Le parti ouattariste est coupé de sa base. Les populations nordistes à qui Ouattara a expliqué qu’il représentait l’argent, le diamant et l’or déchantent et se démobilisent alors que les législatives arrivent. Du coup, la direction du parti «à la case» s’alarme. Et menace.
Les populations nordistes à qui Ouattara a expliqué qu’il représentait l’argent, le diamant et l’or déchantent et se démobilisent alors que les législatives arrivent. Du coup, la direction du parti «à la case» s’alarme. Et menace.
C’est le moins que l’on puisse dire. Ce qui a filtré du séminaire de réflexion du RDR tournant autour des futures échéances électorales, notamment les législatives, montre que l’heure n’est pas du tout à la sérénité au sein de la «case» ouattariste. Et pour cause : ce parti, qui a longtemps surfé sur une vague à la fois messianique, ethniciste et populiste, doit faire face à la déception de sa base électorale : les populations originaires du Nord, actives dans le petit commerce et qui ont cru naïvement à la promesse de la «pluie de milliards» véhiculée par un homme que ses thuriféraires appelaient Argent-Diamant-Or.
Celui par qui tous les possibles devaient advenir est désormais au pouvoir, et sa «piétaille» est plus pauvre que jamais. Non seulement les «solutions» pour lutter contre la cherté de la vie et le chômage endémique ne se voient pas sur le terrain, mais le nouveau pouvoir, qui a entrepris une opération de déguerpissement des commerces et des bidonvilles dans une période de récession inédite dans l’histoire nationale, enlève le pain de la bouche de ceux qui ont envoyé leurs enfants à l’abattoir pour «la» cause pendant plus de dix ans.
En un mot comme en cent, l’opération d’Anne Ouloto Bulldozer, qui démontre par ailleurs l’absence totale de sens politique et de compassion de Ouattara, passe mal. Les «femmes du marché», défendues de manière totalement irresponsable par le RDR dès la moindre opération de salubrité à Adjamé pendant dix ans, n’en peuvent plus. Elles commencent à comparer le régime actuel avec celui d’avant. Et pour manifester leur désapprobation, elles ont appelé un pagne «Gbagbo kafissa». «Gbagbo était mieux». Ces trois mots représentent pour le parti ouattariste un syndrome inquiétant. Il est désormais coupé d’une base démobilisée qui pourrait bien lui faire payer son «lâchage».
L’heure est grave, donc. A tel point que certains cadres du parti encore en contact avec la réalité du terrain et qui ont peur d’être vomis lors des futures législatives, ont engagé une petite fronde. Une fronde que le secrétaire général par intérim, Amadou Soumahoro, a clairement relayée. Comme le raconte Le Patriote, dans son édition d’hier. «Tous les ministres issus de nos rangs, nous les invitons avant d’initier une mesure qui peut rendre l’action du président mal comprise ou impopulaire, à venir ici s’expliquer. C’est d’ici qu’ils sont partis. C’est ici qu’ils doivent s’expliquer», a-t-il prévenu, en«déchirant» une fois de plus l’esprit et la lettre de la Constitution, qui n’a pas établi une République des partis.
Amadou Soumahoro a même indiqué qu’il a dû rendre visite à la ministre de la Salubrité urbaine, Anne Ouloto, «pour s’assurer du bien-fondé de son opération " bulldozers" souvent mal perçue par les populations d’Abidjan», selon Le Patriote. L’argent a déjà divisé les cadres du RDR, qui rêvent et s’indignent à la fois quand ils voient le luxe insolent dans lequel vivent les ministres et les figures de proue des «Forces nouvelles ».
Pour ceux qui ont été empêchés par Alassane Ouattara d’être candidats aux législatives en 2000 et qui trépignent d’impatience alors que les mêmes qui «mangeaient» sous Gbagbo mangent encore, c’est le moment ou jamais. Ils sont prêts à y aller par eux-mêmes, s’ils ont l’impression que les copinages au sommet favorisent des cadres qui n’ont pas leur ancrage de terrain. Du coup, Amadou Soumahoro, dont le sens de la nuance n’est pas la qualité première, menace. « Toutes les candidatures indépendantes seront neutralisées par tous les moyens », a-t-il dit. Quand on sait ce que le verbe «neutraliser » et l’expression «par tous les moyens» signifient pour les nervis d’Alassane Ouattara, on comprend que la peur s’est emparée de ceux qui voulaient défier la direction du RDR. Drôle de culture politique tout de même !
Source :cameroonvoice
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire