La représentation du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Togo vient de couper l’aide financière ponctuelle aux réfugiés ivoiriens. Ils sont désormais seuls face à leur destin.
Pas facile pour les quelque 7.000 réfugiés ivoiriens vivant au Togo suite aux exactions commises par les forces pro-Ouattara en Côte d’Ivoire, depuis le 11 avril dernier, date du renversement du Président Gbagbo par l’armée française. La représentation du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a suspendu, le 11 juillet dernier, les aides ponctuelles que sa structure apportait aux réfugiés Ivoiriens par le biais de l’Association togolaise du bien-être familial (ATBEF). Il s’agit notamment des appuis financiers qui dépassaient rarement 20.000 FCFA pour les couples et 10.000 FCFA pour les personnes célibataires avec ou sans enfants à charge. L’aide au logement dont bénéficiaient seulement certains réfugiés privilégiés a été également suspendue. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés explique ces décisions de suspension des appuis financiers ponctuels accordés aux réfugiés ivoiriens par l’insuffisance de ressources mises à sa disposition. Toutefois, les réfugiés jugés « extrêmement vulnérables » qui seront identifiés conjointement par ses services sociaux, l’UNHCR, l’ATBEF et la Coordination nationale d’assistance aux réfugiés (CNAR), pourront encore prétendre à ces appuis financiers ponctuels. Indique un communiqué de l’organisme onusien.
Les réfugiés urbains en danger
Il faut le dire tout net, cette décision qui intervient quelques jours seulement après le passage à Lomé de Ehui Koutouan Bernard, nouvel ambassadeur de Ouattara au Ghana, met les réfugiés ivoiriens dans une situation d’extrême précarité. Elle porte surtout un coup dur aux réfugiés dits urbains pour lesquels l’UNHCR ne semble ne pas avoir trop d’égard. Alors que leurs compatriotes logés sur le site d’Avepozo (Lomé-route du Bénin) reçoivent de temps à temps quelque 15 kilos de riz par personne, les réfugiés vivant en ville sont contraints à la disette. Jusqu’au mois de juin dernier, et pour plus de 4 mois de présence sur le territoire togolais pour la majorité d’entre eux, ils n’avaient obtenu en tout que de 10 kilogrammes de riz comme vivres par personne pour l’ensemble des deux distributions de vivres qui ont été faites.
Mais là encore, plus les familles sont plus nombreuses, plus la quantité offerte des vivres est réduite. Une famille de réfugiés urbains forte de 7 personnes raconte qu’elle n’a eu droit qu’à 25 kilos de riz à chaque distribution de vivres. Contrairement à une famille de même taille vivant sur le site d’Avepozo qui en reçoit 75 kilos. Pourtant, tous les réfugiés ont été enregistrés dans les mêmes conditions et reconnus comme tels par l’UNHCR conformément à la Convention des Nations unies de 1951, au Protocole de 1967 et à la Convention de l’OUA de 1969 relatifs au statut de réfugié qui leur donnent des droits égaux. Le crime des réfugiés ivoiriens dits réfugiés urbains, c’est de n’avoir pas pu trouver une tente sur le site d’Avepozo qui, en réalité, ne peut accueillir plus de 1.000 réfugiés en même temps.
Selon la CNAR, la population des réfugiés ivoiriens au Togo qui n’arrête pas de croître. Elle est actuellement estimée à un peu plus de 7.000 personnes. Des responsables de l’UNHCR ont aussi confié qu’il s’agit là d’un chiffre qui dépasse de loin toutes leurs prévisions. Ils sont d’ailleurs conscients que leurs décisions à l’égard des réfugiés ivoiriens au Togo peuvent être lourdes de conséquences pour les couches les plus fragiles. Certains jeunes réfugiés ivoiriens s’adonnent déjà à des pratiques peu recommandables face au marché local de l’emploi extrêmement difficile du pays. Ils escroquent d’honnêtes personnes, ils font du faux et ils usent de faux pour survivre. Ils sont chaque jour interpellés par la police quand ils sont pris en train de commettre des forfaits.
D’autres jeunes personnes se livrent à la prostitution. Notamment les jeunes filles qui n’hésitent plus à arpenter, la nuit tombante, certaines artères de Lomé, capitale du Togo, en quête de « proies faciles ». Elles prennent aussi d’assaut les boîtes de nuit les plus huppées à la recherche d’un éventuel « sauveur ». « L’argent n’a pas de couleur. Et puis il faut bien vivre », se justifie une jeune ivoirienne rencontrée lors de notre enquête à Dékon.
De plus en plus, des incompréhensions naissent parmi les réfugiés ivoiriens. Car devant la rareté des vivres, certains réfugiés soupçonnant d’autres réfugiés de détourner à leur profit tel ou tel bien mis à leur disposition. Quand d’autres encore s’accusent mutuellement de rouler pour tel ou tel parti politique en Côte d’Ivoire. La suspicion gagne chaque jour les tentes à Avépozo. Sans risque de se tromper, on n’est pas loin d’une guerre de tranchée entre des bandes rivales. Pour faire baisser la tension devenue trop vive, plusieurs réfugiés ivoiriens ont été interpellés, il y a quelques semaines, par la gendarmerie nationale togolaise suite à des bagarres rangées sur le site d’Avepozo et gardés à vue.
Il faut le dire tout net, cette décision qui intervient quelques jours seulement après le passage à Lomé de Ehui Koutouan Bernard, nouvel ambassadeur de Ouattara au Ghana, met les réfugiés ivoiriens dans une situation d’extrême précarité. Elle porte surtout un coup dur aux réfugiés dits urbains pour lesquels l’UNHCR ne semble ne pas avoir trop d’égard. Alors que leurs compatriotes logés sur le site d’Avepozo (Lomé-route du Bénin) reçoivent de temps à temps quelque 15 kilos de riz par personne, les réfugiés vivant en ville sont contraints à la disette. Jusqu’au mois de juin dernier, et pour plus de 4 mois de présence sur le territoire togolais pour la majorité d’entre eux, ils n’avaient obtenu en tout que de 10 kilogrammes de riz comme vivres par personne pour l’ensemble des deux distributions de vivres qui ont été faites.
Mais là encore, plus les familles sont plus nombreuses, plus la quantité offerte des vivres est réduite. Une famille de réfugiés urbains forte de 7 personnes raconte qu’elle n’a eu droit qu’à 25 kilos de riz à chaque distribution de vivres. Contrairement à une famille de même taille vivant sur le site d’Avepozo qui en reçoit 75 kilos. Pourtant, tous les réfugiés ont été enregistrés dans les mêmes conditions et reconnus comme tels par l’UNHCR conformément à la Convention des Nations unies de 1951, au Protocole de 1967 et à la Convention de l’OUA de 1969 relatifs au statut de réfugié qui leur donnent des droits égaux. Le crime des réfugiés ivoiriens dits réfugiés urbains, c’est de n’avoir pas pu trouver une tente sur le site d’Avepozo qui, en réalité, ne peut accueillir plus de 1.000 réfugiés en même temps.
Selon la CNAR, la population des réfugiés ivoiriens au Togo qui n’arrête pas de croître. Elle est actuellement estimée à un peu plus de 7.000 personnes. Des responsables de l’UNHCR ont aussi confié qu’il s’agit là d’un chiffre qui dépasse de loin toutes leurs prévisions. Ils sont d’ailleurs conscients que leurs décisions à l’égard des réfugiés ivoiriens au Togo peuvent être lourdes de conséquences pour les couches les plus fragiles. Certains jeunes réfugiés ivoiriens s’adonnent déjà à des pratiques peu recommandables face au marché local de l’emploi extrêmement difficile du pays. Ils escroquent d’honnêtes personnes, ils font du faux et ils usent de faux pour survivre. Ils sont chaque jour interpellés par la police quand ils sont pris en train de commettre des forfaits.
D’autres jeunes personnes se livrent à la prostitution. Notamment les jeunes filles qui n’hésitent plus à arpenter, la nuit tombante, certaines artères de Lomé, capitale du Togo, en quête de « proies faciles ». Elles prennent aussi d’assaut les boîtes de nuit les plus huppées à la recherche d’un éventuel « sauveur ». « L’argent n’a pas de couleur. Et puis il faut bien vivre », se justifie une jeune ivoirienne rencontrée lors de notre enquête à Dékon.
De plus en plus, des incompréhensions naissent parmi les réfugiés ivoiriens. Car devant la rareté des vivres, certains réfugiés soupçonnant d’autres réfugiés de détourner à leur profit tel ou tel bien mis à leur disposition. Quand d’autres encore s’accusent mutuellement de rouler pour tel ou tel parti politique en Côte d’Ivoire. La suspicion gagne chaque jour les tentes à Avépozo. Sans risque de se tromper, on n’est pas loin d’une guerre de tranchée entre des bandes rivales. Pour faire baisser la tension devenue trop vive, plusieurs réfugiés ivoiriens ont été interpellés, il y a quelques semaines, par la gendarmerie nationale togolaise suite à des bagarres rangées sur le site d’Avepozo et gardés à vue.
