Le litige qui oppose Sophia Immobilier aux agents de la police nationale qui ont souscrit à un projet devant leur permettre d’acquérir des terrains viabilisés dans le district d’Abidjan, prend une autre tournure. Un soulèvement contre les responsables en charge de la gestion des générées n’est pas à exclure.
Les agents de la police nationale ayant souscrit aux projets immobiliers initiés en 2006-2007 par Sophia immobilier de Touré Ahmed Bouah et Azuréenne de promotion immobilière de Djédjé Louis Durand ne sont pas du tout contents. Ils menacent de débrayer si le ministre de l’Intérieur et les responsables de la police nationale ne prennent pas des dispositions pour leur «restituer sans délai» les fonds prélevés sur leurs salaires au titre du projet immobilier qui, pour eux, n’était qu’une «arnaque».
Ces agents accusent le directeur général de la police nationale, le contrôleur général Brindou Mbia, le commissaire Krouma Amadou, directeur général desdits fonds et les directeurs centraux des services de police d’utiliser à des fins personnelles les ressources placées dans un compte séquestre géré par le fonds de la police nationale. «Nous avons fini par découvrir qu’une bonne partie de nos fonds continue de servir des intérêts individuels. Des hauts gradés qui s’enrichissent de façon illicite sur le dos des personnels de police. Ils s’en servent comme caisse noire. Nos investigations nous ont permis de savoir qu’une partie des fonds servent à faire des placements qui ne profitent qu’à un petit groupe. Nous ne pouvons plus accepter qu’on se moque de nous, qu’on nous prenne pour des enfants ! Surtout qu’on ne nous pousse pas à bout !», menacent les souscripteurs.
Dénonçant le contrat avec Sophia immobilier et Azuréenne de promotion immobilière, ils disent ne pas comprendre pourquoi les résolutions de l’assemblée générale du 29 juillet au cours de laquelle ils ont exigé le remboursement de leurs fonds ne sont pas mises en oeuvre à ce jour. La requête transmise au directeur général Brindou Mbia par le truchement des délégués du fonds avant d’être portée à la connaissance du ministre de l’Intérieur, Ahmed Bakayoko, est restée sans suite. Selon les agents de police mécontents, alors que les lettres d’attribution provisoires devaient être remises aux souscripteurs au bout de trois mois de prélèvement, des irrégularités seront très vite constatées dans la gestion du fonds.
Malheureusement, constatent-t-ils la décision de mettre sous séquestre dans une banque la place les fonds prélevés sur le solde des policiers n’aura pas servi à grand’chose. La gestion des fonds restera invariablement opaque, selon eux. Ainsi, jusqu’à fin 2010, malgré les interpellations, aucun souscripteur n’aura reçu de lettre d’attribution. Et à ce jour, les actions menées en vue d’obtenir gain de cause n’ont rien donné.
Un dialogue de sourds
Les agents qui ont beaucoup souffert de la crise postélectorale expliquent leur décision par le fait qu’ils n’ont plus de ressources suffisantes pour mettre en valeur des terrains qui pourraient leur être destinés.
Leurs domiciles ont été pillés, leurs économies emportées, leurs familles séquestrées, etc. En cette période difficile pour la corporation, dont une grande partie des effectifs en poste à Abidjan est sous la menace d’affectation-sanction, les policiers pensent que les fonds prélevés sur leurs soldes, qui entre temps ont été revues à la baisse, pourraient leur permettre de résoudre quelques problèmes. Surtout avec la rentrée des classes qui s’annonce.
Pour les responsables de Sophia immobilier que nous avons joints pour évoquer le sujet, il n’est pas question de remettre en cause le projet. A les entendre, la société s’est engagée à livrer les terrains aux souscripteurs en décembre prochain. C’est pourquoi Touré Ahmed Bouah et ses collaborateurs conseillent aux mécontents de faire preuve de patience et de ne rien entreprendre qui puisse compromettre la réalisation du projet.
Du côté du Fonds de la police nationale, si la réaction des agents mécontents est jugée compréhensible, l’on estime qu’il n’est pas question de dénoncer le contrat maintenant. «Il ne peut être question de malversation dans la gestion. L’argent est là, il est sécurisé. Les agents ont signé un contrat de cinq ans et ils doivent respecter leurs engagements. Le Fonds reçoit les précomptes mais ne donne pas les terrains.
Cela relève de la responsabilité de Sophia immobilier. Nous attendons tous que cette société nous donne les terrains. Si jusqu’à fin novembre, nous ne recevons pas les terrains, nous aviserons. A cette date, les ¾ de souscripteurs auront fini de payer. Le contrat peut être effectivement dénoncé mais nous avons voulu être pragmatiques, dans l’intérêt de la corporation», a expliqué le chargé de communication du Fonds qui a appelé ses frères d’armes continuer de faire confiance à la structure.
Source: Le Nouveau Courrier/infodabidjan
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