samedi 20 août 2011

Le procureur Simplice Kouadio à propo des Frci: ‘’On n’arrête pas des sauveurs’’


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Le procureur de la République, dans cette série de questions-réponses avec la presse, a fini par convaincre la communauté nationale et internationale du «règne» d’une justice des vainqueurs en Côte d’Ivoire. Des propos qui en disent long. On se rend compte que l’enquête concernant le ministre Tagro n’avance pas, alors que toutes les autres procédures avancent à un rythme accéléré.

S’agissant de l’enquête concernant le ministre Tagro. Le ministre Tagro est décédé dans des circonstances non encore élucidées. Mais, il faut éviter les amalgames. Le ministre Désiré Tagro a trouvé la mort à la résidence du président de la République. Ce jour où il trouvait la mort, le principal champ de bataille à Abidjan, c’était le domicile du président de la République. Et comme c’est une personnalité de l’Etat, j’ai ouvert une information pour que le juge d’instruction cherche à savoir les causes de sa mort. A-t-il été capturé et abattu froidement ? A-t-il pris un coup malheureux parce qu’il se trouvait sur le champ de bataille ? Ou a-t-il été touché d’une manière ou d’une autre ? C’est différent du cas des gens qui se retrouvent paisiblement dans un hôtel situé loin du champ de bataille et qu’on vient enlever pour aller torturer et assassiner.

Quand on parle de justice à double vitesse, il faut éviter les amalgames. M. Yves Lambelin n’était pas sur un champ de bataille. Ses compagnons non plus. Ils ont été soustraits d’un hôtel où ils avaient trouvé refuge et ils ont été assassinés. Le ministre Tagro se trouvait à l’endroit où se trouvait les combats. Et comme c’est une personnalité, je voudrais savoir les circonstances exactes de sa mort (…). Je voudrais attirer l’attention de tous nos compatriotes sur un fait. Une enquête n’est pas un jeu. Nous avons vu dans cette Côte d’Ivoire, des gens qui après avoir perdu les élections se sont mis avec une frange de l’armée, des mercenaires étrangers et des miliciens. Nous étions tous à Abidjan, ces gens massacraient la population. D’autres personnes sont arrivées pour mettre fin à ces crimes. Et puis au même moment, on demande de poursuivre ceux qui sont venus mettre fin à la forfaiture… Qui ignorait ce qui se passait à Yopougon. Chérif Ousmane vient avec ses éléments et met fin à ces tueries. Et puis des gens sortent d’on ne sait où, ils recueillent les témoignages tronqués des parents des miliciens et autres. Pour venir dire que c’est eux (Chérif Ousmane et ses hommes, ndlr) qui ont commis les massacres. Depuis quand avez-vous vu ça ? C’est comme si on reprochait à des gens d’être venus mettre fin à ces tueries. Je le dis et je le répète, personne n’est au dessus de la loi. Si dans les investigations je découvre que ceux qui sont venus en sauveurs ont outrepassé leur droit et qu’ils ont commis les mêmes faits que d’autres, on les poursuit. Mais ne me demandez pas de faire de l’équilibrisme. Comme on a arrêté Dogbo Blé, allez-y arrêter Chérif Ousmane, depuis quand avez-vous vu ça ?

Est-ce un sentiment personnel que vous exprimez ou vous basez sur un fondement juridique?

Ce n’est pas un sentiment personnel. Cela relève de la logique humaine. (Le procureur s’énerve) on me demande d’enquêter sur des bases. Connaissez-vous le droit qui enseigne ce que vous me demandez-là ? On me dit que le procureur de la République est chargé, entre autres missions, de constater les infractions et de prendre toutes mesures pour retrouver les auteurs. Y a-t-il eu oui ou non tuerie ici, y’a-t-il eu oui ou non tentative de confiscation du pouvoir ? Je l’ai toujours dit, quand dans un Etat organisé, des individus se lèvent et proclament un citoyen président en dehors des règles établis, ça n’a pas un autre nom, c’est un coup d’Etat. Le Conseil constitutionnel est une institution respectable, mais au regard de l’article 64 de la constitution, il n’a pas de pouvoir d’annuler les suffrages des régions et proclamer celui qui a été battu dans les urnes vainqueur. Et si le Conseil constitutionnel l’a fait ainsi, c’est que ses membres se sont associés à un coup d’Etat.


Yao Paul N’Dré sera-t-il donc poursuivi (les journalistes en chœur)?

(Esquivant cette question pertinente) Si vous voulez une interview, venez me voir à mon bureau, je vous accorderai l’interview et vous me poserez toutes les questions que vous voudrez. Je ne fuis pas les débats et vous savez que chaque fois qu’on m’a sollicité, j’ai répondu favorablement. Je ne crains rien dans ce sens.

Porpos recueilli par

Frank Toti

Source: Le Nouveau Courrier/infodabidjan

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