Getty Images
Le Baron de Yopougon a connu une ambiance surchauffée hier mercredi 18 janvier à l’occasion de la présentation du dernier livre de Charles Blé Goudé, intitulé «Côte d’Ivoire, traquenard électoral». La présentation n’a pu avoir lieu malgré le beau monde qui a pris d’assaut la salle de spectacle du Baron. La police mélangée et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ont tout mis en œuvre pour faire avorter la cérémonie qui s’annonçait pourtant très belle.
Le commissaire Lézou et ses éléments et ceux des Frci ont investi les lieux avec l’intention d’enlever le président intérimaire du Congrès panafricain des jeunes et des Patriotes (Cojep), Martial Yavo. Mais la foule qui est venue suivre la cérémonie ne s’est pas laissé faire. Yavo n’a pu être enlevé et la présentation du livre. Le commissaire avertissait clairement que si dans la présentation du livre des propos subversifs étaient tenus, il sévirait. Quels propos peut-on qualifier de subversif ? Seul Lezou peut répondre.
En effet, depuis 12h des policiers faisaient le pied de grue devant le Baron. Ils ont soumis le propriétaire des lieux, M. Djédjé à un interrogatoire serré pour savoir pourquoi il avait autorisé une telle rencontre chez lui. Ce dernier est resté intraitable. Ainsi, il a répondu aux policiers que son espace était à louer et qu’il le cédait à quiconque en payait le prix. Ensuite les policiers ont demandé à ceux qui faisaient la mise en place si le présentateur du livre avait une procuration de l’auteur Charles Blé Goudé qui, selon les policiers fait objet de mandat d’arrêt. Sur cette question-piège, les jeunes organisateurs de la cérémonie ont simplement fait comprendre qu’il s’agissait de la présentation d’une œuvre et non d’une dédicace qui exige la présence de l’auteur ou à défaut une procuration.
Pendant ce temps, le monde déferlait sur le Baron jusqu’à ce que Augustin Guéhoun, enseignant à l’université de Bouaké arrive pour présenter le livre. Il avait à ses côtés le président intérimaire du Cojep, Martial Yavo et Coulibaly Sita. L’ambiance est bonne, les œuvres discographiques dédiées à Laurent Gbagbo sont entonnées. Ça danse, ça crie le nom de Laurent Gbagbo. A peine le maître de cérémonie annonce-t-il le début de la présentation du livre que le commissaire Lézou réapparait dans la salle avec ses éléments surexcités. Les minutes qui ont suivi ont permis de comprendre que ces policiers et Frci ne sont pas là pour encadrer la cérémonie. «Si vous êtes venus m’arrêter, me voici», tranche net Martial Yavo. Le commissaire Lezou répond tout de suite qu’il est là pour empêcher que ne soient tenus des propos qu’il jugerait subversifs. Il précise notamment qu’il n’est pas question que l’on parle des élections législatives qui viennent de se tenir encore moins des élections présidentielles d’octobre et novembre 2010. Il s’est dit prêt à tolérer que soient évoquées les futures élections municipales et régionales, mais pas autre chose.
La tension monte dans la salle. Le public manifeste bruyamment sa désapprobation. L’altercation n’est pas loin. Les organisateurs qui ont vite compris que le pouvoir veut les empêche de s’exprimer ont la sage idée d’annuler leur manifestation. Ils font sortir les animateurs par une porte dérobée.
La foule se retire dans une véritable cohue avec la conviction que le pouvoir Ouattara ne parle de liberté d’expression et d’opinion que du bout des lèvres.
Benjamin Koré
Source: Notre Voie/Infodabidjan
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire