mardi 6 septembre 2011

ALBERT BOURGI À ALASSANE OUATTARA: ’’SARKOZY NE SERA PAS LÀ ÉTERNELLEMENT’’


Proche ami de Laurent Gbagbo dont il a épousé le rêve quand il était dans l’opposition, professeur de sciences politiques à l’université de Reims, Albert Bourgi connait Alassane Ouattara depuis longtemps. Fin analyste de la situation politique sur le continent, longtemps éditorialiste-vedette à Jeune Afrique, il livre une analyse pertinente et savoureuse.

Cela fait bientôt cinq mois que le président Laurent Gbagbo est prisonnier dans le nord de la Côte d’Ivoire et qu’Alassane Ouattara exerce de facto le pouvoir. Les cent premiers jours d’état de grâce «classiques» passés, quel est le regard que vous portez sur les évolutions politiques de ces derniers mois en Côte d’Ivoire ?

J’ai envie de dire avant toute chose que lorsque l’on connaît les conditions d’organisation des élections de novembre 2010 en Côte d’Ivoire, on ne peut absolument pas parler d’état de grâce. Il faut plutôt parler de l’état d’adversité qui a découlé des résultats de ce scrutin tels qu’ils ont été proclamés par les Nations unies. Il est clair qu’on ne peut nier l’état de fait : Ouattara est aujourd’hui à la tête de la Côte d’Ivoire. Mais il est important de revenir sur ses conditions d’accession au pouvoir. Je travaille sur les questions électorales depuis un certain nombre d’années, mais je ne connais pas beaucoup de scrutins dont les résultats ont été proclamés dans des conditions comparables à ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire.



Il y avait des institutions ivoiriennes : une Commission électorale indépendante (Cei), un Conseil constitutionnel… Au-delà des institutions ivoiriennes, il y avait bien évidemment les Nations unies, qui n’avaient pas le pouvoir d’organiser en tant que tel, mais qui étaient censées apporter une certification. Cette notion de certification n’avait jamais été appliquée par les Nations unies dans d’autres opérations de maintien de la paix en Afrique. Une notion complètement floue donc. Aussi floue que les résultats officiels du scrutin : ni vous ni moi ni nul autre observateur ou chercheur voulant travailler sur ces élections ne les connaît dans le détail. On ne connait pas les résultats bureau de vote par bureau de vote… Le taux d’abstention est un mystère. Dès la clôture des bureaux de vote, des pourcentages au sujet de la participation des électeurs lors de ce scrutin ont été rendus publics par des responsables nationaux et internationaux. Des pourcentages qui n’ont absolument rien à voir avec ce qui a été dit au final par les Nations unies. Je reviens sur ces éléments pour dire qu’on ne peut parler d’état de grâce que lorsqu’il y a une élection qui se déroule dans la normalité institutionnelle, constitutionnelle et politique. Ce qui n’a bien évidemment pas été le cas en Côte d’Ivoire. Il n’y a donc pas eu d’état de grâce. Ce que l’on peut dire en revanche, c’est qu’après plus de cent jours, Ouattara se cherche. Il est président de la République, mais dans une sorte de grand conglomérat partisan, tactique et institutionnel. Il y a certes le RHDP qui est censé avoir gagné en tant que coalition de partis politiques. A côté de ces partis, il y a aussi des hommes politiques qui s’étaient présentés de manière indépendante. Il y a cette alliance de la carpe et du lapin, absolument contre-nature, entre Ouattara et Bédié, qui n’avait qu’un seul but politique: faire dégager Gbagbo avec l’aide de l’extérieur, et singulièrement du gouvernement français. On assiste à une espèce de flou politique. Il y a un chef d’Etat, il y a des institutions. Mais plutôt que des expressions politiques, l’on assiste à des expressions judiciaires. Il n’y a pas un jour sans qu’il y ait un procureur, un vice-procureur ou un juge d’instruction qui parle d’inculpation de tel ou tel membre de l’ancien régime, histoire d’intimider l’opposition, si tant est que cette opposition puisse même s’exprimer. L’on est en face d’un grand magma politique qui explique cette atmosphère d’incertitudes. Tout le monde s’exprime dans la galaxie autour de Ouattara, mais on ne peut pas dire qu’il existe une vraie direction politique claire en Côte d’Ivoire.

