2ème jour de troubles à l’université de Lomé
Depuis deux jours, les signaux sont au rouge sur le campus universitaire de Lomé. Tout comme mardi, à la place des cours et autres devoirs de table, il y eut hier encore des courses poursuites. Aux grenades lacrymogènes des forces de l’ordre, les étudiants répondent par des jets de pierres. Cette journée a été également marquée par l’arrestation d’Adou Séibou, président du Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (Meet) et de plusieurs autres étudiants.
Les étudiants de l’Université de Lomé pourront-ils achever cette année académique dans le calme et la quiétude ? C’est la question que se posent bon nombre de parents qui assistent impuissants à la répression qui s’abat sur leurs enfants, frères, fils et filles. Et devant l’extrême violence avec laquelle les forces de l’ordre répriment les manifestants sur le campus de Lomé, cette interrogation garde toute sa valeur.
Comme mardi, les forces de l’ordre et les étudiants affiliés au Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (Meet) se sont encore livrés à une bataille rangée au sein des clôtures de l’UL. Courses poursuites, jets de pierres, tirs de grenades lacrymogènes et arrestations ont meublé le face-à-face entre étudiants et forces de l’ordre.
Déjà au petit matin, une fourgonnette de la police nationale avait pris position devant le portail principal de l’Université de Lomé. Des agents postés à l’entrée du campus procédaient à la fouille de tous ceux qui y entraient. Des étudiants se feront arrêter pour détention de bouteille contenant des produits inflammables ou des projectiles.
Au même moment, au sein du campus universitaire, les choses sérieuses débutaient. Un groupe d’étudiants réunis devant la direction de la Faculté de droit (Fdd) donnait déjà de la voix en attendant l’arrivée du président du Meet, Adou Séibou qui doit conduire la marche devant les mener à la Présidence de la République. Après plusieurs minutes d’attente, celui-ci fit son apparition sous les ovations de ses camarades. «L’AG aura bel et bien lieu », leur a-t-il lancé avant de leur demander de se diriger vers l’amphi 600, lieu du rendez-vous.
La Gendarmerie qui était déjà sur le pied de guerre ne l’entendait pas de cette oreille. Elle va charger les manifestants qui commençaient à affluer vers les lieux. S’en suivent, des jets de pierres des étudiants, auxquels les gendarmes répondent par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchoucs.
La figure de proue de ce mouvement de contestation, Adou Séibou se fera appréhender devant la direction de la FDD où il observait impassible, la scène de répression des forces de l’ordre. Il sera sérieusement roué de coups par une vingtaine de gendarmes qui l’embarquent ensuite dans la fourgonnette immatriculée GN 0044 A . Où l’ont-ils amené et que lui reprochent-ils ? Difficile de le savoir.
Cette arrestation, au lieu de calmer la fougue des étudiants, a eu pour effet de les révolter. « Libérez notre président ! Libérez notre président !», scandaient-ils en chœur, armés de cailloux et de bâtons. « Nous manifesterons jusqu’à ce qu’on libère notre président », déclare un étudiant tout en sueur. D’autres s’attaquent vertement au président de l’Université de Lomé, Ahadzi-Nonou qu’ils accusent d’être à la base de la situation. « Ahadzi, démission ! Ahadzi, démission ! », criaient-ils.
Autres responsables estudiantins à faire les frais de cette colère des étudiants, le délégué général de l’Université de Lomé et ses collègues accusés de ramer à contre-courant des aspirations des étudiants. « Nous lançons un mandat d’arrêt contre M. Alou, l’illégitime délégué général de l’Université qui nous a été imposé de force par l’autorité universitaire et tous les délégués qui sont corrompus comme lui. Partout où ils seront pris, nous leur réglerons leurs comptes », apesté, l’un des manifestants.
Ce n’est donc pas fini, les troubles à l’Université de Lomé. Des questions restent cependant sur toutes les lèvres : Jusqu’à quand le gouvernement togolais s’obstinera-t-il dans sa politique de l’autruche devant les problèmes des Universités togolaises ? Pourquoi ne pas poser des actes forts et concrets allant dans le sens de l’amélioration des conditions d’étude exécrables des étudiants afin de faire baisser la tension?
Aux dernières nouvelles, Adou Séibou serait accusé par les autorités togolaises de « participation à une manifestation illégale ». D’après les confidences d’un officier de la gendarmerie qui a requis l’anonymat, le président du Meet serait détenu dans les locaux du Service de renseignement et d’investigation (SRI).
Olivier A.
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