Pour nombre d’observateurs, tout se passe comme si une main invisible cherchait à faire en sorte que l’attitude des réfugiés ivoiriens exaspère les autorités togolaises. L’objectif étant qu’il soit mis fin à leur asile comme le souhaiteraient d’ailleurs les nouvelles autorités d’Abidjan. De nombreux réfugiés ivoiriens installés à Lomé soupçonnent les nouvelles autorités ivoiriennes de manipuler les responsables locaux du Haut commissariat des Nations unies. « Comment vous comprenez qu’après le passage de M. Ehui Bernard ici, tout se gâte pour nous ? On ne nous donne plus à manger depuis bientôt deux mois. Maintenant, on nous supprime le petit pécule qu’on recevait. Le HCR obéit aux ordres d’Abidjan. Ça, c’est sûr », grogne un réfugié ivoirien que nous avons rencontré à la clinique de l’ATBEF au quartier Tonkoin-Gbonvié.
Les traits tirés, l’homme n’arrive pas à contenir sa colère à la lecture du communiqué qui suspend l’aide financière qu’il était venue solliciter comme d’autres réfugiés pour satisfaire à ses besoins. « J’ai l’impression que le HCR qui ne sait pas trop comment s’y prendre, a décidé de nous affamer pour qu’on réagisse violement et bruyamment afin qu’on expulse de ce pays », renchérit un autre. « C’est Houphouët-Boigny qui l’a dit : un homme qui a faim n’est pas un homme libre. Mais si c’est une façon pour le pouvoir ivoirien ne nous avoir à l’usure, il peut attendre longtemps », ajoute un réfugié qui essaie de calmer ses compatriotes. Pour lui, c’est pour faire la volonté des autorités ivoiriennes que l’UNHCR agit ainsi. Pour lui, c’est ce qui explique que les habitants du site n’ont plus de pécule de la part de l’organisme des Nations unies depuis plus de trois mois. Et c’est ce qui explique aussi que l’UNHCR met aujourd’hui tous les Ivoiriens réfugiés au Togo dans une situation de précarité extrême. Ce sentiment est d’ailleurs partagé par la majorité des réfugiés qui appellent leurs compatriotes à la vigilance pour ne pas commettre la faute qu’on attend d’eux.
Pour l’instant, aussi bien au siège de l’UNHCR qu’à la CNAR à Lomé, personne ne sait avec certitude quand les Ivoiriens réfugiés au Togo auront encore de la nourriture après celle distribuée en juin dernier.
Enquête réalisée par Koukougnon Zabril envoyé spécial
Par thruthway
Les traits tirés, l’homme n’arrive pas à contenir sa colère à la lecture du communiqué qui suspend l’aide financière qu’il était venue solliciter comme d’autres réfugiés pour satisfaire à ses besoins. « J’ai l’impression que le HCR qui ne sait pas trop comment s’y prendre, a décidé de nous affamer pour qu’on réagisse violement et bruyamment afin qu’on expulse de ce pays », renchérit un autre. « C’est Houphouët-Boigny qui l’a dit : un homme qui a faim n’est pas un homme libre. Mais si c’est une façon pour le pouvoir ivoirien ne nous avoir à l’usure, il peut attendre longtemps », ajoute un réfugié qui essaie de calmer ses compatriotes. Pour lui, c’est pour faire la volonté des autorités ivoiriennes que l’UNHCR agit ainsi. Pour lui, c’est ce qui explique que les habitants du site n’ont plus de pécule de la part de l’organisme des Nations unies depuis plus de trois mois. Et c’est ce qui explique aussi que l’UNHCR met aujourd’hui tous les Ivoiriens réfugiés au Togo dans une situation de précarité extrême. Ce sentiment est d’ailleurs partagé par la majorité des réfugiés qui appellent leurs compatriotes à la vigilance pour ne pas commettre la faute qu’on attend d’eux.
Pour l’instant, aussi bien au siège de l’UNHCR qu’à la CNAR à Lomé, personne ne sait avec certitude quand les Ivoiriens réfugiés au Togo auront encore de la nourriture après celle distribuée en juin dernier.
Enquête réalisée par Koukougnon Zabril envoyé spécial
Par thruthway
Source : cotedivoire-lavraie
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