par La Majorité Présidentielle Gbagbo, samedi 16 juillet 2011, 12:26
Depuis sa prise du pouvoir par les armes, en avril 2011, Ouattara Alassane n’a de cesse de traquer les proches du Président déchu, Laurent Gbagbo. Une ‘’chasse aux sorcières’’ qui se traduit par des tueries, des arrestations, des détentions arbitraires et des exactions de tous genres. Pour bon nombre d’observateurs, tout porte à croire qu’en Côte d’Ivoire, il y a une justice des vainqueurs à double vitesse. Cette traque s’apparente à un véritable ‘’nettoyage’’ que tentent grossièrement de dissimuler le pouvoir en place, sous une couche de verni juridique.
Quels sont, à la lumière des faits, les buts réels, mais surtout inavoués du nouveau locataire du palais présidentiel?
Ce qui se déroule en Côte d’Ivoire n’est pas qu’une simple impression. Ce sont bien des situations tangibles que chaque ivoirien a l’occasion, de constater par lui-même. Alassane Ouattara a entrepris d’asseoir son pouvoir en maintenant ses opposants dans une psychose permanente. Poursuivre tous ceux et celles qui ont été plus ou moins proches du président Laurent Gbagbo, voilà sa nouvelle trouvaille. Sa haine viscérale pour tout ce qui incarne ou représente le président Gbagbo est vérifiable :
Laurent Gbagbo lui-même a été kidnappé et mis en résidence surveillée à Korhogo, au nord de la Côte d’Ivoire.
Son épouse Simone Ehivet, subit le même sort à Odienné, toujours dans le nord, épiée comme une bête de foire.
Quant à son fils Michel Gbagbo, il est dans la prison de Bouna, où il subit humiliations et maltraitance avec ses co-détenus, dont Pascal Affi N’guessan, président en exercice du Front Populaire Ivoirien (FPI, parti politique de Laurent Gbagbo).
Sa mère (Gado Marguerite), est actuellement en exil, se déplaçant d’un pays à l’autre, craignant pour sa vie.
Ses proches collaborateurs, notamment, les membres de son dernier gouvernement, s’ils ne sont pas exilés, ont été pour la plupart déportés dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 juillet dernier, de l’hôtel La Nouvelle Pergola (Abidjan), dans une prison à Boundiali (nord ouest du pays).
Fait remarquable, tous ces lieux de détention que l’on assimile désormais à des camps de concentration, sont situés dans le nord du pays.
Son parti politique le FPI, est fortement affaibli, car privé de la plupart de ses cadres, en fuite, depuis le contrôle du sud du pays par les FRCI (forces républicaines de Côte d’Ivoire) acquis à la cause de Ouattara. Certains caciques du RHDP (famille politique d’Alassane) réclament même la dissolution de ce parti.
Des employés de certaines sociétés d’Etat, de certains ministères et même de la présidence sont purement et simplement virés au motif d’avoir collaboré avec Gbagbo.
Les ex-FDS (forces de défense et de sécurité), restées fidèles au ‘’woudy’’, ne sont pas eux aussi épargnées. Le 30 juin dernier, Ange Kessy, commissaire du gouvernement a inculpé 56 militaires, gendarmes et policiers pro-Gbagbo, de crime de guerre. Selon une source proche de l’opposition, 23 d’entre eux issus de la garde rapprochée de Gbagbo, sont actuellement enfermés dans un containeur à la Compagnie territoriale de Korhogo, dans des conditions inhumaines. D’autres sont en fuite hors du pays. Le cas du commandant Abéhi Jean-Noël, ex patron de l`escadron Blindé d`Agban, introuvable à ce jour, en est une notable illustration.
La FESCI (fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), syndicat d’étudiants et d’élèves réputé pour être proche du régime de Laurent Gbagbo, en a payé amèrement les frais: les cités universitaires ont été vidées et l’administration entièrement mis à sac, par les pilleurs à la solde de Dramane Ouattara.
Sans compter les nombreux massacres des populations civiles à Abidjan et à l’intérieur du pays. De nos jours, porter un tee-shirt à l’effigie du président Gbagbo en Côte d’Ivoire, est considéré comme un acte de défiance au pouvoir d’Alassane.
Ivre de rage, Ouattara prend, en avril dernier, une ordonnance pour annuler tous les décrets, ordonnances et décisions de Gbagbo à partir du 04 décembre 2010.
Cette volonté farouche d’Alassane atteint son comble, lorsqu’il ordonne à ses hommes de détruire tous les monuments de la ville d’Abidjan, construits sous le régime de Gbagbo. Prétexte trouvé: il y aurait des fétiches et des corps humains enterrés sous ces édifices !
Pour les populations d’ici et d’ailleurs qui ont pris fait et cause pour Laurent Gbagbo, tous ces agissements teintés d’animosité, ne sont pas faits pour rassurer et créer la cohésion sociale. Alassane apparait ici comme un revanchard, dénué de tout humanisme, quelqu’un qui ne fait que déverser sa haine sur son adversaire d’hier. Contrairement à Laurent Gbagbo qui était perçu comme quelqu’un d’humain et de généreux, même envers ses adversaires.
