samedi 8 octobre 2011

Transformation-des-frci-en-fanci-nicolas-sarkozy-exige-le-retour-aux-fanci

sarkouattaradeuxok
Getty Images
Plus le temps passe, plus les langues se délient dans les couloirs du palais présidentiel. Pour que les Frci deviennent Fanci, il a fallu que la France rappelle Ouattara à l’ordre.
Il n’aimait pas les Fanci, pourtant l’un des plus grands héritages d’Houphouët qu’il prétend vénérer. Dans ses campagnes de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, Ouattara s’offrait alors un grand plaisir à appeler cette armée nationale, «l’armée de Gbagbo.» C’est pourquoi au Golf hôtel, il baptise son armée Frci. A son arrivée au pouvoir, c’est le nom qu’il donne à l’armée nationale. Avec lui, plus de Fanci. On parle désormais de Force républicaine de Côte d’Ivoire. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Car désormais au pouvoir, il peut apporter les changements qu’il veut dans tous les domaines de l’État de Côte d’Ivoire. Mais avec les Frci, il y a problème. Car ils sont tout, sauf une Armée républicaine. Dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, jamais une armée n’a été autant championne des exactions et des graves violations des droits de l’Homme. Même l’horrible armée coloniale avec ses soudards baptisés gardes de cercles n’a fait autant. C’est en plus la première fois que le bon humour abidjanais baptise une armée d’une raillerie à connotation ethnique de «Frères Cissé.» Mais là n’est pas véritablement le problème. Même si chaque jour, les Frci multiplient les maladresses. Au point de causer des soucis à leur géniteur.


Il se trouve qu’au-delà de leur chef suprême abidjanais, cette armée devient aussi un problème pour la France. Cette fois ce ne sont pas leurs nombreux impairs qui donnent des soucis à Paris. Leur nouvelle appellation que l’humour ivoirien caricature merveilleusement avec un style très au vitriole, n’est pas fait pour plaire à l’Elysée. Pour la rue abidjanaise, le sigle Frci, c’est la «France reprend la Côte d’Ivoire.»
 Une belle caricature des visées impérialistes de l’Empire sur le continent. L’Elysée est en plus régulièrement tenue au courant par ses grandes oreilles à Abidjan, de l’opinion que les Ivoiriens se font de la nouvelle donne. Paris prend alors l’affaire au sérieux et décide de donner comme d’habitude, des consignes claires. Lors d’un de ses nombreux voyages à Paris, Sarkozy ne manque pas d’interpeller Ouattara à l’occasion d’une rencontre. Il lui demande la signification de Frci. Quand Ouattara lui répond «Force républicaines de Côte d’Ivoire», sa réponse ne fait pas attendre.

«Pourtant, toi-même tu as un parti politique en Côte d’Ivoire qui s’appelle Rassemblement des républicains. Mais est-ce que tu sais comment on les appelle à Abidjan ? Nous avons les rapports de nos services sur place. Les Ivoiriens appellent les Frci «La France reprend la Côte d’Ivoire.» Je ne veux plus ça. Il faut changer ce nom et revenir à l’appellation initiale de Fanci.»
A laissé entendre son ami président français qui ne voudrait plus que le nom de la France soit associé à des visées coloniales en Afrique. Message reçu cinq sur cinq par Ouattara qui visiblement, n’avait pas le choix. Car malgré les coups bas, l’Empire tient quand même à son honneur sur le continent. De retour à Abidjan, le pouvoir applique à la lettre la consigne du parrain. Les Frci prennent l’appellation Fanci au grand étonnement des Ivoiriens qui jusque là, attendent des explications sur ce retournement du moins spectaculaire de Ouattara. Car ce n’est pas ce qui était attendu. L’impression qui se dégage aujourd’hui est que le pouvoir a opéré ce changement contre son gré. Le nom a peut être changé officiellement. Mais dans les faits, ce sont encore les Frci. Et cela, même au niveau gouvernemental. Le ministre de la Défense, l’un des premiers responsables de cette armée continue encore de les appeler Frci. Alors qu’on suppose qu’il était au coeur de ce changement de nom. Lors de sa dernière visite à l’ouest, il a continué de narguer les populations en disant que les Frci c’est l’armée nationale par conséquent, elles se devaient faire avec. Pourtant, les populations de l’ouest posaient la question des exactions qu’elles subissent toujours de la part de cette armée de Ouattara. Doit on se permettre tout parce qu’on est armée nationale? Telle est la question qui lui est posée.
Heureusement que dans la conscience des Ivoiriens, les Frci ne seront jamais les Fanci, même si telle est la volonté de Sarkozy. Car il est su de tout le monde que les Fanci se sont taillé la réputation d’une armée qui a intégré les valeurs républicaines. Ce qui n’est pas le cas avec ces hommes de Ouattara.
Guehi Brence
Source: Le Temps

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