Quand vous parlez, il y a un mot qui vient à l’esprit : légitimité. Est-ce que toutes ces incertitudes, cette absence de direction claire ne sont pas liées à la question de la légitimité ? Ouattara n’a-t-il pas, aujourd’hui, un problème de légitimité ?

Mais il a un gros problème de légitimité! Censée être fournie par le suffrage universel, cette légitimité a été pour le moins tronquée. Ce qui fait que quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, Ouattara souffrira toujours d’être perçu comme quelqu’un qui est arrivé au pouvoir dans les fourgons de l’armée française. Et même pas dans les fourgons de ce qu’on appelle la communauté internationale. N’oublions jamais que la force Licorne était attenante à l’ONUCI, elle n’était pas intégrée à l’ONUCI. Elle était chargée de soutenir l’action de l’ONUCI, qui n’était pas une action militaire, qui n’était pas tournée vers l’usage de la force. Le principe des opérations de maintien de la paix des Nations unies, c’est de ne pas recourir à l’usage de la force, sauf cas exceptionnel, sauf cas de légitime défense. Ce qui n’était pas le cas évidemment lorsqu’il s’est agi d’assiéger la résidence dans laquelle se trouvait Laurent Gbagbo et de le capturer. Disons que l’armée française l’a donné comme en offrande à ses adversaires de dix ans, c’est-à-dire aux rebelles. On assistait ainsi à une évolution bizarroïde en Côte d’Ivoire : Gbagbo a surmonté un coup d’Etat militaire qui n’a pas réussi et une rébellion armée. Il a réussi à vaincre tous les obstacles militaires et politiques mis sur son chemin. Jusqu’à ce qu’on lui tende le piège de cette fameuse élection. Et ce qui est vrai est que le piège électoral s’est refermé sur lui. Ma conviction est qu’il n’aurait jamais dû accepter la tenue des élections dans des conditions pareilles…Je parle de piège électoral parce que le désarmement n’était pas terminé. Toutes les conditions qui devaient prévaloir pour que le scrutin se tienne n’étaient pas réunies du point de vue de la réinsertion des rebelles, de la libre circulation. Une bonne partie du territoire n’était pas accessible ! C’est de notoriété publique ! Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont tout simplement les rapports qui ont été établis par de grandes organisations non gouvernementales. Si l’on va dans le détail de ces rapports, on voit bien que bien souvent, il est question de contraintes qui pesaient sur les électeurs et surtout de méthodes de dissuasion des électeurs considérés comme favorables à l’un des deux candidats.

Qui a tendu le piège électoral à Gbagbo?

Ceux qui étaient en charge de cette élection !

Ce piège avait plusieurs auteurs. Certains sur le plan national, sur le plan régional – à travers la médiation –, sur le plan international… Je pense, et je le dis de la manière la plus directe, que Gbagbo a trop fait confiance à tous ceux qui lui promettaient la tenue d’une élection propre et régulière… Et c’est pour cela que le piège s’est refermé. Sur Gbagbo, et peut-être aussi sur les Ivoiriens !

Un des avocats de Laurent Gbagbo a parlé de lui en disant qu’il était un «otage maltraité». Est-ce qu’il est allé trop loin ?

Sans parler d’otage, il est évident que l’enfermement de Laurent Gbagbo est instrumentalisé. On l’enferme, on le ferre, lui et ses compagnons, histoire d’intimider les Ivoiriens qui lui sont favorables et de les dissuader de réagir, de se révolter. Cet enfermement de Gbagbo et de ses compagnons dans des régions réputées favorables à Ouattara est une sorte de provocation. Il s’agit de créer un climat de terreur de nature à empêcher quiconque de bouger. Mais les techniques de ce type ne fonctionnent qu’un moment ! L’armée française ne sera pas toujours en Côte d’Ivoire. Les choses peuvent changer politiquement en France. Déjà, des candidats disent que dès les élections, il faudra que les militaires reviennent. L’armée française n’a pas vocation à protéger un régime qui, en principe, est déjà légitimé par le suffrage universel. Si cette élection a eu lieu de manière démocratique, qu’on laisse donc les institutions ivoiriennes protéger cette fameuse légitimité. Pourquoi recourir uniquement à des forces extérieures ?

