Déguerpissement des baraques à Cocody |
Victimes du nettoyage de l’espace universitaire de Cocody, les voisins des bidonvilles qui ne savent où aller dorment à la belle étoile. Ils attendent un soutien de l’Etat.
Le constat est triste et amer. Les populations qui ont vu leurs logis rasés vivent dans le dénuement. Hier, la majorité des victimes de l’assainissement du campus de Cocody étaient sur les lieux ne sachant où déposer leurs valises. Certains font la cuisine pendant que d’autres s’affairent à la lessive. Assis sur des briques, sous un soleil de plomb, Bahi Wilfried ne s’est pas remis de la destruction de ‘’Blingué 1’’ le mardi dernier.
Sa désolation est d’autant grande qu’aucun site ne leur a été octroyé. «Ce sont les 23 et 24 juillet que les quartiers Wassa et Chu village ont été détruits. Après plusieurs rencontres avec le préfet d’Abidjan, il était convenu que ‘’Blingué 1 et 2’’ ne soient pas touchés. Il nous avait recommandé de recevoir nos voisins qui ont vu leurs maisons démolies. Deux jours après, à notre grande surprise, les bulldozers et les Caterpillar sont venus casser nos maisons. Et aucun site ne nous a été attribué», se désole Bahi, vice président de la jeunesse de Blingué 1. A l’en croire, une mise en demeure du ministère de la Salubrité ce samedi demande le départ définitif des riverains du site. «Je suis ici depuis 17 ans. Ma maison a été cassée à quatre reprises. J’ai une femme et 4 enfants. La journée du samedi à été difficile pour nous parce que la pluie nous a arrosée et le soleil aussi qui est ardent ces jours-ci ne nous a pas fait de cadeau. Je pars d’ici aujourd’hui (hier, Ndlr) parce qu’on nous a demandé de partir avant la fin de la journée de dimanche. Mais là où je vais présentement, si la même situation se présente, je serai obligé de rentrer au Benin», se lamente Outiclissou Charles. Cet homme part vivre avec sa famille dans une maison inachevée à M’Pouto, après avoir conclu, dit-il, un «contrat de paiement» avec le propriétaire.
Sans eau, ni nourriture
Des menuisiers, des mécaniciens et d’autres ne sachant surtout pas où déposer leur matériel sont dans la panique. «Depuis samedi, mon patron cherche un endroit pour garer les véhicules des particuliers que nous avons à charge. En ce moment, nous sommes en train d’évacuer nos véhicules dans une brousse à M’Pouto. On nous dit que si lundi (Aujourd’hui, Ndlr) nos véhicules sont encore sur les sites qui ont été déguerpis, ils seront broyés», indique Traoré Mamadi, mécanicien à Blingué 1. Il ajoute qu’après la démolition des maisons, les véhicules du garage ont servi de dortoir à plusieurs déguerpis. Pour l’instant, Blingué 2 n’a pas été touché, mais les populations vivent la peur au ventre. «Lorsque nous avons vu les mastodontes détruire Blingué 1, nous avons commencé à enlever nos toitures.
Puis, alertés, les ambassadeurs de la Corée et du Burkina Faso sont arrivés et nous ont promis d’intervenir auprès du gouvernement afin qu’on nous accorde un temps pour nous en
aller. Néanmoins, nous sommes solidaires de nos voisins de Blingué 1», souligne S. Tougma, le responsable de la jeunesse du village.
Dacoury Vincent, Stagiaire
Leg : Sans abris et nourriture, les déguerpis ne savent pas où aller.
Encadré : “Sicobois’’ à 150.000 Fcfa
Tous ont aujourd’hui des Sans domicile fixe(Sdf). Certains dorment dans de vieux véhicules abandonnés. Les plus pugnaces se sont construit des abris de fortunes sur les sites. La plupart des déguerpis de Wassa et Chu Bas-fond se sont retrouvés sur le terrain de sport du campus de Cocody.
Tapsoba Salifou, chauffeur a acquis un dortoir peu ordinaire. « Quand il fait nuit, je dors dans mon taxi à Wassa.
Ma femme et mes deux enfants dorment sur le terrain de l’université où nous avons construit des tentes. Je suis allé à M’Pouto pour avoir une maison, mais on me dit de payer une caution de 150.000 Fcfa pour une maison en bois, alors que je venais de payer 60.000 Fcfa il y a deux semaines à Wassa. Cet argent représentait les deux mois de loyer que nous n’avions pas payé pendant la crise. Si je savais que la maison allait être détruite, je n’allais pas payer», regrette-t-il. Même son de cloche dans la famille Camara qui s’est installée sur le terrain du campus. « Je suis en Côte d’Ivoire depuis 1982. J’ai 6 enfants et deux femmes. Nous vivons dehors présentement. Mes activités sur le campus ont été suspendues depuis sa fermeture. J’avais des kiosques et des box de photocopieuse. Aujourd’hui le responsable des activités extra-scolaires est venu me dire de partir d’ici avant lundi. Comment dois-je nourrir cette famille et où aller ? Les maisons Sicobois (maison en bois, Ndlr) sont très couteuses. On nous parle de 125.000 Fcfa pour une maison à M’Pouto »se lamente ce chef de famille. Et comme tous ses voisins, il implore la clémence de l’Etat pour leur trouver un site.
D.V
Source : http://abidjandirect.net
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