jeudi 22 septembre 2011

Tueries à Taï: Voici l’histoire authentique de l’attaque


Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, le village de Nigré, dans la sous-préfecture de Taï, a été attaqué par des hommes armés jusque-là non encore identifiés selon les sources officielles. Mais, sur place, les assaillants ne seraient pas aussi inconnus des populations comme veut le faire croire le pouvoir.

Le village de Nigré, dans la sous-préfecture de Taï, a été attaqué dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 17 septembre dernier, par un commando qui a fait 17 morts dont 16 villageois et un élément des Frci.

Moins de 24 heures après cette tuerie, des sources officielles ont dénoncé une incursion de mercenaires venus du Liberia pour endeuiller cette localité située à 25 kilomètres sur l’axe Taï-Tabou, à la lisière du fleuve Cavally. D’autres plus zélées parlent de partisans du président Laurent Gbagbo transformés en mercenaires.

Et pourtant, à Taï, ce n’est pas ce qu’on raconte. La population a une tout autre version qui semble être plus proche de la vérité.

En effet, des sources au sein des habitants de Taï en général et de Nigré en particulier expliquent que les bourreaux des pauvres villageois sont ceux-là même qui crient aujourd’hui au loup, c’est-à-dire les Frci. La version d’un habitant de Nigré confirmée par une autre de Taï affirme que cette attaque trouve son origine dans la décision prise par le village sinistré de s’opposer désormais aux attaques et autres rackets des éléments des Frci.

Taï est situé à 602 kms d’Abidjan. Les villages de cette sous-préfecture qui, pour certains, sont situés dans des zones enclavées, font l’objet d’incessants rackets de la part des FRCI. Par exemple, tout camion vide qui traverse la zone doit payer 15.000 Fcfa. Quand il est chargé, il paie plus cher en fonction de ce qu’il transporte.


Le racket a atteint un seuil si inquiétant que même les personnes à pied sont régulièrement rackettées. C’est pourquoi, les populations ont décidé de faire quelque chose pour y mettre un frein.

Ainsi, le mercredi 14 septembre, une grande rencontre a été organisée à Taï pour décider de la conduite à tenir. Le lendemain, à Nigré, les Frci, avec à leur tête un certain Lt Yah Roger, organisent à leur tour une réunion pour prendre des décisions en vue de contre-attaquer. Personne ne sait ce qui a été arrêté lors de cette rencontre. Mais, une chose est sûre, quelques heures plus tard, le village de Nigré est attaqué par des personnes qui portaient des cagoules. Bilan : 17 morts dont un élément des Frci qui aurait été abattu par ses propres amis parce qu’au cours de la réunion tenue avec ses camarades, il s’est opposé catégoriquement à ce funeste projet.

Quant aux villageois tombés sous les balles des assaillants, ce sont curieusement ceux qui étaient les plus virulents lors de la réunion de Taï qui a décidé de mettre un terme aux exactions des hommes de Ouattara.

Nos sources à Taï nous informent même que le vendredi 17, le chef de village de Nigré, Diaï Zouzou Benoît, est pris à parti par des éléments Frci. Il est copieusement tabassé puis des armes sont brandies comme étant celles trouvées dans sa maison. En réalité, ces armes n’appartiendraient pas aux vieux Diaï. Elles auraient été placées là pour avoir une occasion de l’accuser et le réduire au silence car il en sait beaucoup. Ses cinq fils, au courant de toutes ces manoeuvres, auraient voulu lâcher le morceau. Mal leur en a pris. Ils sont conduits au cimetière. Quatre sont exécutés sous les yeux de leur père. L’un d’eux réussit à s’enfuir. Les bourreaux de ses frères ne réussissent pas à le rattraper. Mais il se refugie à la brigade de Taï. Quant à son père, il a été déporté à Taba, à quelques kilomètres de Tabou, accusé qu’il est désormais de détenir des armes chez lui.

L’affaire est un secret de polichinelle à Taï. Tout le monde est au courant. C’est pourquoi, les villages les plus déterminés à parler sont régulièrement visités. D’autres comme Zriglo, Gowin et Nigré sont sous haute surveillance pour éviter que les témoins ne lâchent le morceau.

Koné Modeste

Source: Notre voie/infodabidjan

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