L’asphyxie financière du peuple ivoirien
dimanche 20 mars 2011
Tous les moyens semblent bons pour faire partir Laurent Gbagbo, dit le boulanger à cause de son habitude de rouler tout le monde dans la farine. Bien que l’option militaire semble de plus en plus lointain, d’autres méthodes plus subtiles sont employées pour faire partir celui qui a été proclamé Président de la République par la cour constitutionnelle ivoirienne. Le camp de d’Alassane Ouattara, l’autre président de la Côte d’Ivoire, déclaré lui vainqueur des présidentielles ivoiriennes de novembre 2010 par la CEI (Commission électorale indépendante) et retranché depuis dans un hôtel d’Abidjan avec son gouvernement, ne compte désormais plus sur une intervention de la communauté internationale. Les heurts de plus en plus violents entre les deux camps doivent nous inquiéter car la Côte pourrait aller tout droit vers la guerre civile. Les images récentes de populations entières fuyant la guerre doivent nous inciter à prendre toute la mesure de ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire.
Après les menaces d’intervention militaire, l’option de l’asphyxie financière de Gbagbo n’est peut être pas non plus la meilleure des solutions. Le peuple ivoirien sera le seul a en souffrir. La fermeture de la direction nationale de la Bceao en Côte d’Ivoire isole «les opérateurs économiques ivoiriens de la possibilité de mener à bien leurs transactions financières», d’après Blaise Ahouantchédé, le directeur général du Groupement interbancaire monétique de l’Uemoa (Gim-Uemoa) qui promeut la monétique au sein de la zone.
La Côte d’Ivoire, c’est 40% du PIB de la zone Union Économique et Monétaire Ouest Africaine ( UEMOA) et toute asphyxie financière de la Côte d’Ivoire aura une influence certaine sur le reste de l’Afrique de l’ouest. Laurent Gbagbo menace d’ailleurs de créer sa propre monnaie, ce qui n’est pas très compliqué. Il suffit que sa nouvelle monnaie soit adossée au dollar ou encore au yuan chinois ou le Rand sud africain pour que cette option ne soit plus une utopie. Pour tous les Africains qui réclament depuis de nombreuses années la fin du franc CFA, principal outil de domination de l’ex-colon français, ce serait par ailleurs un signal fort que beaucoup soutiendraient. Mais en attendant, les Ivoiriens attendent leurs salaires de février et tirent le diable par la queue pour se nourrir. A-t-on le droit de prendre ainsi en otage tout un peuple à cause de conflits politiciens? Pourquoi ne recompte t-on pas les bulletins de vote pour être définitivement fixé? Pourquoi ne pas organiser de nouvelles élections ?
La crise ivoirienne cache certainement plus de choses qu’il n’y paraît. Derrière la guerre entre Ouattara et Gbagbo, il faut aussi voir une nouvelle donne en train de se poser dans ce pays si important pour l’ancien colonisateur français. Est-ce le début de la fin de la Françafrique qui se joue en Côte d’Ivoire et en Tunisie? Tout, en tout cas, semble l’indiquer mais la vigilance reste de mise car l’impérialisme capitaliste, tel un phœnix a appris depuis des siècles à renaître rapidement des cendres tout chauds de la révolution.
Moulzo
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