Rwanda - La France est-elle complice du génocide au Rwanda ? (09.08.08)
(JournalChrétien.net - 08-08-2008) Fin de la brève lune de miel entre Paris et Kigali par Jean Paul BWANA , pasteur évangéliste
Qu’il y ait eu pertes en vies humaines et assassinats en série qui ont amené la communauté internationale a établir lacommission du génocide en 1994 au Rwanda, le monde politique des deux capitales semblent naviguer sur deux longueurs d’onde différentes : la justice française tient à faire payer à Paul Kagamé son implication présumée dans legénocide rwandais, tandis que Kigali entend par son rapport contraindre l’exécutif française à obtenir le silence du juge français. La publication du rapport peut éventuellement permettre au président rwandais et à ses principaux lieutenants de ne plus être un jour rattrapés par la CPI sur leur implication dans le génocide.
Depuis que le gouvernement rwandais a rendu public mardi dernier son dernier rapport sur le déroulement du génocide de 1994, génocide au cours duquel plus des 800.000 victimes essentiellement d’origine tutsi ont eu à trouver la mort dans de circonstances dramatiques. L’exécutif français est monté sur ses grands chevaux et donne l’impression de vouloir tirer sur tout ce qui bouge en provenance de Kigali afin de se donner bonne conscience. Paris rejette en bloc ce rapport rwandais mettant en cause la responsabilité des hautes personnalités politiques et militaires françaises indexées comme ayant participé à la planification et à la mise en exécution du génocide de 1994. Et ce notamment par leur rapprochement avec l’ancien régime Hutu. Sur la liste, reviennent entre autres les noms de l’ancien président français, feu François Mitterrand, et d’Alain Jupé. Ce rapport fort piquant suscite de prises de positions controversées dans différents milieux de décideurs de l’Hexagone où des hauts responsables renient même à la justice rwandaise le droit et la compétence de conduire un tel rapport à charge. Pour Paris ce rapport n’a pour seul objectif que de charger seule la France de tous les péchés d’Israël en lui faisant porter le chapeau de ce génocide de triste mémoire pour lequel des zones d’ombre persistent tout de même à ce jour.
Pour leur part, les enquêteurs rwandais soutiennent avoir été lus plus objectifs possibles sur toute la ligne et affirment avoir procédé à l’audition d’un plus grand nombre de rescapés de ce génocideaussi bien en Afrique qu’en occident. Et tous unanimement chargent la France d’avoir été bien au courant de ce qui se tramait au Rwanda et a pourtant laissé commettre le génocide. Ce rapport des plus des 500 pages publié par Kigali inculpe 33 hauts responsables politiques et militaires françaiset exige au retour des excuses de Paris.
Et il y est reproché à la France notamment :
- La formation et l’encadrement de génocidaires de l’ancien régime ;
- l’équipement des troupes et la mise à disposition de la logistique ;
- L’abandon sur place de tous les personnels d’origine rwandaise prestant aussi bien à l’ambassade de France et qu’au Centre culturel français de Kigali qui ont été quasiment exécutés après le départ de leurs collègues français du sol rwandais ;
- La non assistance à personne en danger ;
- La passivité des forces turquoise face à la tuerie des personnes innocentes désarmées
Ce qui est au moins sûr c’est le fait notamment que le régime de feu Mitterrand a eu à entretenir de rapports de complicité avec Kigali.
Pour la petite histoire, jamais dans l’histoire des relations internationales africaines de ces dix dernières années on a vu un gouvernement africain pointer du doigt la responsabilité d’un pays occidental, sensé pourtant fabriquer les régimes politiques en place sur le continent et qui sont prêts à obéir au moindre caprice de Paris pour se maintenir en place. Le courage politique du président Paul Kagamé ne passe pas inaperçu dans les milieux de la jeunesse africaine où plusieurs ne jurent plus que par son nom. Et plusieurs parmi les progressistes africains sont de ceux qui saluent son courage politique dont on continue tout de même à s’interroger sur le véritable mobile qui l’a poussé à ce point ?
Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, le gabonais Jean Ping, n’est pas du tout resté en lice. Par une déclaration officielle diffusée par les médias périphériques mercredi dernier, il a fait connaître la position de l’union africaine sur ce rapport controversé. A-t-il précisé, jamais il est demandé que de gens viennent s’agenouiller suite à toutes les injustices dont le continent été victime. Poursuit- il, la justice internationale ne doit pas être une justice à double vitesse, il faut au moins un minimum d’humanisme pour reconnaître ses responsabilités. Par ses propos tenus par Jean Ping, on sent comme une détermination au niveau de l’Union africaine qui veut voir la pendule être remise à l’heure dans les relations entre les anciens maîtres et l’ex colonisé. La remise en cause par le colonel Mouammar El Kadhafi de la création de l’Union de la Méditerranée à l’initiative du président Sarkozy en dit plus.
Pour sa part, Paul K, ancien chef de la mission parlementaire française chargée à l’époque d’enquêter sur ce génocide reconnaît certes quelques erreurs et maladresses qui peuvent être imputées dans une certaine mesure au gouvernement français. Il déplore en outre le silence de la communauté internationale, notamment du gouvernement yankee qui avait à l’époque bloqué toute initiative d’adoption des résolutions au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Rwanda. Poursuit-il, c’est notamment à cause de la pression internationale exercée par legouvernement français de l’époque que le terme génocide avait finalement pu être retenu pour qualifier le drame de Kigali. Mais de là aller jusqu’à accuser le gouvernement français d’avoir été au centre du génocide rwandais de 1994 relève d’une simple affabulation étant donné que la présence des troupes françaises dans le cadre de l’opération internationale turquoise a pu sauver la vie de plusieurs personnes dont un grand nombre a été évacué sur l’ex Zaïre.
Paris joue à l’apaisement et préfère privilégier la piste du rapprochement avec Kigali dont les relations avaient connu un léger réchauffement diplomatique ces derniers mois. Dans l’intérêt des deux peuples, il y a lieu d’encourager les uns et les autres à mettre un peu d’eau, chacun dans son vin, afin de voir ensemble ce qui peut plus rapprocher ces deux capitales qui ont plus à gagner de l’enrichissement de leurs rapports diplomatiques. Il est certes vrai que Paul Kagamé utilise ce rapport sur le génocide comme arme de chantage pour contraindre l’exécutif français a pesé de son poids sur le juge français qui a lancé de mandats d’arrêts internationaux contre de proches collaborateurs de Paul Kagamé dont les ondes de choc non contrôlées risquent d’atteindre l’homme fort de Kigali.
Voilà jusqu’où peut conduire l’immoralité politique quand les hommes au pouvoir s’amusent avec des vies humaines et mettent au devant de la scène des intérêts sordides. Les fameuses relations France Afrique ont causé plus du tort au peuple d’Afrique qu’elles ne leur ont apporté le bonheur. Quasiment tous les dictateurs ont été maintenus en place contre le gré de leurs peuples.
Et désormais entre Paris et Kigali c’est l’usage du bâton et de la carotte, chacun souffle le chaud et le froid au gré de ses intérêts en présence. Que ça soit la responsabilité de l’actuel gouvernement rwandais, que ça soit celle de l’ancienne équipe dirigeante française, tous deux ont du sang humain sur les mains et ont une grande part de responsabilité dans les actes de génocide rwandais de 1994. Comment alors concilier le droit et la politique quant on sait comment Paul Kagamé a accédé au pouvoir à Kigali ? Comment disculper les hauts responsables français quand on connaît ce qu’a été la complicité entre feu Mitterrand et l’ancien homme fort de Kigali dont la mort dans le crash de l’avion a eu à provoquer tout ce génocide ? N’en déplaise aux deux parties, la France et le Rwandaont tous deux des choses à se reprocher.
(JournalChrétien.net - 08-08-2008) Fin de la brève lune de miel entre Paris et Kigali par Jean Paul BWANA , pasteur évangéliste
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire