Alassane Ouattara dit Alassane l'Américain.
Le 28 septembre 2011 | IVOIREBUSINESS – Tel des chiens de garde, ils sont censés aboyer pour défendre leur maître.
Il faut pour ça qu’ils puissent lire dans les pensées de ce dernier. Cela leur permet d’être dotés d’une capacité d’anticipation hors norme.
Hamed Bakayoko, ministre de l’intérieur, et Youssouf Bakayoko, président de la Commission électorale indépendante, sont deux chiens de garde d’Alassane l’américain.
Ils lisent et boivent les pensées de leur maître jusqu’à la lie.
Mais il arrive parfois que ce dernier les dribble, à la manière de Garincha. Et tant pis s’ils sont couverts de boue et d’opprobre. Ils doivent se débrouiller pour rattraper le wagon.
C’est ce qui est arrivé dimanche dernier à l’aéroport d’Abidjan lorsqu’Alassane l’américain est revenu d’Amérique avec des mallettes pleines de clous. Normal, Christine Lagarde du Fmi et Robert Zoellick de la Banque mondiale lui ont refusé les 13000 milliards de Fcfa qu’il est allé leur demander pour commencer à travailler.
Victime collatérale, le journal ouattariste Le Patriote, qui avait titré à sa Une qu’ADO reviendrait au pays avec une pluie de milliards. Eux aussi ont dû se débrouiller comme ils pouvaient pour rattraper le tir.
Dimanche dernier donc, Alassane a ramené sur terre ses proches collaborateurs, les responsables de la Cei, les dirigeants du Rhdp , les Forces nouvelles, les militants et sympathisants, et tous les va-t-en guerre de son camp en tranchant net :« Je vais rencontrer la direction du Front populaire ivoirien pour lui dire que ce serait une erreur (…) Nos frères et sœurs du Fpi doivent comprendre qu’ils ne doivent pas commettre la même erreur que le Rdr en 2000. Il faut absolument participer à ces élections législatives. J’attends de les voir pour en savoir davantage ».
Inutile de dire qu’Alassane, coincé, veut négocier avec le FPI, dont il n’avait absolument pas besoin il n’y a pas si longtemps.
Et pour mieux faire passer ses larmes de crocodile, il leur rappelle l’erreur (soudainement reconnue) qu’il a commise en 2000, lorsque le RDR refusa de participer aux législatives.
Mais Miaka a encore décliné l’offre lui rappelant que les deux cas étaient totalement différents.
La rencontre entre frontistes et Alassane aura quand même lieu. On aurait pas parié un seul sou d’une telle rencontre il y a juste quelques jours.
Que les temps sont changeants. Les bailleurs de fonds et leurs conditionnalités sont passés par là.
Désaveu surtout immédiat pour les deux Bakayoko qui voulaient être plus royalistes que le Roi.
Youssouf Bakayoko s’était même permis de fixer les législatives au 16 décembre prochain, et de déclarer que le processus est irréversible. Il prend une douche froide et publique.
Alassane lui-même a pris la sienne à la 66ème session de l`Assemblée générale des Nations unies dont le thème était : ``Le rôle de la médiation dans le règlement des conflits par la voie pacifique``.
Ses yeux ont été ouverts sur ce qu’il reste à faire pour le retour de la paix en Côte D’ivoire, à savoir tendre la main à ses opposants significatifs.
Quant à Hamed Bakayoko, HamBak pour les intimes, Alassane lui a lancé un avertissement : Il doit désormais s’occuper à ramener la sécurité en Côte d’Ivoire au lieu de chaque fois clouer le FPI au pilori.
HamBak affirmait en boucle « Que le Fpi arrête le chantage, qu’il ne nous demande pas l’impossible ». à propos de la composition de la Cei, de la libération de Gbagbo et des cadres Lmp, et concernant la sécurité sur toute l’étendue du territoire national.
Ce revirement de situation d’Alassane l’américain, comme on l'a dit, est tout simplement dû au fait qu’il a subi aux Etats unis, les pressions des bailleurs de fonds qui ont refusé de lui donner le blé car son pays, la Côte d'Ivoire, était encore une poudrière identitaire et une garnison à ciel ouvert truffée d'armes de tous calibres.
Alassane a-t-il enfin découvert la realpolitik et ses contraintes? Wait and see comme disent les américains.
Mireille (Mimi) Kouamé
Source : .ivoirebusiness
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