Paul Craig Roberts est un économiste et journaliste paléoconservateur américain, né le 3 avril 1939 à Atlanta Au début des années 1980, il est sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan
Le ministre français de l’économie et des finances, Édouard Balladur, reconnaissant ses compétences, lui décerne la Légion d’honneur en mars 1987 pour son « renouvellement de la science économique et politique après un demi-siècle d’interventionnisme ». Sa participation à la campagne de lutte contre la drogue aux États-Unis est par ailleurs remarquée.
Il a été rédacteur et chroniqueur de divers journaux, notamment The Wall Street Journal et BusinessWeek.
Il s’est montré favorable aux thèses de conspiration interne à propos des attentats du 11 septembre 2001, a marqué son opposition à la guerre en Irak, et a appelé les élus du Congrès à voter la mise en accusation de George W. Bush. Il est également très critique envers la politique américaine vis-à-vis de l’Iran.
Le dirigeant libyen a fait deux erreurs : il bloqua le commandement US africain en ne le rejoignant pas et laissa entrer la Chine en Libye avec d’importants investissements énergétiques à la place, affirme un ancien officiel US.
Press TV interviewa Dr. Paul Craig Roberts, ancien secrétaire assistant du Trésor US de la ville de Panama, qui nous donne son avis sur la révolution en Lybie et les raisons pour lesquelles Obama doit renverser Khadafi alors qu’aucun président US ne l’a fait.
Press TV : la Russie a critiqué le dépassement par l’OTAN du mandat de l’ONU. D’autre part une colonne est en train d’être écrite par Obama, Cameron et Sarkozy qui ont dit que « ce serait une terrible trahison envers le peuple lybien de laisser Khadafi au pouvoir ».
Nous savons que le mandat n’exige pas un changement de régime ; l’administration Obama a dit qu’ils n’étaient pas là pour un changement de régime, mais les choses semblent un peu différentes maintenant, n’est-ce pas ?
Roberts : Oui en effet. Tout d’abord notez que les révoltes en Lybie sont différentes de celles en Egypte, au Yémen, ou au Bahrein ou en Tunisie et la différence est qu’il s’agit d’une rébellion armée.
D’autres différences : les révoltes ont débutées dans l’est, où le pétrole se trouve, pas dans les capitales. Et nous avons entendu dès le départ, des informations crédibles sur l’implication de la CIA dans les révoltes et un nombre important de reportages de presse ont affirmé que la CIA avait fourni des fonds pour aider la rébellion.
A mon avis, ce qui se joue c’est l’élimination de la Chine de la Méditerranée. La Chine a d’importants investissements énergétiques et des constructions en Lybie. Ils cherchent des sources d’énergies pour le futur en Afrique.
Les USA sont en train de contrer cela en organisant le Commandement US en Afrique (USAC) que Khaddafi refusa de rejoindre. C’est la seconde raison pour laquelle les américains veulent sa chute.
Et la troisième raison est que la Lybie contrôle une partie de la côte méditerranéenne et n’est pas dans les mains de l’amérique.
Press TV : Qui sont les révolutionnaires ? Les USA disent qu’ils ne savent pas avec qui ils ont affaire, mais étant donné que la CIA est sur place et en contact avec les révolutionnaires, qui sont ces gens qui dirigeraient la Lybie dans l’après-Khadaffi ?
Roberts : La direction de la Lybie par les révolutionnaires dépend du succès de la CIA. La résolution de l’ONU met des limites à l’action des européens et américains en Lybie. Ils peuvent avoir un « no fly zone », mais ils ne sont pas supposé se battre à côté des rebelles.
Mais bien sûr la CIA le fait. Donc la résolution est violée. Si l’Otan réussit dans le reversement de Khaddafi, la prochaine cible sera la Syrie car elle a déjà été diabolisée.
Pourquoi la Syrie ? Car les Russes ont une large base navale en Syrie qui leur donne une présence en Méditerranée, ce que ne veulent pas les USA et l’OTAN. Donc si le renversement de Khaddafi est une réussite, la Syrie sera la suivante.
Déjà, ils accusent l’Iran pour la Syrie et la Libye. L’Iran est la cible principale car c’est un Etat indépendant qui n’est pas le jouet des occidentaux.
Press TV : Au sujet de l’agenda expansionniste de l’Ouest, quand le mandat de l’ONU était débattu au Conseil de sécurité, la Russie n’a pas mis son véto. Tout de même, elle doit voir cette politique expansionniste des USA, de la France et l’Angleterre.
Roberts : Oui, ils le voient, tout comme la Chine. C’est une bien plus grande menace pour la Chine car elle a 50 projets d’investissements majeurs dans l’est de la Lybie. Donc la question est pourquoi la Russie et la Chine se sont abstenus plutôt que d’avoir utilisé leur véto ? Nous n’avons pas la réponse.
Peut être qu’ils pensent xxx ou peut être qu’ils n’ont pas voulu les confronter avec une position militaire ou diplomatique et avoir une attaque de propagande occidentale contre eux. Nous ne savons pas les raisons, mais nous savons qu’ils se sont abstenus car ils n’adhèrent pas à cette politique et continuent de la critiquer.
