Par André Silver Konan, à Abidjan
Gnamien Konan,
Ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative. © AFP
La Côte d’Ivoire a entrepris de traquer ses fonctionnaires fictifs à travers une vaste opération de recensement des agents de l’État sur toute l’étendue du territoire. En tout, 132 732 fonctionnaires sont concernés par cette opération qui doit durer une dizaine de jours. Objectif à moyen terme : réduire le nombre de fonctionnaires.
Au moment où le gouvernement d'Alassane Ouattara travaille avec le FMI à la relance de l’économie de la Côte d'Ivoire, assainir les dépenses publiques est une priorité, surtout si ces dernières sont minées par des emplois fictifs.
« Payer les fonctionnaires revient très cher à l'État, qui, désormais, veut savoir si tous ceux qu'il paye travaillent effectivement », explique Gnamien Konan, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative.
7 247 emplois inconnus
L’opération, lancée le 29 août et effective depuis le jeudi 1er septembre, vise à débusquer des agents fictifs parmi les 132 732 fonctionnaires ivoiriens. Après un travail technique préalable de croisement des fichiers de la Fonction publique et de la Solde du Trésor, réalisé par le ministère de la Fonction publique en juin, ce sont pas moins de 7 247 emplois inconnus au fichier de la Fonction publique et 349 à celui de la Solde qui ont été identifiés.
De même, un audit du fichier du personnel de la Présidence, a permis de découvrir que plusieurs centaines de personnes y touchent un salaire mensuel, alors qu’ils n’ont aucun contrat de travail formel. La fraude semble énorme.
Fonction publique en surpoids
Au-delà de cette – nécessaire- chasse aux fantômes, le but réel de cette opération de recensement est de réduire à moyen terme les effectifs de la Fonction publique et par conséquent réduire la masse salariale.
« La masse salariale annuelle est de près de 800 milliards FCFA (1.2 milliards d’euros), note Gnamien Konan. C'est énorme par rapport au budget de l'État (3050 milliards FCFA, 4.7 milliards d’euros, Ndlr). La norme communautaire (au sein de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest, Ndlr) nous impose de ne pas aller au-delà de 35% des recettes fiscales. On a largement dépassé cette norme, nous sommes certainement à dix points au-dessus, c'est-à-dire autour de 41% ». La masse salariale a effectivement explosé. En 2000, elle pesait 435.5 milliards FCFA (670 millions d’euros).
Mener l’opération à terme
La phase préliminaire de cette opération a débuté il y a un an, sous Laurent Gbagbo. Elle a été abandonnée faute de réel mode opératoire. Gnamien Konan assure que toutes les dispositions ont été prises pour que cette fois-ci, elle aille jusqu’à son terme.
Source : jeuneafrique
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