jeudi 20 octobre 2011

GUERRE EN LYBIE ET EN CI: LES REVELATIONS D’UN OFFICIER RUSSE.


Elie Korenev est un officier russe. Au coeur de la guerre en Lybie, Il raconte les infimes détails la conspiration contre Kadhafi.
Comment es-tu arrivé en Libye? La Russie ne refuse-telle pas son soutien à la Libye?


Elie Korenev: Une mission à Alger à la représentation commerciale qui a débuté au printemps dernier. La tâche principale était d’arriver à tripoli. Par des accords passant par l’ambassade, par la caravane comme on dit, j’ai fini par parvenir au Qg de Kadhafi. Nous nous sommes mis quasiment immédiatement à la préparation individuelle du corps de la 32e brigade renforcée à la tête de laquelle se trouve Hamis Kadhafi. Formation et entrainement aux combats urbains. Que retenir tripoli sera impossible est devenu clair en juin-juillet. C’est pourquoi nous nous sommes mis à former de petits groupes autonomes aux affrontements urbains et de campagne, en consacrant une grande part à la formation aux opérations de sabotage. Les soldats de la 32e sont bien préparés. Certains ont fait des stages

chez les Sas, d’autres en France, mais c’est l’école militaire russe qui jouit d’un respect particulier en Libye. La tactique de conduite de combats est issue de la deuxième guerre mondiale, enrichie de l´expérience en tchétchénie. De petits groupes de 20-30 personnes attaquent des colonnes militaires, minent le site et après des actes de sabotage, ils quittent les lieux pour des abris plus sécurisés.

Tu dis «nous»? «Nous» c’est la Russie, ou tu sous-entends quelqu’un d’autre qui était avec toi en Libye ?

Elie Korenev: Évidemment que je n’étais pas seul là-bas. Tout ce que je peux dire c´est que des gars de chez nous sont auprès de Kadhafi. De russie comme des ex-républiques, pour la plupart des officiers à la retraite ou des spécialistes dans des domaines précis.

Tu ne m’as pas répondu, pourquoi t’a-t-on envoyé à Tripoli alors que le gouvernement de la Fed. De Russie a officiellement déclaré que Kadhafi devait partir ?

Elie Korenev: Qui peut interdire à un fonctionnaire haut placé de commanditer un subordonné en mission à Alger ? Pour une collaboration militaro technique par exemple? Les instructions orales avant le départ quant à elles ne sont pas destinées à des oreilles tierces. Mon travail est évalué selon les résultats et non selon des comptes rendus. Les professionnels comprennent que l’attaque contre la Libye fait partie de tout un ensemble de plans savamment programmés. Les suivants sont la Syrie, Alger, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Asie Centrale et la Russie. Peu importe dans quel ordre. Bien que le tour de la Russie sera probablement le dernier. Pour le moment on tente de la harceler à travers des régimes de marionnettes qui lui sont hostiles, à travers des radars et des bases militaires, contribuant ainsi à la corruption et aux humeurs de rébellion dans le pays.

Restes-tu en service après cette mission ?

Elie Korenev: J’ai déjà donné ma lettre de démission. Je sais que mon dossier personnel est quelque part sur un bureau, se faisant examiner. Sûrement pas pour me décorer. Mais mon service est assez long et méritoire, j’ai un logement, pas de famille et je ne compte pas rentrer en Russie pour le moment. Beaucoup de choses ont changé cette année, j’ai pris un certain nombre de décisions me concernant. Ce n’est pas un bout de papier qui mettra fin au fait que je suis un militaire.

Fort de Brest à Tripoli. Tu dis que conserver Tripoli était impossible. Quelle a été l’erreur commise dans la défense?

Elie Korenev: Ce n’était pas une erreur de défense, mais d’appréciation du conflit. Kadhafi vivait dans deux mondes parallèles. Il ne menait pas une politique comparable à celle de la Corée. Là-bas personne ne cille, ils maintiennent leur cap. Kadhafi, lui, ne croyait pas à l’attaque de son pays jusqu’au dernier moment. Même à la mi-août, quand Tripoli et les autres villes soutenaient le feu des missiles, il continuait ses pourparlers avec Sarkozy et Berlusconi. Eux continuaient à le baratiner, lui disant qu’il n’y aura pas d’opération terrestre à Tripoli. Il y a quelques années il a été proposé à Kadhafi de créer un système puissant de défense anti-aérienne.

