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«Nous voulons notre statut et les 5 millions Fcfa qu’il nous avait promis chacun depuis 2002 si nous renversons Gbagbo pour le mettre. Aujourd’hui, on a réussi notre combat. Qu’il (Ouattara, ndlr) nous donne ce qu’il nous a promis». Celui qui s’exprime ainsi est un élément des Frci, forces armées pro-Ouattara. Il a échangé avec nous au téléphone avant de se présenter à nous, jeudi dernier, comme étant caporal D. des Frci. «Je me fais appeler caporal, juste pour mon respect. Pour ne pas dire commandant car c’est devenu koulaba (sans importance, ndlr)», poursuit-il. Avant de préciser qu’à l’intérieur du pays comme à Abidjan, les Frci ruminent une grosse colère transformée en haine contre Alassane Dramane Ouattara. «Nous avons donné notre vie pour lui. Beaucoup de nos amis sont morts. Certains sont rentrés, handicapés, chez eux au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso. On a rien eu. Promesses et promesses, y a rien derrière. Y en a marre !», s’énerve cet élément des Frci. Qui précise que la position qu’il exprime est largement partagée au sein des ex-combattants pro-Ouattara. «A l’intérieur du pays, certains de nos amis sont déshabillés injustement sans qu’on leur parle de matricule ni de mécano. On ne sait même pas si on sera reconnus comme militaires. On ne peut pas accepter d’être jetés comme des papiers hygiéniques après utilisation».
A notre question de savoir si les mesures qui frappent les Frci ne sont pas liées au fait qu’ils s’adonnent aux exactions, pillages et vols sur les populations civiles, la réponse du caporal ou commandant D. est sans appel pour sa hiérarchie : «Mais ils connaissent qui sont parmi nous, les braqueurs, coupeurs de routes et vendeurs de drogue. Ils le savent mais ne disent rien. Ils savent pourquoi». Nous le relançons : «Mais pourquoi ? ». Réponse : «Monsieur, c’est un business». Avant d’ajouter : «Le Président Ouattara dit qu’il a interdit les corridors, la garde devant les banques, les magasins, dans les villages, les campements mais je vous dis que ce n’est pas du tout respecté. A l’intérieur du pays, nous continuons tout ça. Et ça rapporte dans certaines villes, 2 millions Fcfa par jour. Une partie de l’argent va dans les poches des commandants Frci et leurs adjoints qui donnent des miettes à quelques éléments qui sont leurs petits et la majorité des éléments n’a rien. L’autre partie de l’argent va chez les grands chefs, c’est ce qu’on nous dit. Entre temps, on continue de nous traiter comme des manœuvres. Sans rien». Pour cela, selon le caporal ou commandant D., ses amis et lui s’apprêtent activement à manifester bruyamment leur mécontentement pour être écoutés. «Vous allez nous entendre bientôt», a-t-il révélé avant de proférer, au nom de ses camarades, de graves menaces sous l’effet de la colère.
On le voit, la rébellion armée pro-Ouattara déclenchée en Côte d’Ivoire en septembre 2002 pour aboutir au renversement du Président Gbagbo, le 11 avril 2011, fonctionne comme toutes les rébellions armées au monde : le partage du gâteau pose toujours problème et la rébellion «mange» ses enfants. Avec à la clé, des conséquences…
Didier Depry
Source: Notre voie/Infodabidjan
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