La nouvelle fait l'effet d'une bombe. Selon le quotidien populaire New York Post, la défense aurait affirmé hier devant la juge que son client, Dominique Strauss-Kahn, président du FMI avait peut-être sauté sur la femme de chambre mais que celle-ci le désirait ! Si ces faits s'avéraient exacts, cela indiquerait un changement radical de la stratégie de la défense qui, hier encore, déclarait que son client n'était plus à l'hôtel au moment de la supposée agression.


Toujours selon le New York Post, la défense ne croit pas que les preuves corroboreront une relation forcée. Le comportement de Strauss-Kahn après qu'il a quitté l'hôtel, notamment le déjeuner au restaurant pris en toute tranquillité avec sa fille qui habite Manhattan, une demi-heure à peine après les faits, ne colle pas avec une agression sexuelle.
Le journal retrace toute l’histoire de la soirée, se basant sur des déclarations venant des procureurs et de sources judiciaires.

Elle pensait que la chambre était vide
DSK est accusé d’avoir agressé la femme de chambre dans l’hôtel Sofitel de Times Square samedi soir, après qu’elle soit entrée dans sa chambre à 3000 dollars la nuit pour la nettoyer, pensant qu’elle était vide. En effet, c’est ce qu’un collègue du service de chambre venait de lui dire. Suivant le protocole de l’hôtel, elle a laissé son chariot dans le couloir, est entrée dans le living room en laissant la porte de la suite entrouverte et s’est annoncée à haute voix pour s’assurer que personne n’était encore présent. N’obtenant aucune réponse, elle est entrée dans la chambre à coucher avec le chariot pour la nettoyer. Elle a expliqué dans sa déposition que DSK était alors entré dans la chambre, nu, en provenant de la salle de bain. Là, elle s’est excusée et a fait demi-tour pour quitter les lieux. Mais arrivée au living room, DSK l’a rattrapée en courant, se postant à côté d’elle. Il lui a alors saisi les seins, a poussé le chariot devant la porte de la suite et a verrouillé la porte.

Forcée à pratiquer une fellation, puis presque violée
Il l’a ensuite trainée dans la chambre à coucher où il l’a tenté de la forcer à lui pratiquer une fellation (« oral sex »). La jeune femme est alors parvenue à s’échapper de la chambre mais il l’a reprise et l’a cette fois emmenée dans la salle de bain, où il l’a obligée à lui pratiquer une fellation. DSK a alors tenté de lui retirer ses bas collants et de la violer, selon les autorités. Elle s’est enfuie à nouveau et a fui la suite pour aller directement rapporter les faits à son supérieur hiérarchique.

Il a appelé Anne Sainclair: "J'ai un sérieux problème"
Sur les images filmées par les caméras de sécurité de l’hôtel, on voit DSK sortir de sa suite à 12h28. « Il semblait pressé », analyse le procureur adjoint Daniel Alonzo. Il est ensuite allé rejoindre sa fille pour diner avec elle. « Il a diné à 12h45, dont ce n’est pas un alibi », explique une source proche de la défense. Durant ce diner, il a passé toute une série de coups de téléphone professionnels, comme d’habitude, selon ses avocats. Après avoir mangé, DSK a sauté dans une voiture de location en direction de l’aéroport JFK, où son vol Air France à destination de Paris décollait à 16h40. En chemin, il a appelé sa femme Anne Sainclair pour lui dire qui avait « un sérieux problème », selon la presse française. Il a également appelé l’hôtel Sofitel, pensant à tort qu’il y avait oublié l’un de ses nombreux GSM.

Sorti de son siège d'avion par la police
Mais entretemps, la police était arrivée à l’hôtel et a demandé au membre du personnel qui l’avait au téléphone de dire à DSK qu’ils avaient effectivement retrouvé son GSM et de lui demander où il était pour pouvoir lui ramener. DSK a alors répondu qu’il arrivait à JFK pour son vol. La police de l’aéroport a alors pris le relais pour finalement tirer DSK de la première classe d’un Airbus 380 à 16h38, soit deux minutes avant le décollage. Les détectives ont expliqué qu’il ne présentait alors ni traces de griffes ni ecchymoses. Mais il avait 300 dollars en cash ainsi que la carte électronique de sa chambre d’hôtel, selon une source du New York Post.

Identifié dans un panel de 5 hommes
DSK a ensuite été emmené dans un commissariat à l’est de Harlem où il a été interrogé des heures durant et où il a passé la nuit. Dimanche, il a été présenté à son accusatrice, comme dans les séries policières. Il était le 3ème d’une rangée de 5 hommes lui ressemblant, placés devant un miroir sans tain. La victime présumée, placée derrière, l’a formellement identifié comme son agresseur. Il a ensuite passé pratiquement toute la journée sur un banc en bois du commissariat pendant que ses avocats se battaient avec le procureur de Manhattan pour obtenir une caution ainsi qu’un prélèvement ADN et un examen médical volontaires. Celui-ci a finalement eu lieu à l’hôpital Kings County de Brooklyn vers 23h dimanche, où il a été obligé de se soumettre à des photographies de son corps nu. Ces photos pourraient être utilisées comme preuves si elles montraient une quelconque trace de griffe ou d’autres marques, comme s’il avait été impliqué dans une bagarre.

Fouille des cavités corporelles intimes
Le « Français à l’air hautain », comme le décrit le journal, a ensuite attendu son interpellation lundi matin assis sur un banc entre un automobiliste en défaut de permis de conduire et deux petits dealers de drogue. Après son audition, il a été fouillé exactement comme tout autre criminel l’aurait été: nu, il a subi une fouille des cavités corporelles intimes. Il a enfin été transféré à Rikers et placé dans une aile bien spécifique de la prison. (> Lire l’article complet sur ses conditions de détention).

Le frère de la plaignante fait son éloge
Dans son quartier du Bronx, les voisins de la plaignante, une Guinéenne qui parle français, la décrivent comme « extrêmement réservée ». « Elle ne sourit qu’à certaines personnes », explique Mark Gangadeen, qui ajoute qu’elle porte le voile islamique. Assetou Kamara confirme qu’elle est une fervente musulmane. Le frère de la plaignante, lui, insiste sur le fait qu’elle est « très fatiguée » et qu’elle « a besoin de repos ». « C’est une femme merveilleuse et travailleuse qui souffre beaucoup », ajoute-t-il, précisant qu’il l’a encouragée à prendre un avocat. Concernant les rumeurs de la presse française à propos d’un possible coup monté par les adversaires politiques de DSK, il est catégorique: « Ce n’est pas juste. Ma sœur est une personne si gentille. Elle est incapable de faire ça. »