A vous entendre, il y a une sorte d’impasse politique en Côte d’Ivoire. Comment en sortir ?

Ouattara doit avoir le courage de voir la situation telle qu’elle est. Et non telle qu’il voudrait qu’elle se présente, ou que ses partisans voudraient qu’elle soit. C’est-à-dire une situation trouble. Si sa volonté de normaliser la situation, de réconcilier les Ivoiriens, après une période dont la violence restera dans les annales de l’histoire de l’Afrique subsaharienne, est réelle, s’il veut vraiment tourner la page, c’est sa responsabilité de trouver des solutions politiques, et pas seulement des solutions judiciaires, juridictionnelles, tournées vers des menaces de traduction devant telle ou telle juridiction, des inculpations farfelues– il faut le dire. Ouattara devrait avoir le courage de se dire : «Voyons avec celui qu’on a arrêté quelles peuvent être les conditions d’installation d’un climat politique tout autre, d’une esquisse de réconciliation nationale». Il n’y aura pas de paix et de normalisation en Côte d’Ivoire sans solution politique. Il faut qu’il ait le courage de dire à ses partisans qu’il est nécessaire d’aller vers celui qui représente toujours quelque chose pour des millions d’Ivoiriens, et sans qui il ne peut y avoir de paix des braves…

Cela nous amène à vous demander s’il peut y avoir une réconciliation en Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo…

Il ne peut pas y avoir de réconciliation en dehors de Laurent Gbagbo. C’est une farce ! Voilà un homme qui a marqué la vie politique ivoirienne pendant vingt ans. Je voudrais faire remarquer à Alassane Ouattara que sa légitimité politique en Côte d’Ivoire, il la doit en partie à Gbagbo. Laurent Gbagbo est un ami, je connais Ouattara depuis longtemps… Sans le soutien politique que Gbagbo lui a apporté depuis 1995, Ouattara n’aurait jamais pu faire de carrière politique. C’est lui qui a légitimé d’une certaine manière le positionnement politique et partisan de Ouattara, et qui a même conforté le RDR. Il ne faut jamais l’oublier : le mandat d’arrêt international lancé par Bédié contre Ouattara aurait eu toute sa force si Gbagbo s’était mis du côté de Bédié. Or il s’est précisément opposé à ce mandat d’arrêt international… Ouattara doit avoir du courage politique. Il se laisse griser – or, il ne devrait pas– par un entourage comme il y en a toujours autour des chefs d’Etat. Un entourage plutôt enclin à l’isoler. Il faut accepter les réalités politiques en Côte d’Ivoire. Gbagbo n’a pas eu 1%, 2%, 5% des suffrages… Un Ivoirien sur deux se reconnaît en lui !

Mais la France de Nicolas Sarkozy n’encourage- t-elle pas Ouattara dans une perception dépassée de la politique africaine, marquée par la politique du gros bâton ? Autrement dit, tant que tu es fort, profites-en…

Sarkozy peut dire ça à Ouattara… mais la politique du bâton ne marche pas chez lui-même, puisqu’il est en ce moment minoritaire. Vous savez, la politique va et vient. Sarkozy ne sera pas là éternellement. La politique du bâton a ses limites. On ne gouverne plus en Afrique aujourd’hui comme hier : la répression, la politique du bâton, l’autoritarisme, le chef qui décide et tout le monde se tait. Aujourd’hui, vous avez des formes de démocratie directe à travers les réseaux sociaux, Internet, les nouveaux modes de communication. Il suffit de voir autour de nous. Tout a commencé sur Facebook. Et le régime de Ben Ali qui était plus solide et plus solidement allié à la France que l’est celui de Ouattara a sauté ! Le couvercle a sauté !

