Quelques rares confidences arrachées à l’ancien président ivoirien pendant son séjour à Korhogo où il est en résidence surveillée et quasiment volées à des discussions avec certains de ses proches montrent bien que l’ex chef de l’Etat nourrit des regrets devant la trahison de certains de ses proches. Il n’est peut-être plus là en personne mais rien n’échappe à l’ancien président ivoirien déporté comme la plupart de ses camarades dans les goulags nordiques d’Alassane Ouattara. Le nouveau maître d’Abidjan souhaitait que cet isolement participe de la lente décrépitude de son plus grand rival. Et il y a mis les moyens. La famille Gbagbo qui, sous les bombes de l’ONU et de la France était malgré tout réunie a été séparée : le père seul à Korhogo, le fils Michel à Bouna, l’épouse Simone Gbagbo à Odiénné. Mais Gbagbo n’est pas homme à se laisser démonter et selon les rares proches qui ont pu lui parler, il résiste. D’ailleurs de cette résidence qu’il avait réhabilitée du temps de son règne, il suit tout : l’actualité nationale, la répression continuelle de ses partisans mais aussi les traîtrises de ses amis.
Ceux qui se sont illustrés ces derniers temps de la plus mauvaise façon ont eu droit à quelques commentaires présidentiels, généralement brefs parce que par principe, Laurent Gbagbo n’aime pas faire la publicité à ses détracteurs. Mamadou Koulibaly n’a donc eu droit qu’à quelques mots : « il m’a déçu » ou encore, « mais il est comme les autres après tout ! » a conclu le président en riant.
Sur le Professeur Paul Yao N’dré, l’homme qui a investi Alassane Ouattara avant de se sauver à la suite de son limogeage, le président Gbagbo a indiqué que c’est pour éviter ce genre d’attitude qu’il avait parié sur Abou Dramane Sangaré, un camarade de parti dont la loyauté ne lui a jamais fait défaut.
Toujours selon des proches qui ont partagé les derniers jours du président Gbagbo dans sa résidence prise sous les feux nourris des bombes françaises et onusiennes, Abou Dramane Sangaré est resté stoïque jusqu’au bout. A l’écart, sous la fenêtre de la résidence présidentielle, il n’a jamais feint de souffrir où de vivre des moments qui peuvent s’avérer les derniers de sa vie. Il était déjà là le jour où le président de la République s’était accordé une ultime sortie télévisée pour mettre fin aux rumeurs qui annonçaient le président Gbagbo et ses proches en débandade générale. C’est cet homme qui était l’élu du président Gbagbo. Mais le propre cercle de ce dernier avait insisté pour que ce soit Paul Yao N’dré, agrégé de droit, Professeur à l’Université d’Abidjan et court ministre de l’Intérieur, avant l’avènement du gouvernement de Marcoussis, qui vit son éviction ainsi que celle de plusieurs autres compagnons du président de la République d’alors.
Pour ce qui est de l’acte d’investiture lui-même, le président Gbagbo aurait affirmé que c’est du folklore « et Ouattara le sait ». Pour lui, la messe est dite depuis longtemps : « j’ai gagné les élections et les Blancs le savent. On leur a dit de recompter les voix et ils ont choisi de nous faire la guerre ».
Ce combat de la vérité mené avec entêtement a surpris tous ceux qui ne connaissaient pas vraiment le président Gbagbo. Y compris certains de ses collaborateurs. Yao N’dré en tant que président du Conseil Constitutionnel qui est le seul maître du jeu électoral constituait la porte de l’élection. « Il était comme la porte. On l’a fermée. Tout le reste n’est donc que folklore », se moque Gbagbo, toujours égal à lui-même.
Depuis sa cachette ghanéenne, l’ancien président du Conseil constitutionnel sait dorénavant quelle place il occupe dans le cœur de l’ancien président et à quel point sa couardise et ses envies de protection de ses intérêts ont maladroitement essayé à légitimer le pouvoir actuel. Finalement, il reste une source de regrets pour le président Gbagbo qui, désormais, est obligé de poursuivre son combat comme il l’avait commencé. C’est-à-dire en petit comité.
Source : AUJOURD'HUI
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