Press TV : une part importante des fonds de Khaddafi ont été gelés aux USA et dans d’autres pays. Nous savons également que les révolutionnaires ont créé une banque centrale et qu’ils ont commencé une production limitée de pétrole et font des affaires avec les firmes US et occidentales. Or nous n’avons jamais vu une telle chose arriver au milieu d’une révolution. Ne trouvez-vous pas cela bizarre ?
Roberts : Oui c’est très étrange. Cela nous ramène au fait que la CIA est l’instigateur de cette soi-disant révolte et la contrôle d’une façon à exclure la Chine de ses propres investissements pétroliers.
A mon avis, ce qui se passe est comparable à ce que les USA et l’Angleterre ont fait au Japon dans les années 30. Quand ils ont coupé le Japon du pétrole, du caoutchouc, des minéraux comme le minerai de fer ; c’était l’origine de la seconde guerre mondiale dans le pacifique. Et maintenant les USA et les anglais font la même chose à la Chine.
La différence est que la Chine a des armes nucléaires et a aussi une économie plus solide que les USA. Et donc les américains prennent un très grand risque non seulement avec eux même, mais aussi avec le reste du monde. Le monde entier est maintenant en jeu avec le défi pris par les USA ; l’hybris US, la course vers l’hégémonie mondiale conduit le reste du monde dans une guerre mondiale.
Press TV : Dans le contexte de la politique expansionniste US, jusqu’où les USA dépasseront le mandat de l’ONU ? y aura-t-il des troupes au sol ?
Roberts : Probablement, sauf s’ils trouvent un moyen de défaire Khadaffi sans cela. Depuis toujours, avec Bill Clinton, George W Bush et maintenant Obama, nous avons appris que le droit ne signifie rien pour l’exécutif aux USA. Ils n’obéissent pas à nos propres lois, ni au droit international, ils violent toutes les libertés civiles et ont enterré l’habeas corpus – pas de crime sans intention ; la possibilité pour le défendeur d’être légalement représenté.
Ils ne font aucune attention à la loi et donc il en sera de même pour l’ONU. L’ONU est une marionnette pour les USA et ils l’utilisent comme couverture. Donc oui, il est possible qu’ils mettent des troupes au sol, c’est pourquoi les français et les anglais sont impliqués. Nous utilisons les français ailleurs en Afrique également, nous utilisons les anglais en Afghanistan, ce sont des jouets.
Ces pays ne sont pas indépendants. Sarkozy ne rend pas compte au peuple français mais à Washington. Le premier ministre anglais ne rend pas compte aux anglais mais à Washington. Ce sont les dirigeants fantoches d’un empire, ils n’ont rien à voir avec leur propre peuple et nous les mettons en fonction.
Press TV : Donc ces pays ferait bon accueil à des troupes de l’OTAN sur le sol ?
Roberts : Bien sûr, ils sont dans la poche de la CIA. C’est une opération de la CIA, pas une révolte légitime du peuple libyen. C’est une rébellion armée qui n’a pas d’appui dans les villes capitales. Elle est basée dans l’est où se trouve le pétrole et est destinée à la Chine.
Press TV : Vers quoi la situation se dirige-t-elle ? Il semble y avoir un désaccord entre membre de l’OTAN avec l’Angleterre et la France voulant accroitre les frappes aériennes tandis que les USA disent que ce n’est pas nécessaire.
Roberts : Le désaccord n’est pas réel. Ce la fait partie du plan, de la propagande. Khaddafi a dirigé pendant 40 ans – il remonte à Nasser qui voulait donner l’indépendance à l’Egypte. Il n’a jamais été désigné comme un dictateur brutal devant être renversé. Aucun dirigeant n’a jamais demandé son départ. Même pas Ronald Reagan qui a bombardé son enceinte et tenta de l’éliminer. Mais soudainement, il doit partir. Pourquoi ?
Parce qu’il bloque le commandement US africain, il contrôle une part de la méditerannée et a laissé entrer la Chine pour assouvir ses besoins énergétiques. Nous (les USA) essayons d’estropier notre principal rival, la Chine en la privant d’énergie. C’est ce dont il est réellement question.
Si les USA étaient préoccupés par l’humanitaire, ils ne tueraient pas toutes ces personnes en Afghanistan, en Pakistan avec des drones et des frappes militaires. Presque toujours ce sont des civils qui sont tués. Et les USA sont toujours réticents à donner la moindre excuse. Ils disent qu’ils pensaient tuer des talibans ou d’autres ennemis fabriqués.
Press TV : Qui bénéficiera de tout ceci à part les USA ? Les autres pays qui se soumettent à la volonté US, qu’espèrent-ils gagner ?
Roberts : Nous ne parlons que des membres de l’OTAN, les Etats-marionnettes des USA.L’Angleterre, la France, l’Italie, l’Allemagne, appartiennent tous à l’Empire américain. Nous avons des troupes en Allemagne depuis 1945, nous parlons de 66 ans d’occupation de l’Allemagne. Les américains ont des bases militaires en Italie – comment pourrait-ce être un pays indépendant ? La France était quelque peu indépendante avant que nous mettions Sarkozy au pouvoir. Ainsi ils font tous ce qu’on leur dit.
Les USA veulent dominer la Russie, la Chine, l’Iran, l’Afrique et l’Amérique du sud. Ils veulent l’hégémonie mondiale. C’est cela. Et ils poursuivront ce but à tout prix.
Source : PRESS-TV via l’horreur européenne
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