WASHINGTON (AP) — En visite officielle aux Etats-Unis, Alassane Ouattara fait montre d'une mauvaise foi qui n'est plus à démontrer. En effet, dans un entretien à l'Associated Press, il assure ne rien savoir des exactions contre des partisans du président Laurent Gbagbo dont Amnesty International et d'autres ONG accusent ses forces.
Plus de deux mois après son investiture, Ouattara assure que tous ceux qui seront reconnus coupables d'atrocités seront punis, quels qu'ils soient. "Je suis contre l'impunité", déclare-t-il dans cet entretien accordé vendredi soir et pourtant ceux qui ont tué et qui continuent de tuer sont bien connus, mais na sont pas inquiétés.
Un rapport d'Amnesty International publié cette semaine accuse les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) de Ouattara, aidées par une milice composées de Dozos (chasseurs traditionnels), de continuer à s'en prendre à des populations supposées favorables à l'ancien président Laurent Gbagbo, du fait de leurs ethnies. Selon l'ONG, plus d'un demi-million de personnes déplacées qui font partie de ces mêmes groupes ethniques n'osent pas rentrer chez elles.
Un rapport d'une autre ONG, Human Rights Watch (HRW), daté de juin, accusait pour sa part les forces de Ouattara d'avoir tué 149 partisans présumés de Gbagbo depuis son arrestation, le 11 avril. Le document pointe notamment le rôle de Chérif Ousmane, chef de guerre dans la région de Bouaké (nord) et pilier de la rébellion ivoirienne, qui aurait ordonné l'exécution de 29 personnes.
"Ca ne peut pas être vrai (...) Chérif Ousmane est l'un de nos meilleurs soldats", répond Alassane Ouattara, affirmant que les soldats servant sous les ordres d'Ousmane sont connus pour être particulièrement bien entraînés et respectueux.
"Dans tous les cas, si nous découvrons que quelqu'un a commis des atrocités, cette personne sera jugée comme il convient et des sanctions seront prises", affirme-t-il, estimant que le rapport de HWR est basé sur des témoignages de mercenaires.
Les violences signalées depuis plusieurs semaines posent toutefois la question du contrôle que parvient à conserver Ouattara sur les forces qui l'ont aidé à prendre le pouvoir après une crise politique de quatre mois. "Si (...) Ouattara est sérieux dans sa volonté de rendre une justice impartiale, il doit s'assurer de manière plus efficace que les commandants de ses forces de sécurité n'ont pas de sang sur les mains", souligne Matthew Wells, auteur du rapport de Human Rights Watch.
Dans son entretien à l'AP, Alassane Ouattara souligne qu'il faudra du temps pour que la Côte d'Ivoire panse ses plaies, après des années de violence. Il rappelle également la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, annoncée la semaine dernière, qui sera chargée de faire la lumière sur les violations des droits de l'Homme commises durant la crise post-électorale. Cette commission doit rendre ses conclusions d'ici la fin de l'année.
Il affirme également avoir déjà fait beaucoup depuis sa prise de fonctions fin mai, disant notamment avoir restructuré les forces de sécurité et redonné confiance en l'économie ivoirienne.
Il invite enfin les réfugiés installés dans des camps au Liberia et en Guinée, ainsi que les militaires en exil à rentrer chez eux. "S'il n'y a rien contre eux, ils seront bien sûr libres (...) Surtout, je leur ai dit que leur sécurité serait assurée", déclare-t-il. "Je pense que la réconciliation a débuté".
Avec de telles déclarations, on peut dire que le président Gbagbo a eu raison de dire que ce Monsieur "est un menteur". Ce n'est pas de cette manière qu'il pourra réconcilier les ivoiriens, s'il cherche à cacher volontairement la vérité.
Par thruthway
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