mardi 7 février 2012

Pour solde de tout compte…


Getty Images

Les propos tenus par le premier ministre français François Fillon, et approuvés par Martine Aubry sur le plateau de l’émission «Des paroles et des actes», le vendredi 2 février 2012, nous les interprétons comme un solde de tout compte, entre nous français d’origine africaine et les deux partis se partageant le pouvoir à tour de rôle en France.
Incidemment, les échéances électorales majeures se profilant à l’horizon, apparaissent comme étant une étape décisive dans notre affirmation sur le plan politique.
Il est temps pour nous de montrer à cette clique de politiciens inconséquents, lâches et hypocrites que nous ne boirons plus jamais l’eau croupie qui leur tient lieu de discours politique.

Responsables et conscients…

Foin de discrimination positive ou d’ouverture factice aux enfants issus des ex-colonies françaises, du chef du Parti Socialiste et de l’UMP !

Lorsque le discours affiché est en contradiction évidente avec les actes posés, le citoyen conscient doit prendre ses responsabilités.

Conscients, nous sommes de plus en plus nombreux à l’être.

Responsables, nous avons tiré les enseignements des derniers agissements du gouvernement en matière de politique internationale, au sujet de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier.

Responsables, nous tirerons les enseignements des déclarations de chacun, sur ces enjeux revêtant une importance particulière à nos yeux.

Il est désormais hors de question de déterminer notre vote en basant notre jugement uniquement sur des problématiques internes.

Notre voix doit être entendue des décideurs politiques en charge des formations politiques de notre pays.

Le mépris, le dédain affichés face à nos revendications, nous nous devons de les combattre au moyen de toutes les armes mises à notre disposition, et notamment avec la plus puissante d’entre elle : le bulletin de vote.

La réponse à la cécité et la surdité de ceux qui nous gouvernent se doit d’être cinglante.

La réponse à la cécité et la surdité de ceux qui sollicitent nos suffrages se doit d’être mémorable.

Révisionnisme d’état…

Alors que la France s’est posée récemment en défenseure universelle de la vérité historique, ne craignant pas d’humilier le peuple turc à travers la discussion et le vote d’une loi mémorielle, le premier ministre François Fillon s’est livré vendredi à un exercice qu’il affectionne particulièrement et dont il est coutumier : le révisionnisme historique.

Le cynisme, dont il a fait preuve, est un affront pour lequel réparation sera demandée et obtenue.

Répondant à une question de Martine Aubry, il s’est livré à une apologie répugnante et inacceptable du discours de Dakar, prononcé jadis par Nicolas Sarkozy.

Pour lui « Le discours de Dakar a été un très beau texte qui a été manipulé ». Poursuivant sur sa lancée il affirme: «Qu’est-ce qu’on voit en Afrique ? Que la France a tenu un discours de vérité et a défendu la démocratie en Côte d’Ivoire. On a reçu, il y a quelques jours, le président élu de la Côte d’Ivoire. S’il n’y avait pas eu la volonté du président de la république française […] C’est la démonstration que le président de la république s’est battu pour la démocratie».

La réaction de Martine Aubry, fidèle à la ligne pro-Ouattara adoptée par le PS, est sans ambiguïté, elle reconnait que le PS s’est reconnu sans cette action, « Nous l’avons salué » affirme-t-elle.

François Fillon n’en est pas à son coup d’essai, le 21 mai 2009 en voyage officiel au Cameroun, et en réponse à la question d’une journaliste camerounaise il déclare : « Je dénie absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun. Tout cela est de la pure invention ».

A l’image d’un Faurisson, le premier ministre français use du révisionnisme historique.

Il est inconcevable qu’un homme de cette culture soit ignorant des eaux sombres dans lesquelles, la France et ses séides autochtones plongèrent le Cameroun, au lendemain de l’indépendance.

C’est à l’aune de ce révisionnisme qu’il apprécie la portée du discours de Dakar.

C’est le même révisionnisme qui le pousse à mentir au peuple français lorsqu’il présente l’intervention coloniale, ayant eu lieu à la suite du contentieux électoral de 2010, comme un coup de pouce à la démocratie ivoirienne.

Ces affabulations, l’histoire les jugera sans coup férir, mais il nous revient de sanctionner la politique menée par le gouvernement Sarkozy, lors du scrutin présidentiel d’Avril 2012 et de celui des élections législatives, organisées dans la foulée.

M. Fillon et ses amis n’ont pas pris conscience du niveau de rejet qui est le leur dans la communauté.

Ils n’ont pas pris conscience que le temps de la résignation est dépassé.

La colère née de cette vision méprisante et paternaliste de l’Afrique et des citoyens français qui en sont originaires trouvera sa traduction dans les urnes.

La gauche «mal à droite»…

Cette colère visera également le PS qui, à travers son positionnement sur le dossier ivoirien, réaffirmé par Martine Aubry lors de la même émission, a étalé la convergence de vues qui le liait à la droite dite républicaine, lorsqu’il s’agissait des relations entre la France et l’Afrique.

