vendredi 17 juin 2011

Sarkozy met la main sur tout le nucléaire français


ENERGIE | Le patron d’EDF, Henri Proglio, a eu la peau d’Anne Lauvergeon à la tête d’Areva. L’Elysée a piloté l’opération

Paris | 17.06.2011 | 22:25En parvenant enfin à évincer Anne Lauvergeon (51 ans) de la tête d’Areva, le président français maîtrise totalement la filière nucléaire outre-Jura. Son ami Henri Proglio (62 ans) – le patron d’EDF (Electricité de France) – coordonnera désormais l’ensemble de l’industrie atomique française.

Luc Oursel (51 ans), le successeur d’Anne Lauvergeon comme président d’Areva, ne s’opposera pas à la prééminence de Proglio. C’est donc une sorte de complexe industriel façon néosoviétique qui se met en place dans un domaine crucial pour la France.

Premier groupe mondial

EDF renforce sa position de premier groupe mondial en capacité de production et supervisera désormais les activités d’Areva, spécialiste du traitement nucléaire, notamment celui des déchets. Les façades juridiques de cette filière sont plus ou moins libérales. Mais la réalité du pouvoir est détenue, sans équivoque, par l’Etat et ses divers organismes, tant à Areva qu’à EDF.

Depuis l’arrivée de Proglio à la direction du groupe Electricité de France en novembre 2009, la mission était clairement fixée: EDF devait devenir le seul chef de file du nucléaire français. Soutenu par l’Elysée, Henri Proglio a mené une guérilla pour déstabiliser Anne Lauvergeon. Mais par sa personnalité, la puissance de ses réseaux et ses bons résultats en tant que patronne d’Areva depuis dix ans, elle avait réussi à conserver une large part d’autonomie. Sa capacité de nuisance l’a préservée durant de longs mois; toutefois, son mandat se terminant fin juin, Sarkozy a profité de cette situation pour ne pas lui en attribuer un nouveau. Entre l’ancienne conseillère du président Mitterrand et Nicolas Sarkozy le contentieux a commencé en 2007, lorsqu’Anne Lauvergeon avait refusé le portefeuille ministériel de l’Industrie, peu après l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat français. L’esprit d’indépendance de celle que les Américains surnomment «Atomic Anne» était donc devenu d’autant plus intolérable aux yeux d’un président prompt à la vindicte et soucieux de tout maîtriser.

Soutiens à la patronne

Cela dit, Sarkozy a pris le risque de semer le trouble à Areva. Les syndicats expriment leur inquiétude après l’éviction d’Anne Lauvergeon, d’autant plus que son successeur, Luc Oursel, n’a pas de bons rapports avec eux. Au directoire d’Areva, 17 membres sur 19 avaient signé une lettre de soutien à leur future ex-patronne, qui a également reçu l’appui déclaré de vingt députés dont la moitié appartient à la majorité de droite.

Pour Sarkozy, il s’agit désormais de désamorcer la bombe Lauvergeon en lui attribuant un poste prestigieux. Ce sera sans doute l’un des objets de leur discussion en tête-à-tête, lundi, à l’Elysée.

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