Mme Simone Ehivet Gbagbo, Première Dame de Côte d’Ivoire, a été arrêtée en compagnie de son époux, le président Laurent Gbagbo, renversé le 11 avril 2011 par les forces spéciales françaises et l’armée onusienne en Côte d’Ivoire. Conduit de sa résidence de Cocody au Golf Hôtel d’Abidjan, dans le même quartier, le couple présidentiel a été séparé. Laurent Gbagbo a été transféré en résidence surveillée au Nord, à Korhogo, le 13 avril. Simone Gbagbo a été, quant à elle, envoyée à Odienné, au Nord-ouest, le 23 avril. Comment va aujourd’hui Simone Gbagbo ? Tentative de réponse.
Le procureur nommé par Ouattara près le Tribunal de première instance d`Abidjan-Plateau a déclaré avoir entendu, le dimanche 8 mai et pour la première fois, dans le cadre d`une enquête préliminaire, Mme Simone Ehivet Gbagbo, l`épouse du président Laurent Gbagbo. L’audition s’est déroulée à Odienné, dans le nord-ouest de la Côte d`Ivoire, où elle est assignée à résidence. Comme pour le président Gbagbo, entendu la veille samedi 7 mai à Korhogo (nord) où il se trouve lui aussi en résidence surveillée,
Mme Gbagbo a été auditionnée sans la présence d’avocats. Le procureur de Ouattara a donné ces informations par téléphone à l’Agence France Presse. M. Simplice Koffi Kouadio concourait ainsi à rassurer les uns et les autres sur l’état de santé de l’épouse du Président renversé. Il aura d’ailleurs permis à la Première Dame enfermée de démentir toutes les rumeurs, fausses, sur son traitement à Odienné. « Simone va bien. Elle est sereine et a conservé, elle aussi, sa bonne humeur, sa lucidité et la solennité dans ses propos», nous a rapporté bien plus tard, un des avocats qui a été autorisé à la rencontrer après plusieurs tentatives rejetées par le nouveau pouvoir d’Abidjan. Mais, le procureur de Ouattara était la deuxième personnalité à donner officiellement des nouvelles de la Première Dame en résidence surveillée.
Mme Gbagbo a été arrêtée en même temps que son époux, Laurent Gbagbo renversé le 11 avril 2011 par les forces spéciales françaises appuyées par les forces onusiennes. Transférée du Golf Hôtel, QG du nouveau président où elle a été conduite en compagnie du président Gbagbo et de 106 autres personnes, la présidente du Groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI), a été isolée, à partir du 22 avril, à Odienné.
Lors d’une cérémonie publique dans sa ville, le maire d’Odienné, Diakité Koty Souleymane, actuel ministre de la Communication d’Alassane Ouattara, a livré cette information à ses administrés. Mais il a souligné que Mme Gbagbo est «interdite de visite», tout en précisant qu’elle «se portait bien». Peu importe, l’information essentielle se trouvait là. Car, de Mme Simone Ehivet Gbagbo, le monde entier a retenu l’image de la suppliciée que ses tortionnaires et leurs supporters battaient sauvagement, de son arrestation à la résidence présidentielle jusqu’à la suite du Golf Hôtel où son époux et elle ont été accueillis, ce tragique lundi 11 avril 2011.
A la vue de ces images atroces que beaucoup de personnes n’ont pu soutenir, l’opinion s’était convaincue que Mme Gbagbo pouvait subir le pire. Mais, le 23 avril, dans leurs différentes livraisons, les journaux pro-Ouattara, les seuls à pouvoir paraître depuis le 15, ont donné l’information de son transfert pour une résidence surveillée à Odienné. Au moins, l’on pouvait comprendre qu’elle était encore en vie. Alassane Ouattara, bénéficiaire du coup d’Etat franco-onusien du 11 avril 2011, pouvait plus tard expliquer aux médias que la Première Dame enlevée et sévèrement torturée auprès de son époux de président a été retirée du Golf Hôtel pour Odienné afin d’échapper à la mise à mort par ses partisans.
A Odienné, Mme Simone Ehivet Gbagbo ne se plaint pas de son sort. Ses conditions d’isolement seraient très dures mais cette dame pieuse s’en est remise au Tout Puissant. D’ailleurs, dès son arrivée à Odienné, selon les révélations d’Alassane Ouattara lui-même, Mme Gbagbo n’a réclamé que deux choses : la Sainte Bible et une paire de lunettes de lecture. Bien que député et présidente d’un groupe parlementaire, Mme Gbagbo savait, apparemment, qu’elle ne pouvait compter sur une immunité parlementaire déjà violée lors de son arrestation. Elle ne pouvait non plus se réjouir d’avoir pour hôte Souleymane Diakité Koty, maire d’Odienné, un de ses anciens étudiants à la Faculté des Lettres de l’Université d’Abidjan. Elle partait boire le calice jusqu’à la lie et elle semblait moralement préparée à cela, ses tortures physiques lors de son arrestation pouvant être comme une séance de mise en condition.
Les conditions d’isolement de Simone Ehivet Gbagbo sont qualifiées de « sévèrement strictes » par nos sources. Il semble que Mme la Première Dame enfermée, interdit à ses rares visiteurs de parler de tortures morales la concernant. Ses consignes «de silence» sur ses conditions de vie ont dû être à la base des rumeurs qui ont couru sur son compte, laissant croire que Mme Gbagbo faisait l’objet d’un traitement humiliant à Odienné. A l’arrivée, cette information était heureusement fausse, tout comme celle relative à des actes bassement dégradants qu’elle n’a jamais subis, en dehors des coups et agressions qui lui ont été infligés, lors de son arrestation à la résidence présidentielle à Cocody.
Selon les avocats qui l’ont récemment rencontrée, Mme Simone Ehivet Gbagbo est en « bonne forme et sereine ». «Elle va même très bien, elle a le moral au beau fixe et ne se plaint de rien».
Pour les hagiographes d’Alassane Ouattara, Simone Gbagbo est punie parce qu’elle était «l’une des intransigeantes du FPI qui a convaincu l’ex-opposant historique à Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo, d’engager un bras de fer avec la communauté internationale qui l’a enjoint de céder le pouvoir au président élu, Alassane Ouattara ». Cela a été écrit dans les journaux pro-Ouattara.
Une telle perception du rôle de l’épouse du président Gbagbo peut expliquer en partie toutes les agressions physiques et tentatives de meurtre que la Première Dame a subies lors de son arrestation. Fort heureusement, en la séparant de son époux, les nouvelles autorités et leurs parrains, même s’ils souhaitaient ainsi « les briser » (le terme vient de Marie-Antoinette Singleton, leur fille qui vit aux Etats-Unis), démontrent que Simone Gbagbo est plutôt réprimée en raison de ses activités politiques et non en tant qu’épouse du président renversé. On ne les aurait pas séparés dans le second cas.
Cesar Etou
Source: Notre voie
Par thruthway
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