Les frappes françaises du 4 avril à Abidjan démontrent plus que jamais quelle option a choisi la France dans sa politique étrangère en Afrique. En détruisant aujourd’hui ce qu’il a « aidé » à construire hier sous le règne d’Houphouët Boigny à coup de prêt à taux préférentiels et d’aide liée, le gouvernement français confirme aux yeux du monde son image de force impérialiste en Afrique au service du capital international.
Après avoir poussé la communauté internationale à intervenir contre le régime Khadafi, anciennement ami de Mr Sarkozy et entraîné la Lybie vers une guerre civile déstabilisante pour tout le Maghreb, la France, par cette dernière action plonge toute la nation ivoirienne vers le déchirement et renforce un peu plus le sentiment francophobe dans ce pays autrefois considéré comme un miracle économique du système libéral.
Le miracle ivoirien est bien loin et tout sera à reconstruire au sortir de cette guerre civile dont les plus grands vainqueurs seront les entreprises françaises, qui seront rappelées par leur ami Allassane Ouattara pour la reconstruction du pays. Et ce alors que depuis dix ans, ils ont aidé à le détruire, en finançant chacun des camps en conflit. L’histoire de la Côte d’Ivoire ces dix dernières années a été construite par des acteurs politiques véreux contre un peuple et son développement. Ce peuple meurtri dans son identité est entrain de vivre les moments les plus troubles de son existence après cinquante années « d’indépendance ».
En effet, traumatisée par un coup d’Etat militaire en décembre 1999, elle n’a pu se remettre d’une élection en 2000 qui, de mémoire, était tout aussi calamiteuse. Celle-ci ayant été animée par la rhétorique xénophobe issue d’un concept tant abject que trivial, résumé par le vocable « ivoirité ».
La suite, nous la connaissons : une rébellion qui va éclater le 19 septembre 2002, coupant le pays en deux. Après plusieurs accords politiques, une gestion collégiale du pouvoir intervient entre les deux parties ennemies. Le dernier des accords fut l’accord politique de Ouagadougou (APO), décidant de la tenue d’une élection présidentielle avec un code électoral spécial et de la mise sur pied d’une commission électorale particulière. Présentée comme l’issue finale après dix ans de conflit, dont les conséquences en vies humaines restent incalculables, cette élection voit sombrer définitivement un peuple autrefois envié de toute l’Afrique.
Des milliers de mort-e-s, de disparu-e-s et de réfugié-e-s pour en arriver à un coup de force impérialiste de la France et de l’ONU sans que l’Afrique ait son mot à dire.
En solidarité avec les peuples meurtris par les agressions, les réseaux CADTM Afrique et ATTAC Afrique appellent à une mobilisation des peuples contre les visées impérialistes du capitalisme néolibéral mondialisé en Côte d’ivoire, tout comme en Libye, et contre les interventions militaires françaises répétées en Afrique. Les réseaux ATTAC Afrique et CADTM Afrique exigent de la France le démantèlement de ses bases militaires en Afrique, par le biais desquelles elle continue sa politique néocoloniale sur le continent.
Source : CADTM
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