Emprunter aujourd’hui un bus à Abidjan comporte bien des risques. Ce n’est un secret pour personne que certains usagers sont victimes de vol dans ces moyens de transport en commun. D’autres s’exposent, à longueur de journée, aux discours mielleux des escrocs (mendiants modernes et autres vendeurs de médicaments) qui sévissent. D’autres encore, plus pervers, n’hésitent pas à descendre leur pantalon pour satisfaire leur libido. Se déplacer dans un autobus à Abidjan est un véritable un calvaire. En plus des conditions de déplacements difficiles (bus surchargés), les passagers sont exposés au courroux des pickpockets. Ces derniers prennent rendez-vous avec ceux qui deviendront plus tard leurs victimes aux arrêts de bus aux heures de pointe ; où une lutte s’engage entre les passagers fatigués par des heures d’attente pour se faire une place dans le véhicule. C’est en ce moment que les voleurs choisissent pour sévir. Ils s’invitent dans le désordre pour voler des objets de valeurs ou de l’argent. Mais chose étrange, beaucoup ne montent pas dans le bus après leur forfait. « J’ai été victime des pickpockets au grand carrefour de Koumassi. Nous avons lutté pour prendre place dans le bus. J’ai remarqué que mon voisin de lutte est bizarrement resté en bas quand le bus a démarré. C’est lorsque le véhicule a pris le pont que je me suis rendu compte que mon téléphone que je venais de payer avait disparu », raconte M. Ghislain F. C’est ainsi que des jeunes gens qui sont pour la plupart des jeunes déscolarisés « travaillent » sur les arrêts de bus. A côté d’eux, il y a les mendiants.
Ces mendiants d’une autre époque diffèrent des mendiants traditionnels. Ils sont ingénieux et teigneux. Ils ont l’esprit fertile, malheureusement pour abuser des honnêtes citoyens. Les faits qu’ils évoquent sont ceux qui choquent. Ces faux mendiants utilisent un langage qui ne manque pas d’attendrir le cœur même le plus endurci. Ils récitent des litanies dont ils détiennent le secret, rien que pour vous amener à mordre à l’appât. Souvent en guenille, ils montent à bord de ces autobus munis de petits sachets tout en brandissant des ordonnances. Ils vous racontent des histoires avec l’unique but de vous racketter. « J’ai donné de l’argent à ce genre de mendiant un jour dans le bus 11 mais une autre fois, je l’ai vu encore dans le 13, il détenait toujours la même ordonnance et racontait la même histoire », explique Céline K. Les personnes victimes de cette forme d’escroquerie ne se comptent plus, de sorte qu’il est aujourd’hui difficile d’aider les vrais nécessiteux.
Il y a des choses qui dépassent l’entendement humain. En effet, de tristes individus montent à bord des bus dans l’unique but de satisfaire leur libido. Ces derniers profitent de l’ambiance surchauffée des autobus surchargés pour «dégainer». Ils s’adonnent à une sorte de masturbation. «Un jour, un homme qui s’est collé à moi dans un bus a joui sur moi », raconte Adamou Maryline. « J’ai moi aussi été victime », renchérit une autre Dame. Avant d’indiquer, « je crois qu’il y a des hommes qui sont malades ». Mais, il n’y a pas que les hommes, les femmes ne sont pas exemptes de reproche concernant ce comportement déshonorant. « Des femmes à la recherche d’une sorte de libido mal placée n’hésitent pas à frotter les tétines dans le dos des hommes, j’en ai été victime, j’ai dû me changer de place », raconte Soro Azoul.
Dans le bus également les passagers ont souvent reçu, bon gré, mal gré des « pasteurs » qui ont désertés les églises pour se retrouvent dans les autobus. Ceux-ci transforment le véhicule en un lieu de culte. Qu’importe s’ils dérangent les autres ou non, l’essentiel pour eux, c’est de passer le message de Dieu.
Il y a aussi les vendeurs de médicaments ambulants. Ces «docteurs » des temps modernes proposent aux passagers des produits pour soigner les maux dont ils souffrent. Ces médicaments, généralement, soignent toutes les maladies. Ainsi, parcourent-ils à longueur de journée les autobus à la recherche d’éventuels clients.
Au nombre des problèmes rencontrés par les usagers de bus figure l’absence de receveurs. Cette situation est à la base d’interminables querelles dans les bus. « Quand votre argent transite par les passagers pour parvenir au chauffeur pour l’achat de votre ticket, le retour n’est pas toujours assuré », a indiqué une Dame. Ainsi en est-il de la vie dans les bus, un véritable enfer pour les usagers qui n’ont pas toujours le choix.
Eugène YAO
ekyci1@yahoo.fr
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