Charles Diby Koffi, ministre de l'Economie et des finances de Ouattara.
Le 08 juin 2011 par Notre voie - Pluie de milliards ! On aurait volontiers laissé éclater notre joie s’il ne s’agissait pas d’une bonne blague de curé. Des milliards tombent sur la Côte d’Ivoire. Oui, mais des milliards de dette.
Le séjour actuel de la mission française a révélé une évidence : tous ceux qui ont lu l’épitaphe de « Le fil de l’épée » du général De Gaulle, savent qu’un pays n’as pas d’ami, il n’a que des intérêts.
Dès que la France a aidé à renverser le Président Laurent Gbagbo, le Président français Nicolas Sarkozy, en bonne nurse attentive de son ami, a annoncé une aide d’urgence au régime Ouattara. Tout le monde pensait que c’était une aide à un ami pour qui on n’a pas hésité à bombarder la résidence présidentielle. On découvre aujourd’hui que ce geste n’est pas gratuit. Les 400 milliards de francs Cfa promis par Paris sont bel et bien un prêt à la Côte d’Ivoire. 200 milliards ont déjà été décaissés qui ont permis de régler deux mois d’arriérés. On saura jeudi prochain à quoi va être affecté le reste à décaisser en deux tranches.
A la fin de la mission conjointe Fmi-Banque mondiale-Bad, il a été annoncé des appuis de la part de chacune des ses institutions : 65 milliards FCFA en juillet pour le Fmi (sous réserve de l’approbation du conseil d’administration. Or l’autre ami, DSK, n’est plus là. Pourvu que la présidence du Fmi échoit encore à la France parce que les autres pays n’ont pas de liens particuliers avec la Côte d’Ivoire, particulièrement avec Alassane Ouattara. La Grèce, l’Espagne, le Portugal etc. sont plus importants pour les Européens que la Côte d’Ivoire), 45 milliards pour la Banque mondiale en septembre, 77 milliards pour la Bad (sans conditionnalités dans cette phase d’urgence, on va s’asseoir après pour discuter). Ce qui donne pour cette mission un prêt de 187 milliards. Il y a aussi la promesse française de désendettement et de développement d’environ 1300 milliards FCFA.
Au sommet du G8 à Deauville, Alassane Ouattara a demandé un appui de près de 13100 milliards FCFA pour financer son programme de société sur cinq ans. S’il obtient satisfaction, ce sera autant d’argent qui viendra alourdir le panier de la dette extérieure du pays.
Tout cet argent, on veut bien y penser, est censé profiter au pays. Mais comment le régime Ouattara va-t-il procéder pour rembourser ces dettes dans la mesure où les clignotants de l’économie sont au rouge vif. Comme l’a souligné, en gros traits, la mission conjointe : « Les besoins financiers sont immenses car il faut rétablir l’administration publique, veiller à la reprise économique, notamment à la réhabilitation de l’infrastructure et à la réduction de la pauvreté. Les autorités anticipent une augmentation des dépenses qui devraient passer de 22% du Pib en 2010 à 26,5% du Pib ces trois derniers trimestres dans le budget de 2011, en tenant compte de l’apurement des arriérés de salaires de mars. La baisse des recettes et la hausse des dépenses résulteront en une augmentation significative du déficit budgétaire, qui atteindra 8% du Pib en 2011 (ndlr, contre 2% en 2010). L’appui budgétaire des donateurs bilatéraux et multilatéraux devrait être suffisant pour couvrir la majeure partie du déficit. Néanmoins, il est peu probable que cet appui permette d’honorer les engagements substantiels au titre de la dette extérieure, pour l’année en cours, due aux créanciers bilatéraux publics et privés ». Plus prosaïquement, on peut réduire le déficit budgétaire, mais on ne peut pas payer la dette extérieure. Or, il existe une règle dans le milieu : tu ne payes pas tes dettes, tu n’as pas droit à de nouveaux prêts.
La priorité du gouvernement est la relance économique. Une relance qui passe nécessairement par les réformes de l’administration fiscale et douanière, de la fonction publique, de la lutte contre la pauvreté, de la filière café-cacao, et du secteur de l’énergie. C’est quand des progrès significatifs auront été accomplis au niveau de l’établissement de ces priorités que le Fmi reviendra pour discuter d’un programme économique triennal qui pourrait être soutenu par la Facilité élargie de crédit.
En attendant, le pays vit à crédit. Alassane Ouattara peut se consoler : crédit tue pas et on ne met pas un pays en prison.
J-S Lia
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