mercredi 10 août 2011

Accidents des bus: Les graves amalgames des anti-Gbagbo


L’accident du bus de la Sotra qui a plongé dans la lagune et endeuillé les festivités marquant le 51ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire met mal à l’aise le nouveau régime. En attendant que les responsabilités soient situées, l’on a tendance à mettre ce drame sur le compte du président Gbagbo, le bouc émissaire de service.


L’accident du bus de la Sotra qui a plongé dans la lagune et endeuillé les festivités marquant le 51ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire met mal à l’aise le nouveau régime. En attendant que les responsabilités soient
situées, l’on a tendance à mettre ce drame sur le compte du président Gbagbo, le bouc émissaire de service.

Arrivé très tôt sur le lieu du drame sans précédent survenu vendredi dernier, alors que les opérations de sauvetage avaient débuté, le ministre des Transports, Touré Gaoussou, semblait préoccupé, avant toute chose, à trouver un bouc émissaire. Un coupable à qui faire porter le chapeau. Tout de suite, le doigt accusateur est pointé sur l’ancien régime. Le président Gbagbo et l’ancien directeur général de la Sotra, le ministre Attey Philippe, qui ont préféré les bus Tata, de marque indienne, aux mastodontes d’origine française, seraient les vrais auteurs du drame. Le ton a été donné par le ministre des Transports, Touré Gaoussou dans un entretien qu’il a eu vendredi avec le directeur du centre des opérations de la Sotra Ahibo Coffi, sous le pont Félix Houphouët Boigny, alors qu’il venait s’enquérir de la situation.

«C’est quel genre de bus qui a eu cet accident ?», interroge le ministre. « C’est un bus Tata», répond le directeur. Touré Gaoussou de s’exclamer : «Ah, c’est Tata ! Ce bus-là, on a dit que ce n’est pas bon, et voilà que ça fait un accident ». «Mais il parait que le chauffeur roulait trop vite sinon il aurait pu éviter le drame», ajoute-t-il. Le Dg ne réagit pas aux propos du ministre de tutelle à qui il fournit des informations détaillées sur le machiniste qui conduisait le bus accidenté, l’heure de départ du bus, les circonstances du drame, etc.

Le décor est ainsi planté. Quand d’autres accidents de bus sont signalés au cours de la journée, à Adjamé et à Treichville, causant plus de 100 blessés dont un grièvement, c’est le comble ! Sans attendre un rapport d’expertise, des déclarations sont faites à l’emporte-pièce, tendant à prouver que les accidents enregistrés sont dus à des défaillances techniques et/ou à un manque de formation du personnel roulant.

Des questions sans réponses

plus que le ministre et le directeur de la Sotra, en poste depuis plus de trois mois, de par leur position, ont une responsabilité partagée dans cette affaire. Imputer des défaillances techniques, si tel était le cas, à l’ancien régime, c’est effectuer une fuite en avant ; fuir ses responsabilités. L’entretien du parc auto de la Sotra se fait-il correctement comme c’était le cas auparavant ?

Que fait-on aujourd’hui dans les entrepôts de Sotra Industrie, qui dispose d’ateliers de mécanique très performants, pour que des mastodontes en mauvais état se retrouvent sur les routes ? Par ailleurs, la chasse aux sorcières qui se poursuit au sein de la Sotra n’a-t-elle pas d’incidence sur le mental des travailleurs ? Ce sont là autant de questions
auxquelles les Ivoiriens attendent des réponses.

La vérité, c’est que le parc auto de la Sotra a été détruit en grande partie lors des violences qui ont marqué la période postélectorale. Les leaders du Rhdp aujourd’hui au pouvoir avaient appelé à des manifestations de rue pour bloquer le fonctionnement de l’Etat. Ainsi, entre le 30 novembre 2010 et le 25 mars 2011, plus de 100 bus de la Sotra ont été incendiés. D’autres ont été saccagés qui se trouvent aujourd’hui au garage pour des besoins de maintenance, selon des sources au sein de l’entreprise. Les attaques ciblées qui ont débuté avant le deuxième tour des élections auront coûté cher à la Sotra qui n’arrive pas à couvrir toutes les lignes. On évite donc d’immobiliser pendant longtemps les mastodontes desservant les lignes les plus rentables comme le 19. Pis, le parc auto de la Sotra a été allégé de plusieurs bus emportés par des éléments des Frci, à destination du Burkina et du Mali. D’autres autobus ont été entièrement démontés ; leurs moteurs et accessoires se retrouvent dans les magasins des casses d’Adjamé et d’Abobo. Même les bus articulés n’y ont pas échappé. Les entrepôts ont été également pillés.