A l’époque c’était possible par le biais des ex-républiques soviétiques. Mais il considérait que cela ne ferait qu’attiser les USA et l’Europe. Or, je répète, l’Italie, la France et même le Grande Bretagne lui assuraient qu’il n’y aurait pas d’opération terrestre. Une trop longue observation des officiers libyens félons aussi a été une grande erreur. Il aurait fallu les arrêter immédiatement, ne laissant pas la peste se répandre impunément. Mais Kadhafi voulait laisser le temps à un plus grand nombre de traitres de se révéler. Cette indécision a fait que quelques-uns

d’entre eux ont subtilisé quelques millions et se sont joints aux rebelles. Imaginez, il pleut, vous prenez grêle et pierres sur la tête déjà et vous continuez à dire que ça va aller, que le pire sera évité. Y en aura-t-il beaucoup que vous réussirez à convaincre ? Surtout si parmi eux se trouvent précisément les premières et les principales cibles des ennemis? Le facteur humain est ce qu’il est.

Comment avez-vous pu quitter Tripoli en vie ?

Elie Korenev: Grâce à Al jazeera et Cnn, quand nous avons vu les images de victoire des rebelles bidouillées au Qatar. L’existence des décors de carton-pâte de Doha était déjà connue, ainsi que ceux à quoi ils étaient destinés. Ce sont ces images qui ont servi de signal d´attaque pour les rebelles et les saboteurs. Elles ont été suivies de mise en place de barrages routiers par des cellules de rebelles jusque là dormantes, de raids dans les Qg et les logements personnels des loyalistes. Les paras des coalisés ont débarqué dans le port. Un des flancs de l’armée régulière a cessé de répondre. Le général Eshkal s’est rendu sans combattre. Kadhafi a ordonné à son armée de quitter les lieux, de ne pas éteindre le feu par le feu. De ne pas transformer tripoli en un chaudron

de l´enfer où militaires comme civils seraient au four crématoire. Quelques centaines de kamikazes ont refusé cet ordre et sont restés dans la ville dans une tentative de faire supporter des pertes maximales à l’ennemi, le détourner de la poursuite de Kadhafi et du commandement. Ils continuent à ce jour à résister. Cela fait plus d’un mois que les intégristes ne peuvent pas mettre leur nez dans certains quartiers de tripoli. C’est leur choix, c’est leur ville et je les comprends. L’attaque avait commencé. Nous avions quitté la résidence de Babel-Azizya pour une petite maison au sud de la capitale. En quelques heures à bord de plusieurs véhicules, pour nous mettre en sécurité. Il était temps. Trois bunker-busters Gbu ont défoncé la résidence peu après notre départ. Nous étions à bord de jeeps ordinaires, absolument pas des Mercédès spéciales, ni rien de tel. Nul n’avait besoin d´attirer l’attention, bien que je ne doute pas une seule seconde que les américains savaient où se trouvait Kadhafi. Les missiles et les bombes arrivaient toujours 5mn après notre départ, comme pour nous dire qu’ils savaient où il était et pouvaient le détruire à toute heure. A croire qu’il existe encore un veto opposé à son extermination. Ce à quoi est accordée la plus grande importance ce sont les guerres psychologiques et d’information.

Les membres de la famille de Kadhafi restés en Libye, restent-il ensemble ?

Elie Korenev: Non, la famille de Kadhafi s’est séparée quasiment immédiatement. C’était la décision la plus évidente. Les gens simples de Libye disent que même si Kadhafi ne revient pas, un de ses enfants le fera immanquablement. Actuellement certains sont en Tunisie, d’autres en Algérie ou au Niger. Mais les frontières sont poreuses. Hamis est près de tripoli pour continuer à organiser la résistance. Saïf est à Baní Walid. Ni le colonel ni ses enfants ne restent en place, ils se déplacent en permanence. Le plus difficile est le maintien du contact. Les ondes sont contrôlées tout le temps, humainement et par des moyens techniques des coalisés. J’aurais aimé, mais je ne pouvais transmettre ni de photos ni de vidéos. Ça demande plus de temps que la simple émission de données texte. L’accès à internet était rare, l’Otan connaissait approximativement nos déplacements et bloquait l’accès à la toile.

