récent. Te souviens-tu du chef rebelle nommé IB? Ne fais pas comme lui.
Il se prenait pour un chef ou un futur chef d’Etat et laissait les autres au front. Quelque temps après, ceux qui portaient son sac à Ouagadougou l’ont supplanté et ont été reconnus comme les vrais chefs de la rébellion 2002.
Quand vers la fin, c’est-à-dire en mars 2011, IB est venu au front avec son Commando invisible, ils l’ont traité comme un mercenaire qui demandait une trop grande rémunération après le sale boulot. Alors, ils l’ont liquidé exactement comme ils le firent avec le mercenaire sierra-léonais Sam Bokary alias Mosquito, celui qui éventra plusieurs dizaines de femmes enceintes dans l’ouest de la Côte d’Ivoire aux heures “glorieuses” du MPIGO et du MJP.
Cher frère Blé, comme tu le vois, l’histoire est têtue. Le “crabisme politique” promu à un moment donné par Laurent GBAGBO ne mène nulle part qu’en prison, à la mort ou au désaveu historique, si au moment de la décision finale, tu tires la mauvaise carte.
Alors, permets-moi de te dire que tu risques très gros mon frère. Réfléchis un peu mieux encore car ton nouveau discours est à la limite d’une mauvaise carte que tu es sur le point de tirer pour l’histoire.
Si tu n’as pas compris ça, alors ma plume te met au défi de tenter d’induire en erreur les jeunes ivoiriens qui avaient espéré en toi.
A Très bientôt.
Hassane Magued
La Révolution Permanente N°00175/01/12
Infodabidjan.net
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