lundi 22 août 2011

Un Ex-FDS parle: Certains de nos chefs, lâches et égoïstes jusqu'au bout, mais...

Plusieurs mois après le renversement de Laurent Gbagbo par les forces françaises Licorne et sa remise aux milices des Forces Armées de Forces Nouvelles (rébellion) (FAFN) de Côte d'Ivoire entre temps rebaptisées Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) suite à la crise post électorale née du refus d'Alassane Dramane Ouattara d'accepter sa défaite prononcée par le Conseil Constitutionnel de Côte d'Ivoire, notre rédaction a pu tirer un soldat de l'ex-armée ivoirienne de son silence. Il nous parle sous le couvert de l'anonymat en rompant l'omerta. Ce soldat qui a été aux fronts aux heures chaudes des combats nous parle à cœur ouvert.
Un FDS gardant le stade FHB, Abidjan

Eburnia Plus (EP): Bonjour monsieur,
Soldat (S): Bonjour mon frère,


EP: comment vous sentez-vous?
S: Bien, on fait avec.


EP: comment vivez vous la cohabitation avec vos nouveaux collègues?
S: On vit.


EP: oui, vous vivez mais comment?
S: Ma réponse est pourtant claire.


EP: mais est-ce que leur inexpérience ne vous cause pas des soucis et n'exposent pas vos vies?
S: Bon, eux mêmes sont quelques fois mal à l'aise de ne pas savoir comment faire ou rédiger tel ou tel chose, mais enfin, ça on gère.


EP: pouvez vous revenir sur les évènements qui ont précédé la chute du Président Laurent Gbagbo?
S: Que voulez vous savoir exactement?


EP: Votre hiérarchie, la cohésion en votre sein, la prise des décisions et leur exécution?

S: Tous les ivoiriens sont témoins des dysfonctionnements qu'il y avait en notre sein. Mais le pire de l'histoire, c'est que des traîtres avaient aidé les rebelles à pirater notre radio. Donc on était fragilisé d'avance. Mais c'est fait et aujourd'hui les données ont changé et on paie ensemble.


EP: Quand vous dites, on paie ensemble, qu'est-ce-que ça veut dire plus précisément?
S: Certains de nos chefs ont été lâches et égoïstes jusqu'au bout. L'exemple le plus éloquent est la négociation du maintien de nos primes alimentaires, connues sous le nom de "Haut les Coeurs". Ce sont certains de nos boss qui géraient ce dossier au temps de LG. Ils coordonnaient la distribution de ces primes en y prélevant des montants souvent intéressants pour eux-mêmes. Et puisque maintenant, demander aux nouveaux dirigeants du pays de maintenir la prime ne leur profiterait pas, ils ont tout simplement encouragé et accompagné sa suppression. Mais aujourd'hui, ils en souffrent tout comme nous. En plus, il n'y a plus de CR (compte rendu de racket suivi du versement de la côte part du chef). En réalité plusieurs de nos chefs ne vivaient pas de leur salaire, c'est avec les CR et autres deals qu'ils géraient leur quotidien. Pour d'autres, leurs salaires étaient des gages pour les banques pour avoir des gros emprunts afin de construire et faire d'autres business. Or actuellement, ils n'ont plus tous ces avantages, et en plus, ils doivent rembourser les emprunts. Donc, mon frère, on paie ensemble.


EP: mais dans ce cas, le paiement main-à-main, résout le problème des prélèvements bancaires.
S: Qui t'a dit que c'est résolu?


EP: Je vous le demande.
S: Mon ami, rien n'est résolu. A tout le moins, l'échéance a été différée. Pis, on vient de nous informer que le paiement main-à-main prenait fin à la fin du mois de juillet. Donc, tu comprends que les autorités sont en train de prendre les dispositions pour que nos soldes soient versées à nos banques ce mois-ci, si ce n'est déjà fait. Finalement, c'est la même situation que celle du paiement des 2 mois de salaire, qui n'a été profitable à personne, puisque les banques ont abusivement fait des prélèvements. Et cette fois-ci, les banques vont prélever 4 mois d'arriérés dans le salaire d'un mois. Rien que d'y penser, j'ai pitié de moi-même.


EP: Au regard de ce que vous dépeignez si douloureusement, quel est le sentiment général au sein de la grande muette?
S: Quelle muette?, Si elle l'était encore, je ne serai pas entrain de vous parlez maintenant. Franchement, ça grogne et on espère que les nouvelles autorités vont ajouter de l'humanité à leur rigueur ou injustice, enfin je ne sais plus trop.


EP: Quels sont vos contacts avec vos amis en exil?
S: Aucun


EP: Des nouvelles du colonel Abéhi?
S: Aucun, mais je ne crois pas qu'il rentre maintenant, à moins d'un changement brusque au sommet de l'état. De toutes les façons, je n'ai aucune information, donc pas besoin d'en dire plus.


EP: Toujours concernant le colonel Abéhi, on nous a laissé entendre qu'il est très versé dans les saintes écritures (la Bible), qu'en est-il?
S: Vrai, je ne sais pas si parmi nous, il y a quelqu'un qui a la foi de cet homme. Chaque pendant les heures chaudes à abidjan, l'homme utilisait la radio du camp agban, bien que piratée, pour faire des heures de prédications et d'exhortations, avant de donner ses consignes. Il disait que c'est l'Eternel des Armées qui gardait Agban, la preuve, Agban n'est pas tombé. Et les gens d'en face en savent quelques choses.


EP: votre mot de fin à ses milliers d'internautes qui vont sûrement vous lire.
S: Je voudrais vous dire merci, de m'avoir permis de me libérer un peu. Et aux ivoiriens et les amis de notre pays, ce qui se passe dans notre pays est dramatique, mais malgré les apparences de notre fin ça peut changer.


EP: merci de vous êtes prêté à nos question
S: C'est moi.

Publié par Le BLOG de WOHI/Eburnia Plus

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