L’OTAN refuse de protéger les journalistes qui ne sont pas membres du « club désinformation »
Mahdi Nazemroaya, Tripoli, 22 août à 19h52 (Russia Today). Vidéo disponuble à la fin de cet article.
Retranscription par le Grand Soir – mise en ligne 22/8 à 23h40 :
Présentateur : Nous rejoignons Mahdi Nazemroaya à Tripoli. Quelle est la situation à l’hôtel où vous êtes ? La dernière fois que nous avons parlé vous avez mentionné des coups de feu devant l’hôtel et aussi plusieurs loyalistes qui sont arrivés pour recevoir des soins…
Mahdi Nazemroaya : la tension est montée. Quelques membres de plus du personnel de l’hôtel précédent, de la sécurité et du groupe des médias qui étaient chargés de nous protéger, sont revenus armés. A l’évidence ils s’étaient battus. Ce sont des volontaires, pas des soldats. Ils sont revenus avec des informations sur les combats, et le tableau qu’ils ont brossé n’est pas celui d’une défaite, ils sont confiants. Et je crois… je suis désolé, je n’ai pas pu aller plus loin… je crois que l’un d’entre eux a peut-être été tué devant l’hôtel. Je ne peux pas le confirmer à l’heure qu’il est parce qu’il y a encore des snipers dans l’hôtel. Nous avons été avertis par… ceux de CNN par exemple, de ne pas parler d’Al Qaeda parce que sinon nous serions tués. C’était une menace voilée qui m’a été adressée directement. C’est inacceptable, c’est de la censure, et c’est inacceptable.
On dirait effectivement que la tension est vive. Vous parlez de violences, s’agit de violences autour de l’hôtel où vous vous trouvez où s’agit-il de violences dans d’autres parties de la ville ? Entendez-vous d’autres violences dans d’autres parties de la ville ?
Mahdi Nazemroaya : Après les informations données par les médias occidentaux et US, les journalistes de CNN les ont reprises et je crois qu’ils ont pris contact avec les rebelles et l’OTAN. Ce sont des agents de sécurité, c’est ça qu’ils sont en réalité. Je pense que nous devons prendre des mesures très rapidement. Ils ont leur propre plan d’évacuation et je crois que ma vie et celle d’autres journalistes qui ne diffusent pas des informations dans le cadre de ce… consensus … nos vies sont en danger. Ils ne sont vraiment pas contents à notre sujet et leurs regards sont très menaçants. Si quelque chose nous arrive… Si quelque chose nous arrive je crois qu’ils y seront pour quelque chose, sans aucun doute.
Ils nous ont menacé, des ressortissants britanniques, français… C’est inacceptable. Juste parce que nous ne suivons pas la ligne de l’OTAN, parce que nous ne sommes pas d’accord avec la version donnée par l’OTAN. Ils ne sont pas en train de gagner et je crois qu’ils vont tenter de nous annoncer un bain de sang et intervenir militairement sous prétexte d’une « responsabilité de protéger » que je n’ai jamais vue s’appliquer dans le cas de Bahrein ou l’Arabie Saoudite. On dit que des soldats du Qatar ont été capturés. Des gens que nous avons rencontré ont vu des troupes Qataris, et ils étaient très confiants. Pour être honnête, j’étais très ému de voir un de ces jeunes, il travaillait ici, et un des… journalistes… était… était… très mécontent et il a eu des commentaires très désobligeants.
Lorsque vous parlez de menaces à votre encontre, pardonnez-moi de vous interrompre, vous dites que vous vous sentez menacés. Vous êtes menacés par les forces rebelles ou aussi par les loyalistes ?
Mahdi Nazemroaya : Non, non, pas par les loyalistes. Nous nous sentons menacés par les rebelles et par certains journalistes présents ici. Et je vais vous le dire franchement, nous avons été menacés par des journalistes parce que ce ne sont pas de véritables journalistes. Ce ne sont pas des journalistes du tout.
Vous avez un endroit où vous réfugier ? Où pouvez-vous aller si jamais…
Mahdi Nazemroaya : L’ambassade de Russie a dit qu’elle nous accueillerait, mais on ne peut pas s’y rendre parce qu’il y a des combats autour. L’ambassade cubaine… (explosions) vous entendez les combats ? Ca commence, c’est très fort, ils arrivent. Dieu sait ce qui peut arriver. Il est important que la communauté internationale, la véritable communauté internationale, pas les pays membres de l’OTAN, prenne des mesures pour nous sortir d’ici…
Qu’est-ce qu’on entend ? Ce sont des coups de feu ou des bombardements ?
Mahdi Nazemroaya : Des coups de feu… je n’ai pas entendu de bombardements de l’OTAN… pour moi ce sont des coups de feu.
Vous avez parlé de bombardements. Est-ce que votre quartier est assiégé ?
Mahdi Nazemroaya : Assiégé ? Il y a des snipers tout autour. Quelqu’un a été touché, je ne sais pas s’il est mort. Je suis désolé de le dire mais je ne peux pas aller vérifier. Ils ont tiré puis ils sont partis rapidement en voiture. Ils reviendront. Mais le message est que nous sommes ici… je vous informe que ce que nous entendons sur le terrain est en contradiction avec ce que racontent les médias, avec ce que racontent Al Jazeera et CNN. Et je crois qu’ils sont très contrariés… très contrariés… par la tournure des évènements qui n’est pas conforme à ce qu’ils avaient prévu.
Inquiétudes au sujet de nos confrères à Tripoli
L’OTAN encercle les ambassades qui veulent secourir les journalistes en danger
Silvia Cattori
Les combats autour de l’hôtel Rixos à Tripoli, empêchent les journalistes qui le veulent, de sortir. Quatre gouvernements sont maintenant impliqués dans une opération de secours destinée à protéger deux journalistes du Réseau Voltaire.
Aux dernières nouvelles, ce sont quatre États qui offriraient une protection diplomatique aux deux journalistes Mahdi Darius Nazemroaya et Thierry Meyssan, ouvertement menacés de mort par de prétendus “journalistes” occidentaux. Ce ne sont pas les seuls journalistes menacés. Les ambassades qui sont disposées à les protéger sont actuellement inaccessibles parce qu’encerclées par les Forces de l’OTAN.
Silvia Cattori
NB: Mahdi Nazemroaya est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Mahdi Nazemroaya publiés par Mondialisation.ca
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