Le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a produit un rapport alarmant sur la situation des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire. Un document de dix-sept pages qui donne une nette idée de l’ampleur des violations des droits de l’homme commises par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) d’Alassane Ouattara.
Le dernier rapport de la Haut commissaire aux droits de l’homme, Madame Navanethem Pillay, sur la Côte d’Ivoire, en date du 21 septembre 2011, fait état de «violations graves des droits de l’homme par les Frci», de «vagues d’atteintes systématiques (…) à l’intégrité physique, à la liberté et la sécurité des personnes» et «d’un haut degré d’impunité dont jouissent les Frci». Lors de l’examen du rapport diffusé exclusivement en version anglaise, le 28 septembre 2011 dernier, en marge de l’assemblée générale annuelle des Nations unies, Mme Kyung-Wha Kang, Haut commissaire adjoint aux droits de l'homme, a indiqué que «les forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) se rendent coupables d'exécutions extrajudiciaires et sommaires, de torture, de traitements inhumains et dégradants, de violences sexuelles ou d'arrestations arbitraires».
Les rapporteurs accusent principalement les responsables des Frci, en l’occurrence des com’zone qui ont le contrôle de l’ensemble du territoire national, d’usurper des prérogatives législatives et judiciaires qui doivent être assumées par les autorités civiles. Les atteintes aux droits de l’homme répertoriées, décrites avec précision, sont classifiées en plusieurs rubriques. Notamment les exécutions sommaires et extrajudiciaires, les cas de torture et de traitements dégradants et inhumains ; les violences sexuelles basées sur le genre ; les arrestations et détention arbitraires, et les actes d’extorsion de fonds ; les violences intercommunautaires et les attaques perpétrées par des groupes armés, arrestation, etc.
Torture, traitements inhumains et extorsion de fonds
Dans la rubrique traitant des cas de torture et traitements inhumains, l’Onuci ont pu constater que des «personnes accusées d'avoir commis des crimes ont été arrêtés par des soldats FRCI et agressés physiquement par les FRCI qui les ont contraint à admettre leur implication dans des crimes». Dans la plupart des cas, mentionne le rapport, des citoyens innocents sont arrêtés par des Frci qui les soumettent à des sévices et exigent de fortes sommes d'argent à leurs parents pour leur épargner la vie et les libérer. «Le 16 juin, les éléments de la FRCI auraient fait irruption dans les villages et les Goulikaho Doukouya (respectivement 135 km et 120 km au sud de Yamoussoukro) et agressé physiquement des partisans du FPI. Au moins 27 personnes, dont 15 femmes perçus comme militants du FPI ont été sévèrement battus, arrêtés et détenus. A la suite de l'incident, deux des femmes, qui étaient enceintes, ont fait des fausses couches», relate le département des droits de l’homme de l’Onuci. Le document cite également de cas de torture. C’est ainsi que le rapport fait cas d’un événement qui s’est produit le 5 Juillet à Bouaké, où des éléments des FRCI ont tailladé à la lame de rasoir un agriculteur, dans le but de lui arracher des aveux sur sa prétendue implication dans un vol de vache.
La situation à l’Ouest
Dans d’autres circonstances, notamment le 22 août à Sibably (35 km au nord-est de Duékoué), c’est de l’eau chaude que des Frci ont versé sur les corps de deux jeunes gens. «Les deux suspects ont été pris au poste de police de FRCI, ils ont été sévèrement battus et abandonnés sans aucune assistance médicale. Des éléments Frci se sont rendus à leur domiciles où ils ont menacé de mort leurs familles, emportant une moto et une somme de 200 000 FCFA ». La situation dans l’ouest du pays ne manque pas d’inquiéter le haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Mme Kyung-Wha Kang. Dans cette région, elle déplore «la présence continue de mercenaires et les tensions communautaires qui continuent d'être un problème du point de vue de sécurité des biens et des personnes». «La situation des déplacés de l'intérieur est aussi un sujet de préoccupation et mérite une attention urgente, car de nombreux camps de réfugiés restent vulnérables et sont victimes d'attaques de mercenaires et des forces républicaines, toujours dans l'ouest du pays», interpelle le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Une situation qui devrait, hélas, empirer, vu la décision des nouvelles autorités de démanteler manu militari les camps de déplacés abandonnés à eux-mêmes et sans espoir.
Emmanuel Akani
Source : http://www.nouveaucourrier.info