Une ONG britannique, Platform, vient de publier un rapport accablant sur les agissements de Shell dans la région pétrolière du delta du Niger. Le géant pétrolier aurait financé pendant plusieurs années des groupes militaires entretenant un climat de terreur où les exécutions arbitraires et la torture étaient monnaie courante, indique le rapport.
L’ONG s’est basée sur des documents, des contrats et des témoignages. L’année dernière par exemple, Shell a financé à hauteur de 159 000 dollars une milice reconnue pour être une des plus violentes de la région. Témoignage d’un milicien repenti : “On nous a donné de l’argent pour acheter des munitions, des balles, et tout ce qui pouvait alimenter la guerre“.
Guerre des gangs
En 2006, une milice a dynamité des pipelines de Shell et laissé les rues de Rumuekpe, passage obligé des pétroliers tenu par un groupe armé concurrent, jonchées de cadavre. Exploit immédiatement salué par le pétrolier qui lui a dans la foulée signé de juteux contrats de surveillance… Entre 2005 et 2008, une soixantaine de personnes auraient été tuées, un village rasé de la carte, et des milliers d’habitants ont été contraints de fuir les combats. Les villageois déplacés étaient pourchassés jusqu’à la capitale régionale, Port Harcourt, et tués dans leurs maisons, leurs écoles et leurs lieux de travail.
Un ancien cadre de Shell confirme
Les allégations des membres de gangs ont été largement corroborées par le témoignage d’un ancien responsable de Shell, affirme Platform. Des milliers de dollars coulaient à destination des bandes armées, tous les mois. Selon Platform, “Shell était certainement conscient qu’il alimentait les conflits, puisque ses émissaires rendaient régulièrement visite aux membres de la communauté [...] les médias locaux rapportaient publiquement les violences“. D’autant que “les membres de la communauté [ayant] écrit à Shell pour informer l’entreprise et lui demander d’arrêter l’attribution des marchés aux chefs de gangs“, “la société est devenue complice dans le cycle de la violence”. Et d’ajouter : “la crise était totalement évitable à Rumuekpe“.
Rumuekpe n’est qu’un exemple parmi d’autres. Plusieurs autres cas de financement de groupes violents ont été rapportés par l’ONG. Depuis la fin des années 1990, des milliers de protestataires pacifistes (critiquant les rejets massifs de pétrole dans l’environnement) auraient été tués au Nigéria. Matthieu Chizi, un leader de la jeunesse locale, a déclaré: “Shell ne s’est jamais souciée des gens qui mouraient. Elle n’a jamais rien fait pour régler le problème mais a payé des forces militaires pour intimider la communauté“. Shell conteste en bloc.
Source: lesmotsontunsens
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