A l’évocation du drame dans le grand ouest de la Côte d’Ivoire, la question récurrente qui nous vient aussitôt à l’esprit est celle-ci : Comment en est-on arrivé là ?
Les peuples vivants dans l’ouest de ce pays, ont toujours payé le lourd tribut des crises ivoiriennes. Déjà en 2002, à la faveur du coup d’état manqué, l’on dénombrait dans cette région, des pertes considérables en vies humaines. Aujourd’hui, pas moins de 1012 personnes ont été tuées dans l'ouest de la Côte d'Ivoire au cours de la crise née de la présidentielle de novembre 2010. Parmi elles figurent "103 femmes et 42 enfants", et au moins 505 personnes ont été tuées dans la seule ville de Duékoué de décembre à fin avril, a annoncé la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci). Selon le haut commissariat des réfugiés (HCR), plus de 94 000 ivoiriens vivent dans des camps de réfugiés au Libéria voisin.
En effet, lorsque les FRCI (rebelles venus du nord) se sont lancés à l’assaut des zones gouvernementales, la situation déjà très précaire à l’ouest de la Côte d’Ivoire, s’est manifestement aggravée. Le drame que vivent ces populations de l’ouest s’apparente à n’en point douter à un génocide et doit interpeller la conscience collective de tous les ivoiriens, mais aussi de tous les acteurs impliqués dans cette crise. Description d’un spectacle désolant :
Des populations apeurées, réfugiées au fond de la brousse ou dans des camps au Libéria. Des familles entières assassinées. Des femmes violées. Des enfants brûlés vifs dans des maisons. Des jeunes gens systématiquement massacrés et jetés au fond des puits ou fosses communes. Dans les ruelles, des chiens enragés se nourrissants de corps humains. Des biens détruits ou pillés. Des plantations confisquées. Des villages entiers incendiés et totalement rayés de la carte.
Une équipe de reporters a recueilli les propos de femmes refugiées : « Nous sommes hantés par l’âme de ces personnes qui n’ont rien fait pour être précipités sous terre », affirme une réfugiée ivoirienne. «En plus ces gens qui sont morts et qui n’ont droit à aucune cérémonie d’adieu, ni même à une sépulture digne, qu’avons-nous fait ?», Reprend une autre et c’est le sanglot généralisé.
Tel un film d’horreur, malheureusement réel et qui donne froid dans le dos. Une Tragédie poignante que notre histoire commune retiendra à jamais. Dans ces villages abandonnés, pas une seule d’âme qui vive. Partout la broussaille a envahit maisons et ruelles. Ces villages qui jadis grouillaient d’hommes, de femmes et d’enfants pleins de vie. Leur crime? Appartenir à un groupe ethnique supposé proche du Président Gbagbo? Posséder des terres riches et convoitées ?
La vie humaine est sacrée, quelque soit le groupe auquel on appartient. Rien de ce que l’on pourra évoquer ne justifiera la mort de toutes ces personnes. Et ce, pendant que certains jubilaient et sautaient de joie, ivres de pouvoir enfin partager le ‘’gâteau’’, des hommes et des femmes se mouraient là-bas à Duékoué, à Touleupleu…
Après tant de traumatismes subis, sans aucune prise en charge psychologique, ces réfugiés hésitent encore à retourner dans leur pays. La situation sécuritaire étant loin d’être rassurante. Indexée pour sa passivité lors des massacres, l’ONUCI a annoncé en juin dernier, la création de huit nouveaux camps militaires dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Un bel exemple de médecin après la mort ! D’ailleurs, un rapport d'Amnesty International en date du mercredi 25 mai 2011, indexe clairement les soldats de la force onusienne. Dans ce rapport, il est fait état de la passivité des casques bleus qui ont assisté sans intervenir aux massacres de civils. Jung Jin Choi, le patron de l’opération des nations unies en Côte d’Ivoire agacé, a laissé entendre: « L’ONU ne peut pas protéger tous les ivoiriens ». Ouattara Alassane quant à lui, n’a pas rencontré les réfugiés ivoiriens comme on pourrait le croire. Lors de sa récente visite au Libéria, il a plutôt rencontré la communauté des ivoiriens, vivants et travaillant au Libéria. Evitant soigneusement de rencontrer les vrais réfugiés ivoiriens dans ce pays.
Certes, il ne faut, ni abandonner, ni oublier ces réfugiés. Mais il faut garder à l’esprit que quelque part au Libéria, survivent des ivoiriens dans des conditions parfois inhumaines. Oui, il faut sauver ces réfugiés ivoiriens.
Marc Micael.
Source : pourunecotedivoiresouverraine
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