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La rébellion peine à faire une guerre éclair à Abidjan. Telle que envisagée par les idéologues et autres stratèges de l’Elysée à Paris, à Ouagadougou et à Abidjan (hôtel du Golf). Au point où le président de la France, Nicolas Sarkozy, est constamment en réflexion. Toute la montagne de pression et les ultimatums qu’il donne fondent comme du beurre au soleil. Laurent Gbagbo est toujours là et bien là au Palais présidentiel, au Plateau. A la vérité, la rébellion conduite par la France et encadrée par l’Onuci, donc l’Onu, fait choux blanc depuis quatre mois dans son objectif de prendre Abidjan. Elle a cependant pu, il faut l’avouer, réussir à créer la psychose au sein de la population abidjanaise dont on peut comprendre la réaction. La guerre jusque- là était loin de son périmètre. Pour la plupart des habitants de la capitale économique, les affres de la guerre étaient vécues par procuration et souvent même certains n’avaient pas idée de la grande capacité de nuisance d’Alassane Ouattara et ses chiens de guerre.
Ceci dit, l’objectif premier de cette bande armée n’est pas d’égorger ou de brûler d’innocentes victimes ivoiriennes. Même si elle prend plaisir à le faire. Même si on peut penser que ces faits horribles, dont l’effet immédiat est l’affaissement psychologique de la population, peuvent être un chemin pour arriver à parachever le coup d’Etat contre le Président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo. Le grand objectif, ce pourquoi la France de Sarkozy a investi tant de milliaires de FCFA, instrumentalisé l’Onu, embobiné les Etats-Unis, corrompu des chefs d’Etat africains, reste et demeure le départ de Gbagbo du pouvoir. Et, sur ce chapitre, rien n’avance. Tout simplement parce que la stratégie empruntée au réseau de déstabilisateurs, qui ont fait leurs preuves au Liberia et en Haïti notamment, ne peut pas prospérer ici. D’abord la rébellion tente depuis des semaines de prendre la capitale économique par morceau.
En faisant main basse petit à petit sur les quartiers d’Abidjan. Cela a bien fonctionné au crépuscule du règne de Charles Taylor, au Libéria. Mais là-bas, la réalité sociologique était telle que Taylor ne pouvait qu’être isolé. Ce chef d’Etat, qui a fait irruption sur la scène politique par effraction, par coup d’Etat précisément, s’est appuyé en grande partie sur son ethnie (du reste minoritaire) pour établir son règne. Du fait de la fragilité de son pouvoir dont l’essence n’était pas démocratique, mais bien dictatoriale. De plus, Taylor avait à ses trousses de manière constante tous ses alliés de guerre qui ont gardé une dent contre lui. Pour avoir trahi le serment de leur lutte armée débutée en 1989. Il était donc plus facile de le chasser du pouvoir, à Monrovia, dans l’indifférence d’une grande partie de la population de la capitale. Par contre, en Côte d’Ivoire et surtout à Abidjan le président Laurent Gbagbo est la personnalité politique la plus soutenue. Les dernières élections présidentielles du 30 octobre et du 28 novembre 2010 l’ont démontré. A ces deux joutes électorales, il a battu Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ces adversaires les plus farouches à Abidjan.
En outre, le président Gbagbo bénéficie d’un soutien au- delà des ethnies dans la capitale économique. On trouve aussi bien les ebrié, les Agni, les Sénoufo que les Bété qui défendent sa cause. D’ailleurs, la cartographie des élections présidentielles passées le prouve bien. Laurent Gbagbo a également le soutien appuyé de toutes les tranches d’âge, dont les jeunes, la classe d’âge la plus engagée et la plus percutante. Pour faire une analyse plus détaillée, nous retiendrons que le message de Gbagbo passe auprès de l’intelligentsia de la capitale économique. Qui comprend et approuve son message de souveraineté. C’est tout cet ensemble qui soutient Gbagbo. On comprend sous ce prisme la grande mobilisation du peuple atchan (Ebrié), dépositaire de la terre d’Abidjan, en faveur de Gbagbo que Sarkozy et Ouattara veulent réduire au silence. En commanditant des assassinats en leur sein. La mobilisation exceptionnelle des jeunes des communes de Yopougon, de Cocody et des quartiers d’Abidjan chaque fois que le pouvoir est menacé est à interpréter dans ce sens. Il faut s’en convaincre, le président Gbagbo est populaire dans le district d’Abidjan et la rébellion aura bien du mal à l’enlever parce que la population, dans sa grande majorité, est contre son départ. Par la force. Par les armes. Dans ce contexte, le combat des populations des bidonvilles d’Abidjan, en majorité ressortissantes de la Cedeao, qui donnent gîte et couvert aux mercenaires de Ouattara s’avère vain. Improductif. Ces populations étrangères, dont le coup de pouce aux mercenaires n’est plus à démontrer, ne peuvent que servir à épouvanter la population ivoirienne. Mais pas au- dela. Car l’action des ivoiriens souverainistes ne peut que restreindre leurs actions de déstabilisation. Ensuite, la rébellion fait fausse route en pensant qu’elle peut créer l’insécurité généralisée en assassinant les Forces de défense et de sécurité (Fds). Systématiquement et de façon lâche. Parfois à leur domicile. Comme on a pu le constater dans les moments qui ont précédé la chute du président-père Jean Bertrand Aristide de Haïti. C’est peine perdue en Côte d’Ivoire. Les Fds qui ont souffert le martyre depuis près de 10 ans à cause des tueurs au service d’Alassane Ouattara ne veulent plus se laisser faire. En témoignent les propos du général Phillippe Mangou, chef d’Etat-major de l’armées de Côte d’Ivoire. «Si on nous pousse à la guerre (totale), nous la ferons», a-t-il martelé le mardi 15 mars 2011, au lendemain d’une allégeance au chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Ceux qui veulent retourner ce général contre le pouvoir Gbagbo et qui manœuvrent depuis des mois en ont eu pour leurs grades.
Serge Armand Didi
Article proposé par Dominick Guerin
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