Le camp Ouattara était attendu au tournant sur ce terrain... celui de la libre expression, celui de la liberté de la presse... lui dont les médias, sous Gbagbo, ont si bien pu attaquer le pouvoir, le critiquer, le diffamer, le calomnier, l'injurier même parfois, tant chacun savait combien le président ivoirien était sensible sur la question et inflexible : pas de délit d'opinion, pas de délit de presse. Dès le 12 avril, les "nominations", les récompenses et les promotions de fidèles ont plu dans les médias ivoiriens. La Télé de la Communauté Internationale (TCI) - qui peinera encore longtemps avant de remplacer la RTI autrement que sur les offres satelitaires - permet à certaines figures de reprendre du service. Venance Konan, après son tragi-comique exil promotionnel dans la capitale de son nouveau pays, la France, a enfin eu ce qu'au fond, comme tous les employés, il a passé sa vie à attendre : une place de chef. Un chef aux ordres (on ne se refait pas). Mais un chef quand même.
Il était d'autant plus attendu au tournant qu'une bonne partie de la propagande anti-Gbagbo développée dans les médias occidentaux aura consisté à prétendre celui-ci tyrannique, hermétique aux droits de l'homme et ne rechignant pas à la violence (Venance Konan ne la fuyait-il pas, hein, la violence des pro-Gbagbo ?)... Il était donc entendu, évident et vérifié d'avance qu'avec le nouveau régime on allait tout de suite voir la différence ! Là aussi, les masques sont vite tombés...