11 avril 2011, 14 juin 2011. Cela fait exactement, jour pour jour, deux mois trois jours que le docteur Alassane Ouattara a été installé au pouvoir après le renversement de Gbagbo par l’armée française. Cela fait également et exactement deux mois trois jours que les hommes en armes du nouvel homme fort sont installés au siège du journal Notre Voie après y avoir volé tout le matériel informatique, les bureaux, les splits, les véhicules, les fauteuils visiteurs et mis le feu à l'imprimerie qui permettait de fabriquer le journal. Cela fait donc deux mois trois jours que la quasi-totalité du personnel de la Société La refondation, éditrice de Notre Voie, est au chômage. Et cela ne gène personne. Pas même le chef de l'Etat dont on dit qu’il est un grand démocrate, un homme qui ne peut tuer une mouche, un homme au grand coeur. Cela ne semble rien dire non plus aux organisations de défense de la liberté de la presse et des droits de l'homme. Nous continuons d’attendre le communiqué du Conseil national de la presse (CNP) qui devrait, comme de coutume, condamner fermement cette occupation attentatoire à la liberté de presse et demander la libération immédiate du siège de Notre Voie. Tout porte à croire aujourd’hui que Ouattara est parvenu au pouvoir pour étouffer la liberté, tuer l’Etat et le privé qui ont été dépouillés de tous leurs biens. Et si on n'y prend garde, le siège de la Refondation risque de devenir définitivement un camp militaire pour les hommes du président Alassane Ouattara. Car il est clair qu'on les a fait entrer à Abidjan sans qu’on ait prévu où les loger. Conséquence, outre le siège de Notre Voie, les hommes de Ouattara occupent de force les maisons de commerçants libanais et de nombreux militants de l'ex-Majorité Présidentielle (LMP). Dans un tel contexte, les employés de la Refondation, société éditrice de Notre Voie, ne retrouveront pas de si tôt leur emploi. Ils auront alors été condamnés définitivement au chômage par le nouvel homme fort du pays. Et pourtant, le docteur Alassane Dramane Ouattara a promis de changer la vie des Ivoiriens en 5 ans. Peut être faut-il entendre par "les Ivoiriens" seulement ceux de son bord politique.
De mémoire de journaliste, c'est la première fois dans l'histoire politique de la Côte d'Ivoire, que des hommes en armes se réclamant du pouvoir, se rendent coupables, à une aussi grande échelle, de violation de la liberté de presse. On a déjà vu des hommes en armes zélés faire une descente musclée dans des sièges de journaux. Mais chasser les journalistes de leurs bureaux pour en faire un camp militaire, c'est du jamais vu en Côte d'Ivoire. Même la transition militaire, sous le général Robert Guéi n'a pas servi une telle énormité à la Côte d'Ivoire.
Le fait que les éléments de la Force Républicaine de Côte d'Ivoire (FRCI), c'est l'appellation de l'armée nouvelle mise en place par le chef de l'Etat Alassane Ouattara, sont installés dans le siège de Notre Voie depuis deux mois sans que les autorités, qui ont été pourtant saisies, ne réagissent, amène à penser que c'est elles qui les y ont installés. D'ailleurs, ces éléments des FRCI, eux-mêmes, ont clairement indiqué que pour avoir désormais accès au siège de Notre Voie, il faut avoir une autorisation du Golf Hôtel, siège du pouvoir Ouattara.