Oui, les photos des prisonniers anglais nous ont beaucoup manqué. Comment est-ce arrivé? Comment avez-vous su qu’ils étaient des Sas ? Ils n’avaient quand même pas leurs papiers sur eux ?

Elie Korenev: Des photos, y en aura. Les prisonniers-mêmes et l’humiliation publique sont toujours des arguments valables. A la guerre comme à la guerre, mais la table de négociations n’est jamais loin. Plus on a de jokers, plus le dialogue est facilité. C’était un groupe de sabotage d’une trentaine de personnes. La plupart de l’armée qatarie, 13 Anglais et Français. Ils réalisaient une exploration approfondie, apparemment avant l’attaque de Baní Walid et ne connaissaient pas bien les environs. C’est là que les habitants du coin nous ont informés qu’ils erraient par là-bas. Nous les avons capturés. Les qataries ont été exécutés sur le champ. Ils sont profondément haïs. «Comment un musulman peut-il arriver dans la maison d’un autre musulman et tuer sa famille ?» Là – «yaddam»,

comme on dit là-bas – exécution. Les anglais et les français ont été interrogés puis emmenés dans un abri. Qu’auraient-ils eu à cacher ? On a noté les noms, les matricules, les régiments, on les a photographiés et on a transmis par mail aux ministères des affaires étrangères britanniques et françaises. Avec une proposition de leur restituer les soldats sans conditions, simplement dans un lieu de leur choix en Libye.

D’ailleurs, le véhicule d’où ont été envoyés ces messages a été détruits par un missile exactement 5h plus tard, lors de son retour en ville. Preuve que les ondes étaient sous contrôle intensif et permanent. Quand la Grande Bretagne a refusé de récupérer ses hommes, nous avons envisagé de les emmener à Alger, pour y organiser une conférence de presse et les montrer au monde entier. Je me trouvais dans la colonne de Moussa Ibrahim en direction d’Alger pour l’organisation de la conférence de presse. Il y a eu de nombreuses complications diplomatiques, aucune possibilité dans la capitale, seule un site proche de la frontière pouvait accueillir l’évènement. En route, nous avons été mitraillés par des hélicoptères. L’explosion m’a soufflé hors de la plateforme arrière de la jeep. Ce sont les combattants touaregs qui m’ont ramassé et aidé à passer la frontière. C’est de là que j’ai été évacué pour être soigné ici. On ne peut pas dire que tout s’est passé sans surprises, mais je suis en vie.

Y a-t-il une menace pour la Russie du côté de l’Otan et des Usa ?

Elie Korenev: Sans aucun doute. En première phase il n’y aura pas de confrontation ouverte. Leur objectif premier est de déstabiliser le pays à l’aide d’islamistes radicaux pour plonger le sud de la Russie dans une guerre civile. Actuellement des musulmans intégristes arrivent au pouvoir au Maghreb. Des gens d’Al Qaïda et autres groupes extrémistes. La distance de la Russie à la Méditerranée est bien plus courte qu’à l’Afghanistan, et les massifs montagneux plus petits et moins hauts. C’est tout bénéfice pour les USA et pas du tout pour l’Europe et la Russie. Abdel Hakim Belhadj, le commandant militaire de Tripoli prétend jouer le premier rôle dans le nouveau gouvernement libyen. C’est également la personne la plus haut placée du Groupe Islamique des Combattants Libyens, reconnu groupement terroriste par le département d’état américain.

Pas d’autres prétendants ?

