jeudi 1 septembre 2011

Un officier Fds “crache” ses vérités à Ouattara


Appelons-le Commandant Gbagbadè Ladizaclé. Pour des raisons de sécurité. Ce haut officier des ex-Fds, exilé au Ghana que nous avons rencontré est en colère. Dans cet entretien, l’homme fait l’éclairage sur les fausses rumeurs de coup d’Etat qui pourraient venir du Ghana. Non sans menacer…

Il est évident que vous vous retrouvez ici au Ghana depuis la crise post-électorale. Peut-on savoir comment vous êtes sorti de la Côte d’ivoire ?


Je suis sorti du pays le 17 avril 2011. C’est vous dire que j’étais au fait de tous les combats qui ont eu lieu depuis l’invasion des rebelles d’Alassane Ouattara à Abidjan. Je suis arrivé au Ghana par la mer avec une pirogue à moteur. Les conditions de vie ici au Ghana sont difficiles mais il est mieux d’être en vie que de se faire décapiter par les hommes de Ouattara.

Vous indiquiez à l’ instant que les conditions de vie sont difficiles. Pourquoi ne retournez vous pas au pays comme le demande le chef de l’Etat ?

Il est mieux de souffrir ici que d’aller se mettre dans la gueule du loup. Retourner en Côte d’ivoire, c’est prendre rendez avec la mort.

Avez-vous les preuves ?

Ceux qui sont partis avant nous sont morts. Et dernièrement, il y a des gens qui sont partis et qui ne sont pas encore rentrés. Alassane a envoyé des émissaires pour tromper le colonel-major Konan qui jusque-là n’est pas encore rentré avec la délégation qui l’accompagnait. Vous savez très bien ce qu’ils ont fait du journaliste Hermann Aboa. Qu’Alassane Ouattara arrête de tromper la vigilance des gens. Les Ivoiriens ne sont pas dupes.

Est-ce vrai que le Cdt Konan n’est pas encore de retour sur le Ghana depuis qu’il est parti en Côte d’ivoire?

Konan est un militaire exemplaire de l’Etat de Côte d’Ivoire. De tous, il est le seul qui a démontré sa loyauté aux institutions de la République. Par conséquent, lorsqu’ il est à un endroit, tout le monde est informé de sa présence. C’est vous dire qu’au Ghana nous savons tous les mouvements d’entrée et de sortir de nos «gars». Je fais le pari de mettre ma main au feu pour assumer mes propos. Le Cdt Konan n’est pas encore rentré au Ghana.

Pensez vous qu’il a été pris dans un piège ?

Oui, en effet, je le pense. Il estentre leur main car ils ne peuvent pas le laisser revenir. Je le dit haut et fort Konan Boniface n’est pas encore ici au Ghana.

Que pensez-vous du processus de réconciliation ?

Je ne crois en rien qui puisse venir d’Alassane Ouattara. C’est quelqu’un qui est dans le faux. Il faut même douter de son bonjour. Et aucun ivoirien ne saurait aller se livrer aux Burkinabé, Maliens, Guinéens qu’Alassane qui forment la rébellion.

A votre avis, Alassane Ouattara doit-il craindre un coup de force venant du Ghana ?

Celui qui règne par l’épée mourra par l’épée. Ça Ado le sait. Et sa crainte est fondée parce qu’il a plus peur des Ivoiriens qui ont trouvé exil ailleurs. Car parmi eux, se trouvent des têtes pensantes. Voilà ce qui trouble son sommeil.

L’Ambassadeur Ehui Bernard vous apporte-t-il son soutien ?

Ehui Bernard n’est pas la personne indiquée pour nous apporter son soutien. C’est un suppôt d’Alassane. Et sa mission ici est bien définie. Il a même créé une association de réfugiés fictifs pour rapatrier les Ivoiriens. C’est un homme politique et non un ambassadeur de carrière. Il commet tellement de vice de procédure en poussant les réfugiés à la faute.

Parlez-nous de ces associations dites fictives…


Les membres de ces associations sont composés des jeunes du Rhdp. Alassane aurait demandé à ces jeunes, de sortir du pays depuis 2000 et 2002 afin de salir le régime du président Laurent Gbagbo. Ces derniers n’ayant pas été reconnus par les autorités ghanéennes et togolaises, ces pseudos réfugiés sont revenus à la charge depuis les derniers évènements en Côte d’Ivoire. En réalité, ces refugiés sont des espions d’Ado. Et ils fabriquent toutes sortes d’informations erronées.

C’est ce qui justifie les incessantes rumeurs de coup d’Etat provenant du Ghana ?

Exact. C’est d’ailleurs de ça qu’ils vivent. Donc ils sont tenus de faire un point de la situation à leur patron.

