par Portes Ouvertes, mercredi 16 mars 2011, 18:40
Au nord d'Abidjan, on assiste à une véritable épuration ethnico-religieuse. Des chrétiens habitant les quartiers nord d'Abidjan, la capitale, ont été victimes d'attaques ciblées.
Les pasteurs sont les premiers à être visés. L'un d'eux n'a eu la vie sauve qu'en cachant sa robe pastorale et en se déguisant en habit musulman, portés habituellement par les tribus du nord. Sa maison a été pillée puis incendiée, et il n'a pu sauver que son véhicule avec lequel il s'est enfui. Un de nos collaborateurs a également été le témoin oculaire de l'attaque, du pillage et de l'incendie de l'église d'Anokoua. Plusieurs pasteurs du quartier d'Abobo ont reçu des menaces verbales ou ont été agressés physiquement. Alors qu'ils s'enfuyaient ils ont dû passer plusieurs barrages tenus par la milice pro-Ouattara qui les saluaient en arabe : « Salam aleikoum » . Ceux qui étaient incapables de répondre étaient tirés hors des véhicules et tabassés. Le pasteur Kouadio a failli être exécuté à un de ces contrôles. Etant à la fois pasteur et enseignant, il n'a été épargné que parce qu'il a été reconnu par un de ses anciens élèves qui a attesté: «Lui, je le connais, c'était mon instituteur.»
D'un autre côté, les Forces de Défense et de Sécurité qui soutiennent Laurent Gbagbo n'hésitent pas à tirer contre les fidèles des mosquées, essayant d'ajouter une composante religieuse à la tension politique déjà très exacerbée. Mais même après l'assassinat d'un imam, les autorités musulmanes ont appelé au calme et invité les musulmans à la retenue.
Des chrétiens du nord témoignent que leur propriétaire musulman à reçu deux reprises la visite des milices. A chaque fois, il a menti sur leur identité pour les sauver. Mais après la deuxième visite, il les a poussés à partir se réfugier au sud, craignant de ne pouvoir les protéger une troisième fois. Au sud, des pasteurs affirment recueillir dans les cours des églises des réfugiés tant chrétiens que musulmans. Environ 40 000 personnes sont ainsi entassées à Abidjan dans des circonstances désespérées. L'embargo financier et commercial, qui bloque également l'acheminement des médicaments, aggrave la situation, d'autant plus que certains hôpitaux ont dû fermer. De nombreux réfugiés souffrent de la faim et on déplore chaque jour de nombreux décès parmi les réfugiés.
Après les élections présidentielles du 28 novembre dernier, Alassane Ouattara a été reconnu vainqueur par la communauté internationale. Il a reçu l'appui du Bureau des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et des forces françaises engagées dans l'opération Licorne. Aujourd'hui, dans l'ouest du pays, ses partisans se sont organisés en commandos. Ils tuent, pillent et ravagent tout sur leur passage.
Le président sortant, Laurent Gbagbo continue de rejeter la validité des élections et refuse de céder le pouvoir. Ses partisans ont également perpétré des tueries parmi les civils. L'ONU signale que plus de 370 personnes ont été tuées dans les violences post-élections..
Sujets de prière:
- Prions pour les réfugiés à Abidjan, qu'ils puissent recevoir du secours.
- Pour les collaborateurs de Portes Ouvertes dans la région.
- Pour que ces massacres prennent fin.
Première publication: 18 mars 2011 - Compléments: 25 mars 2011
La publication de cet article a suscité plusieurs réactions qui soulignent l’aspect purement politique du conflit.
Y a-t-il un aspect religieux dans ces violences en Côte d’Ivoire ? Oui il y en a un, même si cet aspect, comme souvent, est mélangé avec des éléments ethniques et politiques. Nous avons donc ajouté dans cet article des éléments permettant une meilleure compréhension du contexte. Le but de Portes Ouvertes n’est pas de prendre parti pour tel ou tel camp mais d’aider les chrétiens persécutés pour leur foi. Continuons à prier pour la situation dans le pays.
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