samedi 26 mars 2011

Economie ivoirienne / L’administration Gbagbo a le volant en main


Publié le samedi 26 mars 2011   
L’effectivité du pouvoir ! Voici le groupe de mots qui détermine la décision des opérateurs économiques – autant nationaux qu’étrangers – dans leurs rapports commerciaux avec la Côte d’Ivoire.

De fait, depuis la proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle, les agissements des uns et des autres donnent l’impression qu’un flou artistique entoure la gestion politique de la Côte d’Ivoire. Pourtant, au regard de ce qui se passe, on reconnaît que le président de la République, Laurent Gbagbo, a l’effectivité du pouvoir.



Depuis trois mois, c’est l’administration Gbagbo qui paie les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. La semaine prochaine, ceux-ci passeront de nouveau à la caisse pour le salaire du mois de mars. C’est la même administration qui honore tous les engagements de l’Etat vis-à-vis de l’extérieur. Alors qu’un reportage réalisé par TV5 a révélé que les “hommes du Golf” reçoivent des appuis financiers de leurs alliés européen et américain. Que font-ils de cet argent sinon le mettre au service des mercenaires pour endeuiller la Côte d’Ivoire ?

Les entreprises continuent de s’acquitter de leurs impôts vis-à-vis de l’Etat devant l’administration fiscale nommée par Laurent Gbagbo. On se rappelle que le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), Jean-Louis Billon, avait voulu créer la polémique à travers sa note circulaire datée du 9 décembre 2010 dans laquelle il demandait aux organisations professionnelles et faîtières du secteur privé, membres de la Chambre, de remplir leurs déclarations d’impôt et de les déposer sans joindre les règlements, “deux Administrations fiscales s’étant déclarées”. Par la suite, il s’était ravisé face à une administration agissante contre une administration virtuelle. Depuis, les entreprises ont compris qu’il est préférable de collaborer avec celui qui détient l’effectivité du pouvoir.
Un autre exemple : le règlement de la vignette. Les “hommes du Golf” avaient annoncé la gratuité de la vignette pour l’année 2011. L’objectif étant de priver l’administration Gbagbo de recettes. Rien qu’à voir les longues queues devant les guichets des centres d’impôts, on se rend à l’évidence que l’appel à la désobéissance fiscale n’a pas prospéré.

Au niveau des services douaniers, on ne chôme pas non plus. Malgré les embargos, les échanges avec l’extérieur se poursuivent. Devant la densité des importations, l’administration douanière vient d’ouvrir ses postes frontières aux marchandises hors Cedeao. Pour ce qui est de la procédure de dédouanement retenue pour la circonstance par les autorités douanières, trois étapes ont été identifiées. Il s’agit de l’édition de la déclaration en détail, l’enlèvement des marchandises au niveau des bureaux frontières et l’acheminement et le stockage des marchandises. Selon la circulaire, les opérateurs économiques peuvent éditer la déclaration en détail à Abidjan dès qu’ils sont en possession de toutes les informations exigées par la réglementation douanière. Cette déclaration est éditée, selon le bureau compétent, sans titre sommaire précédent. Mieux, de nombreuses facilités sont faites et concernent notamment la dispense de domiciliation bancaire pour les documents nécessaires à l’établissement de la déclaration anticipée d’importation (DAI), l’usage de la procédure avant dépôt manifeste (ADM), la dispense du bordereau de suivi de cargaisons (BSC), l’usage des codes additionnels 703 ou OP3 en cas de difficultés rencontrées dans la délivrance ou le transfert des AV par Bivac et dans le Sydam World. Pour ce qui est de l’enlèvement des marchandises au niveau des bureaux frontières, il est subordonné à la présentation de la déclaration en détail. Les marchandises sont par la suite escortées sur Abidjan obligatoirement.

L’exemple le plus patent demeure la réaction des chocolatiers chinois. Le quotidien anglais “Financial Times”, publiait dans son édition du lundi 21 mars dernier, une interview de Ricardo Leiman, directeur exécutif de la maison de commerce Noble Group à Hong Kong, dans laquelle il se disait prêt à payer les taxes à l’exportation au Président Laurent Gbagbo pour écouler son stock de cacao.
A peine a-t-il exprimé son intention que les traders américains et européens ont fait chorus avec lui. Pourtant ce sont ces mêmes traders qui, pour des raisons politiciennes qui ne cadrent nullement avec l’orthodoxie économique, avaient gelé leurs stocks de cacao suite à l’appel des “hommes du Golf” de suspendre les exportations de cacao jusqu’au 31 mars prochain. Encore une semaine pour que les stocks soient écoulés. Faute de quoi, ceux-ci seront saisis et vendus par le gouvernement. Il convient de rappeler que trois associations professionnelles du secteur (l’Association européenne du cacao (ECA), la Fédération du commerce du cacao et l’Association des industries européennes du chocolat, de la biscuiterie et de la confiserie (Caobisco)), négociants et chocolatiers, ont déjà exprimé leurs préoccupations en rapport avec la crise post-électorale. Elles ont indiqué que leurs opérations sont sévèrement entravées sur fond de blocage des exportations. Et pour qui connaît l’importance du chocolat lors de la période de Pâques en Europe, il n’y a pas à se tromper que la sagesse va les habiter rapidement pour collaborer avec celui qui a l’effectivité du pouvoir : le Président Laurent Gbagbo.

A quelque chose, malheur est bon : la crise post-électorale a fait augmenter le prix international du cacao d’environ 10%. Ce qui veut dire que les prévisions de recettes dans le secteur vont accroître autant.

J-S Lia 

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