Les informations qu’ils ventilent sont-elles fondées ?

Négatif. Comment voulez-vous que des gens qui peinent à joindre les deux bouts puissent penser à un coup d’Etat. Pour faire un coup de force, il faut avoir de l’argent et des parrains comme Nicolas Zarkozy et Barack Obama. Nous ne pensons pas àça. Le président Gbagbo n’est pas un adepte de coups d’Etat. En son temps, on lui avait suggéré de faire un coup de force au président Houphouët, mais il a refusé.

Vous disiez tantôt qu’il y a des infiltrés dans vos rangs. Comment entendez-vous gérer cette situation ?

Il faut craindre que la gestion de cette situation ne vire au drame. Nous sommes en terre étrangère. Mais si les gens nous poussent à bout nous serons tentés de réagir vigoureusement parce que notre sécurité en dépend.

Nous avons appris qu’il y a un Lt-colonel prénommé Julien qui aide les Ivoiriens désireux de rentrer en Côte d’ivoire. Que savez-vous de ce dernier ?

Depuis la situation de crise que nous avons connue, nous arrivons à distinguer les vrais militaires des faux. Lorsqu’ on occupe un poste tel que celui du Lt-colonel Julien, on se doit de se mettre au service des siens, en garantissant leur sécurité. Mais, non ! Ce monsieur fait partie des militaires qui ont retourné leurs vestes pour se retrouver du côté de la rébellion. Et ils continuent leurs sales besognes jusqu’ici. Julien avait été affecté par le président Gbagbo auprès de l’ambassade de Côte d’ivoire, au Ghana. C’est un attaché de défense. Dernièrement, nous l’avons aperçu avec ses collaborateurs à «Ghana refugees board», en train de demander, aux Ivoiriens d’aller se faire enregistrer à l’ambassade de Côte d’Ivoire afin de retourner au pays. Ce, en promettant de remettre à chacun, la somme de 75 000 Fcfa. Soyons sérieux ! Est-ce la meilleure façon de demander aux Ivoiriens de retourner chez eux ? Je pense que non. Car Julien ignore véritablement l’ampleur de la situation. A-t-il vraiment souffert de la guerre ? Je n’en crois pas. Sinon, il n’agirait pas de la sorte.

Si vous vous retrouvez face à face avec le président Alassane Ouattara, que lui diriez-vous?

Je lui demanderai d’arrêter de faire tuer les Ivoiriens. (Il sort un manuscrit préparé et nous le lis) «Tout régime qui tue, crée des refugiés et par conséquent la tombe de son règne car le sang de tous ceux qui sont morts qui crie vengeance, est une malédiction pour sa survie».

Quand comptez-vous rentrer en Côte d’ivoire ?

Au moment opportun. Mais la première condition est que la paix revienne définitivement. Dites à Ado de s’arranger (le ton est grave) pour que le président Gbagbo ne meurt pas entre ses mains. Si Gbagbo meurt, (le ton de plus en plus grave)… Il faut qu’il évite d’aller à la faute. Il est manipulé certes par les occidentaux. Mais, il est temps qu’il ouvre les yeux et d’arrêter de faire la chasse aux sorcières. Surtout sur la base ethnique. Dobé Gnoléba, Dagrou Loula, Daly Oblé, Désiré Tagro, Boga Doudou et le colonel major Gohourou sont pour la plupart des Bété qui ont trouvé la mort. Dans leur rang, quel est ce cadre qui a été tué ? Nous savons tout ce qui se passe. Mais un jour ! Les anglophones disent One day ! Il va payer tout cela. Qu’il arrête de croire que les militaires français vont le soutenir tout le temps (…). (Il sort de nouveau son manuscrit et nous lis un extrait) «La guerre en Côte d’ivoire est le fait que les enfants des peuples tels que le Mali, le Burkina Faso, la Guinée veulent gérer le pouvoir d’Etat au détriment des fils des propriétaires terriens». C’est ça notre problème (…). Comprenez que c’est une guerre des enfants des étrangers contre les enfants authentiques de ce pays. Il y a beaucoup de choses que je suis tenté de dire mais je vais m’abstenir…

Pourquoi ?

N’insistez pas, car le reste est à venir. Tout ce que nous exigeons de ce pouvoir, c’est de libérer le président Gbagbo. Le jour où ils le feront, tous les fils qui ont fui le pays seront heureux de regagner leur terre d’Eburnie sans heurt. S’ils veulent de la paix vraie et aller à la réconciliation sincère, ils doivent libérer Gbagbo.

Interview réalisée au Ghana par : Atb

Coll : Deadly Snake.

Source: Le Temps

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