Regardez en Egypte ! Vous pensez que Ouattara a plus à craindre d’une révolution que d’une rébellion? Gbagbo n’a jamais été pour les rébellions. Il s’est toujours opposé à la lutte armée pour le pouvoir. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va proposer à son camp un retour au pouvoir par une rébellion…Lorsque la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny participait au lancement de la rébellion de Taylor, sous l’initiative du gouvernement français de l’époque, le seul à s’opposer à cette initiative c’était Laurent Gbagbo. Gbagbo n’est jamais sorti de la légalité… En revanche, à force de serrer l’étreinte, de verrouiller, Ouattara créera des frustrations, des tentations de contestation civile ou armée. Une révolution, ça arrive vite ! Cinq mille personnes descendent dans la rue, bravent l’autorité, y compris les FRCI, les hommes de tous les dangers. Comment faire à ce moment ? Mater la révolte ? Avoir des morts et des réactions à travers le monde ? Ouattara doit savoir qu’il a bénéficié d’une espèce de complicité active de l’extérieur, activement soutenue par Sarkozy. Mais il ne bénéficiera pas toujours de l’indulgence.

Et on commence à le voir aujourd’hui… Il est au pouvoir. Et quand on est au pouvoir, on est inévitablement l’objet de toutes les critiques. Les responsabilités ne pèsent pas sur les épaules de l’opposition, mais sur celles du pouvoir en place. Les accusations aussi.

Les organisations de défense des droits de l’homme sont très dures envers Ouattara et son incapacité à rétablir la paix civile. Ses proches estiment que ce sont les «réseaux socialistes» de Gbagbo qui sont à l’oeuvre. Qu’en pensez-vous ?

Ce sont des fantasmes qui traduisent la peur qui s’est emparée du pouvoir en place. Parce que, précisément, il sait qu’il agit mal, qu’il enfreint toutes les règles de la légalité. Les organisations de défense des droits de l’homme n’ont fait que des constats. Si on alignait les chiffres des victimes des FRCI, des dozos et que sais-je encore, on serait étonné de voir que c’est plus élevé que les morts causés directement par la contestation postélectorale. Règlements de compte, exactions, charniers sont aujourd’hui visibles et une grande part de responsabilité est imputée aux forces ouattaristes… Ouattara doit avoir le courage d’affronter une situation qui est vouée à demeurer dans l’incertitude tant qu’il n’aura pas accepté de dialoguer.

Justement, il a nommé Charles Konan Banny comme président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Mais il nous revient que ce dernier n’a absolument pas les moyens financiers et politiques de sa mission…

S’il y a une volonté politique sérieuse - ce dont je doute aujourd’hui - de parvenir à cette réconciliation nationale, Charles Konan Banny doit impérativement être renforcé. Si Ouattara veut s’en sortir, il doit laisser une grande latitude à Banny et lui donner les moyens. C’est l’octroi de ces moyens qui constituera la preuve de sa volonté de ressouder la Côte d’Ivoire…

Au point de vue de la politique internationale, quelles sont les conséquences en Afrique de cette affaire ivoirienne ?

L’action militaire violente de la France, qui a non seulement consisté à installer quelqu’un au pouvoir mais aussi à humilier son adversaire, n’est que l’aboutissement d’une politique mise en oeuvre à partir de 2002 ! On ne peut pas comprendre tout cela sans revenir en arrière. Et observer comment la France a, à travers le cas ivoirien, inauguré une nouvelle forme d’interventionnisme. On fait ce qu’on faisait avant mais en s’abritant derrière les dispositifs internationaux de règlement des conflits. On s’abrite derrière la légalité internationale pour, au fond, arriver à des objectifs de politique nationale. Cela aura des incidences plutôt négatives pour la diplomatie française. Si la crainte d’une action de la France existe partout, il y a une atmosphère de suspicion qui entoure la politique française. Certains croient en France que l’activisme de Nicolas Sarkozy va renforcer l’influence de la France et de ses entreprises. Mais je pense plutôt que cela est en train de provoquer une espèce de méfiance généralisée envers la politique française et le gouvernement français. Il suffit d’observer l’attentisme, le regard méfiant qui est jeté sur ce qui se passe train de bouger. A force de vouloir montrer que la France a les moyens d’orienter les politiques nationales et de faire élire tel ou tel, il peut y avoir, un jour ou l’autre, un retour de bâton…

Le spectre de la Cour pénale internationale est aujourd’hui agité par les adversaires de Laurent Gbagbo. La menace est-elle sérieuse ?