A Mme Aubry, qui n’a pas daigné répondre à nos interpellations concernant, notamment, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur l’intervention de la Force Licorne(1) et la situation préoccupante de Michel Gbagbo(2), un de nos concitoyen injustement détenu par la clique de criminels au pouvoir en Côte d’Ivoire, nous disons ceci : l’élection présidentielle est pour demain, soyez sure de compter sur notre engagement lors de la campagne.

De toutes nos forces nous lutterons pour faire passer ce message simple et compréhensible par tous : Pas une voix pour François Hollande !

Vous avez par vos propos et votre soutien à la politique néocoloniale de Nicolas Sarkozy, matérialisé le gouffre idéologique qui nous sépare. 

Vous avez en sus, fait preuve de légèreté en détournant le regard et en ignorant les interpellations de vos concitoyens au sujet de l’inacceptable action du gouvernement français à Abidjan.

Vous avez laissé les parlementaires communistes, ferrailler seuls contre le gouvernement, avant, pendant et après le coup d’état ayant permis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara.

Vous avez exposé la véritable position du PS en matière de politique africaine, qui de l’époque de Jean-Christophe « Papa m’a dit » Mitterrand au méprisable soutien des politiques de Sarkozy-Lyautey, est la poursuite du système gaullien françafricain.

Mais aujourd’hui, vos supercheries sont éventées, une génération ne perdant pas de vue les agissements des gouvernements successifs et les positionnements des acteurs politiques français en direction de l’Afrique se rendra aux urnes ce printemps.

Il est fort à parier qu’elle fasse entendre sa voix en la refusant à votre formation.

Nous le répétons, nous consacrerons toutes nos forces et tous nos moyens pour que votre candidat récolte le moins de voix possible émanant de ceux qui partagent notre attachement à l’Afrique.

La cohérence dans nos choix politiques est notre maitre mot, l’alternative à votre entente frauduleuse avec l’UMP notre credo.

Alternative et cohérence…

Pour faire bonne mesure, nous soulignons l’intervention ce matin, 6 Février 2012, de Jean-Luc Mélenchon, dans le cadre de l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur les antennes de la radio RMC.

Ce dernier fidèle à la position qui fut la sienne et qu’il avait exposée dans un billet de son blog datant du 17 Avril 2011, et dont nous donnons l’intégralité du verbatim en annexe de cet article(3), a énoncé des évidences simples et qui sonnent justes à nos oreilles : «La politique qui a été appliquée en Côte d’Ivoire est une politique impériale. La France s’est immiscée dans la discussion rude qu’avaient entre eux les Ivoiriens. Cette discussion à laquelle elle n’aurait jamais dû se mêler. Il fallait respecter de manière extrêmement scrupuleuse l’indépendance des Ivoiriens. Il a été aussitôt organisé contre Laurent Gbagbo une sorte de pression internationale car son régime déplaisait, le Front populaire ivoirien, beaucoup à la droite internationale, qui depuis des années manipulait leur marionnette, M. Ouattara, qui a précédemment nui au précédent président, et au précédent encore avant. Car c’est un homme qui a été en quelque sorte introduit par les instances internationales, et notamment par les Nord-Américains et les Français depuis de très nombreuses années. Et c’est cet homme a fomenté toutes sortes de complots, a épousé toutes sortes de rébellions absolument insupportables comme celle qui est venue du Nord du pays où se sont pratiquées les plus grosses fraudes électorales.

Et la France s’est mêlée de tout cela, est intervenue de manière militaire et elle a fait en quelque sorte que M. Gbagbo soit embastillé. Et il est aujourd’hui traduit devant le Tribunal pénal international alors que son pays n’a pas signé les clauses de ce Tribunal pénal international. Si l’on procède de cette manière, il y a un certain nombre d’Américains qui pourraient être arrêtés et envoyés au même tribunal, on ne le fait pas. Maintenant, je vais vous dire une chose. Je plaide pour que l’on relâche le fils de M. Gbagbo, qui est un de nos compatriotes, qui est un Franco-Ivoirien, et qui est retenu sans aucune raison légale. Simplement du fait de son nom et de sa filiation avec son père M. Gbagbo, qui est détenu en prison. J’estime que la France s’honorerait en intervenant pour qu’il soit libéré. Merci de m’avoir posé cette question, elle me permet de dire ce que je pense aux Ivoiriens qui se trouvent en France, avec toute mon affection».

Des candidats à l’élection présidentielle, il est celui dont les positions se rapprochent le plus des nôtres, sur cette thématique, et de nos préoccupations socio-économiques.

Il va sans dire que nous invitons fortement nos lecteurs à considérer sa candidature avec la plus grande bienveillance.

Il n’est pas de nos attributions de donner des consignes de vote.

Il est cependant de notre responsabilité d’apporter un éclairage sur les tenants et les aboutissants qu’emporte le vote de tout un chacun.

Il est de notre responsabilité de nous positionner.

Dans l’isoloir l’alternative cohérente doit déterminer notre choix.

Elle est notre seule option, et nous agirons pour notre part, en ayant cet impératif à l’esprit.

Ahouansou Séyivé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire