mercredi 10 août 2011

Déportés à Korhogo et Odienné : Des nouvelles de Gbagbo et de Simone

L'hebdomadaire pro-Ouattara Jeune Afrique consacre sa dernière «Une» au couple présidentiel renversé et déporté pour l'un à Korhogo, et pour l'autre à Odienné. Malgré l'adversité, ils continuent d'y croire...
Philippe Brou

Particulièrement affectés par le traitement humiliant dont le président Laurent Gbagbo, son épouse Simone et sa suite sont aujourd'hui victimes, de nombreux Ivoiriens « traquent » les informations à leur sujet. C'est la raison pour laquelle l'hebdomadaire Jeune Afrique, qui milite pourtant de manière ouverte pour Alassane Ouattara, leur a consacré sa dernière « Une», en se basant principalement sur les informations

données par l'avocat togolais Joseph Kokou Koffigoh, qui s'est rendu à Korhogo et à Odienné. Il y a un mois, le 7 juillet dernier. « Gbagbo était visiblement content de nous voir. J'ai eu du mal à contenir mes émotions », a confié Koffigoh.

Le camp Ouattara ne permet pas que Gbagbo et Simone reçoivent des vêtements de leurs proches

L'article de Jeune Afrique affirme que « les membres du camp Ouattara ont pioché dans leur garde-robe» pour fournir « des vêtements » au président renversé par la France. « Pour accueillir ses premiers visiteurs, l'ancien dirigeant revêtait une chemise en jean appartenant au commandant Issiaka Ouattara, dit «Wattao», écrit l'hebdomadaire. «[Simone Gbagbo] partage sa captivité avec son médecin personnel, le docteur Eugène Djédjé, mais n'a pu obtenir la présence de ses dames de compagnie. Restées à Abidjan, celles-ci voudraient lui faire passer des vêtements. Sa garde-robe, à la résidence présidentielle d'Abidjan, a été pillée. L'entourage de Ouattara lui a donné des robes et des pagnes ». Quand on sait que même les détenus « ordinaires » à la Maca bénéficient de leurs vêtements personnels, acheminés par leurs parents, on réalise le peu d'élégance de ceux qui règnent actuellement sur la Côte d'Ivoire.

Gbagbo se plaint de ne pas voir la lumière du jour

Craintifs à l'idée d'une opération d'exfiltration, les hommes de Fofié baladent le président renversé d'endroit en endroit, si l'on en croit Jeune Afrique. « Craignant une attaque, ses geôliers le changent régulièrement de domicile, même s'il donne toujours ses audiences à l'ancienne résidence d'Houphouët-Boigny. Ses conditions de détention sont assez spartiates, le mobilier sommaire (...) Gbagbo se plaint de ne pouvoir sortir pour se dégourdir les jambes et de ne pas voir la lumière du jour », peut-on lire. Inquiétant.

Gbagbo et Simone combatifs

La lecture de l'article de Jeune Afrique laisse entrevoir un couple combatif, que les humiliations et l'isolement n'ont pas fait faiblir. «Je n'ai pas été battu dans les urnes, mais par l'armée française », martèle Laurent Gbagbo. Il affirme « ne pas relever d'une juridiction ordinaire et oppose son statut d'exception, notamment en sa qualité d'ancien chef d'Etat, membre du Conseil constitutionnel ». De son côté, Simone « a refusé de répondre aux questions en remettant en cause la compétence du magistrat ». Elle a évoqué son immunité parlementaire, « qui n'a jamais été levée ».

Les vérités de Gbagbo à Kofi Annan et à Young Jin Choi

Entre blagues et vérités crues, Gbagbo - qui n'a reçu personne durant le mois de juin -, a gardé toute sa verve devant ses rares invités. Le 4 juillet, il a dit à Young Jin Choi : « Nous avons bien travaillé les trois premières années mais pas les derniers mois. Ne gardons que le souvenir de ces trois années ! ».
Korhogo (nord de la Cote d'ivoire), 2 mai 2011. Laurent Gbagbo a reçu la visite de l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, de l'ancienne présidente d'Irlande et ex-haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Mary Robinson et de l'Archevêque Sud-africain Desmond Tutu (de gauche à droite).
AFP/ Sia Kambou


A Kofi Annan, il a dit très clairement : « C'est toi qui nous as mis dans ces problèmes ». Kofi Annan était en effet un des militants des élections sans désarmement de la rébellion.

La foi en Dieu, qui permet de tenir !

Dans sa prison de Korhogo, Gbagbo lit. Deux livres sur les guerres et le bonheur, offerts par l'avocat Joseph Kokou Koffigoh. Ou la biographie de Félix Houphouët-Boigny, par Frédéric Grah Mel. « [Il] a demandé des ouvrages contenant les discours célèbres des grands hommes politiques, ainsi qu'une Bible. Il prie et garde espoir », écrit Jeune Afrique. « A son arrivée, Simone Gbagbo a demandé plusieurs bibles, des ouvrages et des CD religieux, ainsi qu'une paire de lunettes. » Selon l'un de leurs avocats, «Simone et Laurent n'ont pas renoncé à leur combat. Animés d'une foi profonde, ils gardent l'espoir de sortir de leur prison et de reconquérir le pouvoir. » Pour conclure son article, Jeune Afrique évoque un extrait du livre Paroles d'honneur de Simone Gbagbo. « Seule la volonté de Dieu sera faite dans la crise ivoirienne et non la volonté exprimée dans les résolutions prises à l'ONU et ailleurs », croit-elle.

Source : cameroonvoice

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