Elle fait en tout cas partie des méthodes d’intimidation utilisées. C’est une forme d’épouvantail. Quand on parle de Cour pénale, c’est le grand effroi. Or la CPI ne peut pas être saisie dans n’importe quelle condition. Il aurait fallu qu’il y ait une enquête. Il n’y en a pas eu. Il y a eu simplement un contact entre certaines autorités ivoiriennes et des responsables de la Cour pénale internationale. Et on oublie de dire que la CPI a ses propres moyens d’investigation. Et qu’elle s’appuie notamment sur des rapports. Qui, dans le cas d’espèce, sont accablants pour les proches de Ouattara. Si l’on veut lancer une enquête sur des faits imputés à Gbagbo, il faudra également le faire pour Ouattara et ses proches. Duékoué, Abidjan, Yopougon… N’oublions pas que des enquêtes ont été menées après 2002 et ont été gelées, en quelque sorte. La CPI a donc une mémoire instructive. Et le jour où elle se lancera, elle n’en aura pas seulement après Gbagbo. Il y a d’autres acteurs politiques éminents : le chef de l’Etat actuel, le Premier ministre, des chefs de guerre dont celui qui a la charge de Gbagbo à Korhogo, etc.

Peut-on dire aujourd’hui, après la prise de Tripoli par les rebelles, que la question libyenne est réglée ?

En Libye, il y a toujours eu, même sous le roi Idriss, des pouvoirs locaux autonomes. Même s’ils se reconnaissaient à travers la monarchie. Et Kadhafi l’avait compris. C’est pour cela qu’arrivé au pouvoir sans grande résistance, il a plaqué sur la société libyenne des comités populaires qui avaient infiltré des pouvoirs locaux. Des pouvoirs locaux au-dessus desquels trônait un Guide omnipotent… Aujourd’hui, la question fondamentale en Libye est celle des dividendes de l’intervention militaire de l’OTAN. Qui sera sans doute remboursée par les dizaines de milliards de dollars d’avoirs libyens gelés et qui dorment dans les banques occidentales. C’est aussi le paradoxe des dictateurs africains. Leur argent est placé ailleurs. Et un jour ou l’autre, il tombe dans l’escarcelle des pouvoirs occidentaux. Bien entendu, personne ne surveillera l’usage qui sera fait de ces avoirs gelés. Il y aura également des dividendes en contrats pétroliers et gaziers. Du reste, Sarkozy ne s’en cache pas…

Au Sénégal, des élections auront lieu en février prochain, dans un contexte assez particulier. Wade peut-il survivre ?

Politiquement, non. Wade a atteint un niveau d’impopularité qu’on n’a jamais connue au Sénégal. Même en 2000, lors de la sanction électorale historique qui a permis l’alternance et l’arrivée au pouvoir de Wade. Il y a aujourd’hui un rejet de Wade qui n’est pas d’ailleurs toujours rationnel. Au-delà de son bilan, c’est sa personnalité qui est rejetée. Et sa famille aussi. Cette forme de rejet personnalisé, qui vise le président et sa famille, est finalement assez rare. Wade, qui est quelqu’un de rusé, sait que ce rejet existe. Et il ne cesse de chercher des parades clientélistes, d’arroser des «grands électeurs», en particulier dans les zones rurales. Il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait un défilé de clients électoraux qui viennent prendre leurs prébendes et font miroiter à Abdoulaye Wade des milliers de voix à la présidentielle. Mais je crois que cela n’aboutira nulle part. L’histoire électorale du Sénégal est très ancienne. Les Sénégalais, lorsqu’ils votent, le font en connaissance de cause. Ils l’ont montré en 2000. Et les élections qui viennent s’annoncent comme une sanction de l’ère Wade. Un Wade dont la candidature n’est de toute façon pas fondée juridiquement. Je ne sais pas quelle parade il trouvera. Toujours est-il que le futur président de la République ne sera ni Wade ni quelqu’un de son écurie.

Par Théophile Kouamouo (Lenouveaucourrier)

Source : lacotedivoirelavraie

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