Elie Korenev: Si ! Le colonel transfuge Halifa Haftar, ayant vécu 20 ans aux USA. Ex-juge militaire sous Kadhafi, Mouhammar Bashir al Haddar. Pour faire court, Belhadj est le pion du Qatar. Al-Haddar, oligarque de Misrata, celui de la France. Haftar, oligarque de Benghazi, celui des USA. Si Belhadj arrive au pouvoir, et ce sera le cas, il sera reçu dans les capitales du monde entier. Ça va en jeter, un combattant islamiste, lié aux intégristes caucasiens viendra serrer la pince au président Russe. Mis à part la venue des intégristes en Libye, on y assiste également au pillage des armes des entrepôts de l’armée libyenne. Dont la plus grande partira dans le Caucase. Des ports de l’Afrique du Nord aux côtes caucasiennes – pas plus de 48 heures de trajet. C’est une honte que ceux chargés de la sécurité dans notre pays ne sont même pas capables de lire les comptes rendus des analystes de l’Otan, attirant l’attention sur la menace que représente l’exportation illégale des armes libyennes.

En quoi la guerre en Libye est-elle unique? En quoi se distingue-t-elle des conflits armés auxquels tu as participé ?

Elie Korenev: Chaque guerre est unique. En Libye c’est par son éclectisme qu’elle est unique. La propagande de masse de la deuxième guerre mondiale, le brûlage des terres comme au Vietnam, la subornation et la désertion comme en Irak. Elle a aussi ses «partisans biélorusses». Comme toujours meurent beaucoup de civils. Ce en quoi elle est unique, c’est qu’on a aux extrêmes d’un côté des touaregs avec des carabines de 1908 et des amazighs avec leurs machettes, de l’autre des bombes et des missiles à guidage laser et des drones de reconnaissance. La technologie aux prises avec l’éternité. En termes de territoire sur lequel se déroule le conflit, c’est indubitablement le plus grand depuis la deuxième guerre. En termes d’intérêts en conflit, s’ils ne dépassent pas en nombre ceux de la deuxième guerre, ils sont au moins à égalité. Les facteurs psychologiques et médiatiques sont colossaux. Le ciel libyen déverse en permanence de la propagande et des tracts américains sur la population. Des reportages de lavage de cerveau réalisés par l’Otan sont continuellement diffusés par Al jazeera, bbc, Cnn, reuters. Des versions totalement falsifiées des faits sont répandues par les agents de la cellule «Peur et brouillard» en concertation avec les «Protecteurs unifiés» chapeautant le tout.

Quels sont les objectifs actuels des pro-Kadhafi ?

Elie Korenev : Ils sont fort simples. Ce sont des mathématiques pures. Pour 100% de population il y a toujours 5-10% d’opposition et 5-10% de loyalistes. Quoi qu’il se passe dans le pays, quelle que soit la manière dont le gère le chef, les uns s’y opposeront, les autres le soutiendront. Ni les uns ni les autres ne changent rien au fait. Les 80-90% restants de la population sont ceux dont l’opinion fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre. A l’aide de provocations habiles, de subornations subtiles, de propagande via les principaux médias occidentaux l’équilibre a été rompu. Là où les ennemis de Kadhafi ont raté leur coup, c’est d’avoir un peu trop tiré sur le balancier qui leur reviendra sous peu dans la figure avec la même force. Cela n’arrivera pas seulement dans le domaine militaire et politique. Je dirai même que cela ne se limitera pas au territoire libyen. Pour ces raisons, la tâche essentielle des jamahiriyens sera, comme lors d’un procès, la présentation minutieuse de preuves et d’arguments. Les gens en Libye sont ce qu’ils sont, mais savent très bien la différence entre le bien et le mal. La tâche sera au-delà de l’action militaire. L’action militaire ne sera qu’une petite cerise sur le gâteau. Elle dépendra du soutien des rebelles par l’Otan, soutien pour la plupart aérien et radiotechnique. Si ce soutien cesse ou diminue la quantité d’opérations aériennes de bombardement et la saturation par la propagande, faire sauter les clowns du Cnt sera un jeu d’enfant. C’est avec les intégristes que ce sera plus difficile. Ces gars d’Afghanistan et du Pakistan ne sont pas des enfants de chœur. Ils savent manier les armes. Et ils n’ont nulle part où aller, la Libye est une terre qui leur est étrangère. Des sociétés militaires privées vont vraisemblablement entrer maintenant sur le territoire pour assurer la sécurité des raffineries et des oléoducs. On sait déjà que c’est le cas à Brega et Ras Lanouf. Les paras tentent d’y descendre et s’y positionner. Pour l’instant sans succès. La cible minimum est donc de faire exploser ces sites en continu. Protéger ces sites des roquettes en provenance du désert est impossible. L’Europe doit comprendre que chaque baril de pétrole lui reviendra au prix fort. En termes d’argent et de vies humaines. Les sociétés militaires privées n’ont pas de cause, elles comptent décupler leurs tarifs à toutes les occasions jusqu’à épuisement du budget commanditaire. Y positionner l’armée régulière serait idiot, elle a d’autres fonctions.

