Le Front populaire ivoirien (FPI) n’est pas entré au gouvernement Ouattara qui a été rendu public mercredi. Cette décision, le Pr. Mamadou Koulibaly, président par intérim de ce parti, l’a signifié le 1er juin dernier à Guillaume Soro, Premier ministre de Ouattara.
Hier, devant ses camarades, selon des sources proches de la réunion d’information à l’attention des militants (députés, maires, présidents de conseils généraux, structures spécialisées du parti…) regroupés au siège du CNRD à Cocody, le Pr. Koulibaly a révélé qu’il a exprimé au nom du parti et du CNRD, leur préférence : rester dans l’opposition pour jouer le rôle qui est le leur. «Nous avons dit au Premier ministre que nous voulons rester dans l’opposition pour jouer le rôle qui est le nôtre», a dévoilé Koulibaly, à en croire nos sources. Selon lui, le «contraire aurait été de mettre le FPI sous l’autorité du gouvernement RHDP.
Dans la situation actuelle, il n’y a pas d’ordre hiérarchique entre nous. Nous pouvons ainsi critiquer et faire des propositions».
Avec le soutien de M. Miaka Oureto, secrétaire général du FPI, le président par intérim n’a pas reculé devant les rumeurs entretenues dans les milieux du RHDP et affirmant que certains cadres du FPI étaient prêts à entrer au gouvernement Ouattara. Sur cette question, il a soutenu une position très claire : «Si certains sont cooptés pour entrer au gouvernement Ouattara, qu’ils y aillent à titre personnel et qu’ils prennent la peine de le préciser à la presse. En outre, qu’ils prennent la peine de démissionner provisoirement du FPI, le temps de leur séjour dans le gouvernement. C’est par respect pour eux-mêmes et pour le parti».
Les élus et autres militants membres des structures spécialisées venus nombreux ont été aussi informés sur la stratégie de la direction provisoire pour gérer la crise actuelle. Selon cette direction, il s’agit de resserrer les liens entre les partis politiques membres du CNRD pour aller vers la création d’un ensemble qui va au-delà des différents partis politiques. «Je demande pour cela, à chacun de faire un bond. Car, à situation exceptionnelle, comportement exceptionnel », a souhaité Mamadou Koulibaly.
Mise en place d’un comité de crise
A ce sujet, pour bien formaliser l’intérim, il a demandé et obtenu la formation d’un comité de crise où le FPI et les autres partis du CNRD sont représentés. Se confiant à la presse à la fin de la réunion, le Pr. Koulibaly a affirmé que ce comité a formulé une demande d’audience à M. Ouattara pour lui soumettre ses préoccupations. C’est pourquoi, il a demandé aux militants présents –qui ont chaleureusement salué son intervention- de remotiver et réorganiser les autres militants «avec un discours apaisé», a-t-il précisé. Car, pour l’orateur, à en croire nos sources, il faut que ce soit clair que le FPI a perdu le pouvoir et que ses militants se comportent comme des opposants.
Les raisons de la reconnaissance de Ouattara
En effet, pour être en phase avec les cadres, élus et autres militants de son parti, Mamadou Koulibaly a pris son temps pour expliquer, affirment nos informateurs, pourquoi lui et certains cadres du FPI ont fait la démarche pour la reconnaissance de M. Ouattara comme chef de l’Etat. A en croire ces sources, l’orateur a soutenu que «nous sommes sous la menace permanente des tenants actuels du pouvoir (exactions, assassinats…) ». Malgré tout, le FPI, selon Koulibaly, ne peut se permettre de s’effondrer. «Il nous faut montrer qu’avec ou sans le fondateur du parti, nous pouvons rester debout et aider la Côte d’Ivoire», a-t-il soutenu. C’est pourquoi, il a contacté certains membres du secrétariat général qui étaient accessibles (Kadet Bertin, Assoa Adou, Miaka Oureto, Akoun Laurent…).
De ces concertations, il ressort que l’ensemble de ces personnes pensent que pour que le FPI puisse exister et faire ses activités, il lui fallait rassurer le pouvoir Ouattara. Ainsi, un projet de déclaration de reconnaissance du pouvoir Ouattara est-il sorti et soumis aux autres membres sus-nommés qui ont apporté leurs remarques et suggestions qui ont été pris en compte dans la déclaration finale produite dans la presse par le président Koulibaly. Une démarche similaire a été faite auprès du CNRD qui a produit une déclaration de reconnaissance du pouvoir Ouattara. «Nous avons fait cela, pour que le pouvoir Ouattara sorte de l’Etat d’exception pour entrer dans l’Etat de droit qui permet au FPI et au CNRD de mener en toute légalité et liberté ses activités», a affirmé Koulibaly d’après nos sources.
A ceux qui critiquent sa démarche et donnent souvent dans les travers, Mamadou Koulibaly les aurait interpellés afin qu’ils sortent des «considérations ethno-tribales, car le FPI n’a pas besoin de ça. Au FPI, toutes les composantes de la Côte d’Ivoire se retrouvent. Nous devons nous battre pour que le FPI soit fort et reconquière le pouvoir au lieu de nous laisser abattre pour un pouvoir perdu».
Coulibaly Zié Oumar