Colère d’Houphouët Boigny ou sacrifices humains ?

Pendant que les nouvelles autorités s’échinent à faire porter la responsabilité des accidents des bus de la Sotra vendredi dernier à l’ancien régime, les Ivoiriens ne cachent pas leur appréhen sion face à un événement sans précédent en Côte d’Ivoire. Et qui survient à un moment important de la vie de la Nation.

On était à la veille des festivités marquant le 51ème anniversaire de l’indépendance du pays et la coïncidence n’est pas sans intérêt pour bon nombre d’Ivoiriens. Certains pensent que ces accidents en cascades à ce moment précis traduisent la colère du premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny contre Alassane Ouattara. Le pont où se passe l’accident porte le nom du bélier de Yamoussoukro, dont l’actuel chef de l’Etat se présente comme un héritier politique. Ils se rappellent comme si c’était hier, l’émoi créé par la chute du poster géant du président Houphouët-Boigny à l’investiture d’Alassane Ouattara comme candidat du Rhdp pour le second tour de la présidentielle, au moment où celui-ci entrait dans la salle.

Pour d’autres, ces événements malheureux ont une connotation mystique. A les entendre, les passagers du bus 19 de la Sotra ont été purement et simplement sacrifiés. Toutes ces hypothèses traduisent le malaise des populations qui ont préféré rester chez elles tout le long du week-end, évitant d’aller trop loin de leurs domiciles. Elles n’auraient eu aucune valeur si la Côte d’Ivoire ne sortait pas d’une profonde crise politico militaire qui continue d’endeuiller de nombreuses familles. Et si les tenants du pouvoir ne cherchaient pas un bouc émissaire, au lieu de faire face à la situation avec responsabilité et de trouver des solutions idoines pour soulager les usagers le plus rapidement possible.

Le retour des bus de marque française ?

Concernant la formation des agents, il faut dire que la Sotra dispose de l’un des instituts les plus performants en Afrique. D’où la consternation des machinistes dont certains revendiquent une expérience de plus de 15 ans. Pour eux, les accidents enregistrés ne peuvent être dus à l’inexpérience supposée des machinistes.

«Nos collègues conduisent des bus depuis de longues années et leur compétence ne peut être remise en cause. Le conducteur du bus 19, Assémian, avait au moins cinq ans d’expérience et était loin d’être suicidaire. La précipitation qui caractérise les autorités montre qu’ils ont quelque chose à cacher. Ils veulent embaucher des chauffeurs de Gbaka, des sans diplômes ayant combattu pendant la crise et actuellement dans les effectifs des Frci», déclare un agent de la Sotra qui ne décolère pas.

De fait, si l’intention est de se disculper, la machination vise aussi et surtout à faire admettre aux Ivoiriens que ces accidents sont dus à la mauvaise qualité des mastodontes d’origine indienne ou iranienne, qui coûtent 60 millions de FCFA contre 130 millions de FCFA pour les bus de marque française. Avec la campagne en cours, le ministre des Transports, on peut le dire, prépare déjà le terrain pour un retour en force des bus d’origine française en Côte d’Ivoire.

Dans le cadre du renouvellement du parc auto de la société, cela devrait peser dans la balance. Et comme nous sommes à l’heure du ré-endettement massif, il est fort probable que des investisseurs français reprennent la Sotra, dans le cadre de la privatisation à venir des sociétés d’Etat. Les «bus France au revoir» que l’on a connus au temps du président Henri Konan Bédié envahiraient ainsi, à nouveau, la ville d’Abidjan.

9 nouveaux corps repêchés

Après le vendredi noir dû à l’accident d’un bus 19 de la Sotra en provenance de Vridi pour Adjamé et qui a fini sa course dans la Lagune Ebrié au niveau du pont Félix Houphouët Boigny, les recherches se poursuivent pour retrouver les corps. Ainsi, le week-end, les secours ont pu repêcher 9 nouveaux corps. Ce qui porte à 46 le nombre de victimes de ce tragique accident.

Les corps ont été découverts à différents endroits suite à des recherches. «Les corps pour la plupart sont dégradés, bouffés par les poissons. 8 corps ont été retrouvés samedi entre la Carena et l’espace détente Coca Cola situé derrière la gare lagunaire du Plateau. 1 autre corps retrouvé vers l'école de la marine», précise une source proche des secours. Les populations sont par ailleurs invitées à se rendre au Chu de Yopougon pour l’identification des corps. Le bilan établi par les autorités le vendredi faisait état de 47 victimes dont 37 morts et 10 blessés.

Source : cameroonvoice

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