RFI — Les avocats de Laurent Gbagbo ont écrit au Conseil de sécurité des Nations unies pour dénoncer le flou juridique qui entoure le sort de leur client. Selon eux, le président déchu, arrêté le 11 avril dernier, est victime d’un enlèvement, d’une séquestration et d’une détention arbitraire avec l’aval de l’Onuci et le soutien actif des soldats de l’opération Licorne. A plusieurs reprises, les nouvelles autorités ont fait savoir qu’elles souhaitent que Laurent Gbagbo soit jugé par la CPI pour les crimes les plus graves et en Côte d’Ivoire pour les crimes considérés comme de moindre importance. Seulement, avant d’envoyer Laurent Gbagbo devant un tribunal ivoirien, le chemin risque d’être encore très long.
Dans l’entourage d’Alassane Ouattara, on le reconnaît sans peine : juger Laurent Gbagbo est un sujet sensible. Cela dit, l’ouverture du procès de l’ex-président n’est pas pour demain. A la différence d’une vingtaine de ses proches, Laurent Gbagbo ne s’est vu signifier aucune inculpation. D’après le procureur de la République, cette situation s’explique par le statut particulier de l’intéressé. « En tant qu’ancien chef d’Etat, il est de facto membre du Conseil constitutionnel. Pour l’inculper, il nous faut donc l’aval de cette institution », précise Simplice Koffi Kouadio.
Pour l’heure, la plus haute juridiction ivoirienne n’a pas encore été saisie mais pour que le processus judiciaire suive son cours il faudra la convaincre de se faire violence encore une fois. Après avoir validé la victoire de Laurent Gbagbo en décembre puis celle d’Alassane Ouattara en mai, Paul Yao Ndré va-t-il une nouvelle fois prendre une décision qui ne manquera pas de susciter la polémique ? La question mérite d’être posée.
Pour Lucie Bourthoumieux, une avocate de l’ex chef d’Etat, aucun des actes du parquet n’a de fondement juridique, seule la Haute cour de justice étant habilitée à traduire un chef d’Etat pour des crimes commis pendant l’exercice de son pouvoir.
Dans ces conditions, la justice ivoirienne pourrait être tentée de ralentir le pas et de laisser in fine la CPI se saisir de cet encombrant dossier.
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