Qui les libyens soutiennent-il finalement ? Kadhafi ou le nouveau pouvoir ?

Elie Korenev : je ne me hâterais pas à dire du «nouveau pouvoir» que c’est un pouvoir. Bien sûr les gens simples soutiennent ceux qui leur permettent de se nourrir et leur offrent la sécurité. Des gens qui critiquaient Kadhafi en Libye il y en avait, c’est vrai. Mais c’était une opposition raisonnable, qui n’avait aucune intention de prendre les armes et mettre le pays à feu et à sang pour le libérer.,C’était une minorité. Le nouveau soi-disant gouvernement et encore moins les radicaux ne sont en mesure d’assurer la stabilité en Libye ni maintenant, ni dans un avenir proche. Pour une raison simple, c’est que la majorité de la, population est, si non pro-Kadhafi, tout au moins pro-époque-Kadhafi. Mais en orient ce qui décide au bout du compte c’est la force et l’argent. Si les loyalistes obtiennent des victoires significatives, le peuple les soutiendra. Pour l’heure quelques villes résistent et des attaques très osées des Kadhafistes ont lieu tous les jours, le peuple observe en pleine confusion, se demandant qui et de quoi les libérera-t-il. Comparant avant et maintenant. Et la comparaison n’est pas en faveur des nouveaux venus. Si Syrte et Baní Walid se rendent, l’opinion publique se rangera du côté des nouveaux venus. Par peur, puisqu’ils n’auraient pas un autre choix. Si les Kadhafistes parviennent à casser la désinformation et la propagande, à terme ils vaincront.

Que ressentent aujourd’hui les libyens ordinaires, pas les soldats de Kadhafi ni les rebelles ?

Le plus juste serait de dire qu’ils se sentent floués, roués, violés et aliénés. Imaginez qu’en 1991 l’Otan se soit mise à bombarder l’URSS sous prétexte d’aide humanitaire. Et que, les bombardements à peine terminés, de grosses compagnies internationales se soient précipitées pour se partager les entreprises d’Etat, le pétrole et l’industrie et que les popes intégristes se soient mis à défoncer les portes des habitations pour expliquer aux uns et aux autres comment vivre. Les popes ajoutant que le désaccord mérite la peine de mort. Les gens auraient attendu le retour de l’armée d’avant, dans la peur et le mutisme, signant tout ce qu’on leur demande pour survivre, pour manger, pour un peu d’eau ou d’électricité. C’est ainsi actuellement en Libye, mais au vu de l’énorme quantité de sang répandu, plus rien ne pourra jamais redevenir comme avant.

Tu parles arabe ?

Elie Korenev : «Men aaesh kouman arbain yaouman sar minhoum». C’est un proverbe arabe disant que «quiconque a vécu 40 jours avec un peuple en fait partie». Si je n’avais pas parlé arabe, je n’y serais pas allé. Les proverbes arabes sont assez amusants. J’en ai ajouté un dernièrement à ma collection : quand une fois de plus une centaine de ces rebelles s’est ruée dans le palais de réception des délégations étrangères près de Syrte, kalachnikovs et lance-grenades en main, la dernière chose qu’ils ont vu c’est une grande inscription sur le mur disant – «Aryan at-tez fahoua bitaam almiz» – proverbe des officiers irakiens, autrement dit – «Que venez-vous foutre là dans le mess des officiers, bande de trous-du-cul».


Quand comptes-tu revenir en Libye ?


Elie Korenev : Dans quelques jours je serai déjà dans un des pays limitrophes. Les frontières sont à 90% perméables. je suis en contact avec Hamis et les nôtres. Ils m’attendent.


Propos recueillis en Russe par le

Journaliste Alexander Grigoriev

du Journal russe Argumenti

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