L’opposition ivoirienne attend toujours d’être reçue par le nouveau chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, pour débattre de l’organisation dans des conditions transparentes, sécurisées et démocratiques des élections législatives, municipales et régionales prochaines. Ouattara qui veut organiser les législatives avant la fin 2011 semble curieusement peu soucieux des préoccupations de l’opposition. Et pourtant, il y a des questions qui sont incontournables si l’on veut éviter un scrutin calamiteux comme pour la présidentielle.
Après la grave crise postélectorale qui s’est soldée par le coup d’Etat de la France contre Laurent Gbagbo et l’installation d’Alassane Dramane Ouattara au pouvoir, les futures élections locales, notamment, les législatives constitueront une étape importante qui va départager les partis politiques sur le terrain. Mais surtout montrer le poids véritable des trois leaders (Ouattara, Gbagbo et Bédié) sur l’échiquier politique et dans l’opinion publique ivoirienne. Par conséquent, ces élections doivent obligatoirement être organisées dans des conditions transparentes, démocratiques et sécurisées. Cela éviterait au pays, qui n’a que trop souffert, une autre crise postélectorale. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. La question que les citoyens ivoiriens sont en droit de se poser, est celle de savoir si les conditions d’organisation de législatives, municipales et départementales justes, transparentes et équitables sont réunies ?
Justice et équité
Pour que les élections législatives que le régime Ouattara annonce pour se tenir avant la fin de cette année 2011 soient justes, équitables et transparentes, il faut quatre conditions : une Cei véritablement indépendante (la commission doit être différente de celle que préside actuellement Youssouf Bakayoko), une liste électorale fiable, un redécoupage électoral crédible et la sécurité de tous les électeurs. S’agissant de la liste électorale, nul n’ignore que celle qui a servi pour l’élection présidentielle a fait l’objet de contestation de la part de l’ex-Majorité Présidentielle (Lmp) parce qu’elle comportait des irrégularités graves qui n’ont pas été corrigées. Même les 429.000 électeurs fictifs que l’ex-président de la Commission Electorale Indépendante (Cei), Beugré Mambé, avait frauduleusement ajoutés sur la liste électorale, et qui a provoqué sa révocation, n’avaient pu être retirés de cette liste. Aujourd’hui, on sait à qui cette fraude a profité. Puisque Beugré Mambé a été nommé par Alassane Dramane Ouattara, nouveau gouverneur du district d’Abidjan. Il a été visiblement récompensé pour service rendu. Il faut donc, rapidement, revoir cette liste, la corriger afin qu’elle soit acceptée par tous. C’est un impératif pour éviter un nouvel hold up électoral. En ce qui concerne le redécoupage électoral, c’est une évidence qu’il y a en Côte d’Ivoire, des circonscriptions électorales qui ne méritent pas le nombre de députés qu’elles ont, au regard de leurs superficies et du nombre d’habitants. En revanche, certaines circonscriptions qui méritent plus de représentants au vu de leurs superficies et le nombre d’habitants sont sous-représentées à l’Assemblée Nationale. Il faut donc rapidement corriger tout cela. Enfin, la question de la sécurité demeure au centre des préoccupations. En ce sens qu’il faut créer les conditions d’une sécurité véritable et ramener la confiance entre les populations et les forces de l’ordre. D’autant que durant l’élection présidentielle 2010, le nord du pays contrôlé par les forces armées pro-Ouattara était un véritable mouroir pour les électeurs soupçonnés d’être favorables à Laurent Gbagbo. Une fois que cette étape est franchie, il faut arrêter toutes formes de tracasseries et de chasse aux sorcières contre les cadres de l’ex-LMP. Il faut notamment mettre fin à toutes les procédures judiciaires fantaisistes dont l’objectif réel est de les empêcher de rentrer au pays et de se présenter aux élections locales dans leurs circonscriptions électives respectives.
La transparence
des élections
Une fois que toutes ces conditions sont remplies, il faudra confier l’organisation de ces élections à des hommes qui inspirent confiance à toutes les parties. C'est-à-dire qu’il faut une Commission Electorale Indépendante (CEI) composée d’hommes et de femmes reconnus pour leur probité morale et pour leur impartialité. Il faut une Cei véritablement indépendante différente de celle qui existe actuellement. En effet, après la grave crise postélectorale que le pays a connue, on est en droit de dire que la Cei actuelle a échoué dans sa mission. Par conséquent, tous ceux qui la composent doivent être remplacés, à commencer par son président, l’inénarrable Youssouf Bakayoko. Pour dire vrai, la reconduction de Youssouf Bakayoko à la tête de la Cei par Alassane Dramane Ouattara est une véritable injure à la démocratie. Deux personnes sont à la base, selon notre analyse, de ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire, ce sont Youssouf Bakayoko, président de la Cei et Paul Yao N’Dré, ex-président du Conseil Constitutionnel. L’un pour avoir proclamé des résultats illégaux, et l’autre pour avoir plébiscité deux vainqueurs pour un même scrutin. Le second a été démis de ses fonctions, le premier doit l’être également. Si le nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, ne s’inscrit pas dans cette donne, autant procéder à la nomination des députés, des maires et des présidents de conseils généraux. De toutes les façons, il n’aura rien à redouter, car ses hommes en armes sont là pour veiller à la stricte application de ses décisions.
Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
Source : notrevoie
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