Pour mieux appréhender ce qui apparait comme les représailles d’Alassane sur son rival politique, allons au-delà du simple constat des faits.
Une source proche du pouvoir d’Alassane affirme : «Gbagbo est un redoutable adversaire politique… » Et ajoute d’un ton sans appel : «Quand vous avez eu affaire à un adversaire politique chevronné, aussi coriace que Laurent Gbagbo, vous ne racolez pas les morceaux aussi aisément après lui » ; « Avec Gbagbo tout est possible…, et personne ne peut limiter son champ d’action dans ce domaine… C’est un homme extrêmement rusé qui ne vous lâche pas dans un affrontement politique ».
Comme on peut le constater, Laurent Gbagbo fait peur à Ouattara et à ses proches, même en résidence surveillé. Pour Dramane Ouattara, le laisser libre de tous ses mouvements, c’est programmer la mort prématurée de son régime. On comprend dès lors tout cet acharnement à vouloir ‘’casser du Gbagbo’’, en lieu et place d’une politique qui respecte les règles du jeu démocratique.
En 2001, après avoir été écarté de la course à la présidentielle, Alassane déclarait : « Je rendrai ce pays ingouvernable ».
Aujourd’hui, parachuté au pouvoir, qui mieux que lui-même saurait saisir le sens d’une telle phrase ? On le voit, pour Alassane, laisser prospérer une opposition forte, significative et bien organisée, avec pour chef de fil Laurent Gbagbo, c’est réduire au minimum ses chances de réaliser un mandat tranquille.
Une opposition forte, capable de faire le contre-poids avec son corolaire de contestations tels que les marches, les sit-in, les grèves, les boycottes, etc. ne sont souhaitables en aucune manière par Alassane. Serait-Il est incapable de faire face à des remous sociaux internes, sans imposer la loi du silence par la violence, tel un dictateur ? Les évènements de 1992 hantent encore les esprits des ivoiriens.
Du silence complice de la France
Cette stratégie qui consiste à museler ses adversaires politiques, trouve sans doute un écho favorable auprès de ses alliés occidentaux, notamment la France. Le mutisme de celle-ci peut-être perçue comme un soutien à celui qu’elle a contribué à installer au pouvoir. Elle naguère si prompte à élever la voix pour dénoncer les violations des droits de l’homme. Pour les analystes avertis, Paris compte bien régler ses comptes à Laurent Gbagbo. En effet, la France reproche à ce dernier de lui avoir posé d’énormes difficultés durant la durée de son mandat.
Dans un article paru dans l’hebdomadaire français La Lettre du Continent (spécialisé dans les Informations confidentielles sur la vie politique et économique française), on peut lire : « après 10 années d’incertitudes, d’investissements en bernes…, l’heure du business sonne de nouveau en Eburnie ». On peut aussi y consulter les propos d’Aly Coulibaly (ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France), s’adressant aux investisseurs français : « Prenez la part qui vous revient dans le programme d’Alassane Ouattara ». On est donc en droit de croire que toute cette machination ferait partie d’un vaste plan, pensée et mûrit depuis l’Elysée.
Alassane veut briser le moral de ses adversaires, par des intimidations et des opérations de dissuasion, les tenir dans une terreur permanente. Par ces agissements, il veut éteindre toute velléité nationaliste et même panafricaniste qui consiste à tenir tête aux puissances occidentales et à vouloir traiter d’égal à égal avec elles. Peu importe ce qu’en pense le peuple, il espère bien compter sur l’armée française et la présence de l’ONUCI.
Alassane Ouattara n’oserait jamais s’opposer à la France. Selon les dires de son entourage: « nous n’avons pas les moyens, en tant qu’africains d’inverser l’ordre de la domination occidentale ». Autrement dit, les ivoiriens devraient s’abaisser indignement et lécher les bottes du colon français.
Pour continuer à bénéficier de l’aide économique de la France, ‘’La Solution’’ entend donc asseoir son règne dans la terreur.
Cependant, qu’il se garde bien à l’esprit que les faits sont têtus. Des exemples de chefs d’Etat africains, abandonnés par leurs soutiens occidentaux, après qu’ils eurent été pressés comme des citrons, sont légions : Bokassa (Centrafrique), Omar Bongo (Gabon) et plus récemment Hosni Moubarak (Egypte) et Ben Ali (Tunisie), pour ne citer que ceux là, ont été d’une manière ou d’une autre lâchés par la France au moment où ils s’y attendaient le moins.
Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est que le peuple a toujours le dernier mot. Quand ce peuple, traqué jusque dans ses derniers retranchements, dos au mur, n’aura d’autres alternatives que de se soulever pour exprimer son ras-le-bol, la violente vague, jusqu’alors contenue, emportera à coup sûr les détenteurs de ce pouvoir autocratique, illégitime et vendu à la France.
Marc Michaël.
Source : Facebook
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