mercredi 2 novembre 2011

Blé Guirao crache ses vérités : « Non à la dictature du Pdci et du Rdr »

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C’est un Blé Guirao tout feu tout flamme qui tire à boulets rouges sur le Pdci, à travers son délégué départemental Dagobert Banzio, dénonce un complot ourdi contre lui au niveau de son parti, dans l’affaire Agefop, met en garde contre une implosion du Rhdp, interpelle Ouattara et Bédié, et se révolte contre la « gourmandise » de certains cadres issus de ces deux grandes locomotives du Rhdp.

Qu’est-ce qui explique le silence que vous vous êtes imposé ces derniers temps ?
J.B.G. : Je suis certes silencieux depuis quelque temps, mais pas inactif. Aussi bien ici à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, nous sommes restés actifs, bien que silencieux. Quand dans la vie d’un homme, des choses et des choses très graves vous arrivent, vous cherchez d’abord à comprendre. Et quand vous ne trouvez pas de solution, vous décidez de rester silencieux.

Quelles sont ces choses graves qui vous sont arrivées ?

J.B.G. : Je voudrais vous rappeler qu’à la vieille du lancement du second tour de la campagne, du candidat du Rhdp, le candidat Alassane Ouattara, j’ai été agressé par plus 200 jeunes, devant le siège du Pdci qui était le siège du Rhdp. Il y avait un affrontement entre nos militants et les étudiants de la Cité Mermoz. J’ai appelé le secrétaire général (Ndlr : de la Fesci) Mian Augustin pour intervenir et j’ai failli y perdre la vie ce jour, n’eussent été la vigilance et la promptitude de mes gardes du corps. Il s’en est suivi un voyage à l’Ouest pour les campagnes présidentielles où il y avait des affrontements entre miliciens, mercenaires de Laurent Gbagbo et nous. Après, il y a eu l’étape douloureuse de l’hôtel du Golf pendant six mois, la tentative avortée de l’installation de Brou Aka Pascal, ma maison a été incendiée, le 16 mars 2011, jetant toute ma famille dehors, mes parents assassinés à Bloléquin, le 8 avril 2011 ( mon frère cadet, son épouse, mon oncle, notre employé au village), en moins d’un mois, j’ai tout perdu. Il y a eu l’épisode douloureux de l’Agefop que je ne peux pas démontrer, mais que j’ai admis, comme étant un axiome. Quand vous avez vécu tous ces faits, si vous êtes un homme lucide, vous devriez marquer, un arrêt, un temps de silence pour vous interroger, pourquoi vous ?

En ce qui concerne l’Agefop, pouvez-vous dire aujourd’hui, ce qui s’est passé véritablement.

J.B.G. : Il y a eu un complot malsain contre moi. En interne, comme en externe, il y a eu un complot contre moi.

Un complot fomenté par qui ?

J.B.G. : Du dedans comme du dehors du parti, il y a eu un complot contre moi.

C’est-à-dire ?

J.B.G. : L’Agefop est une structure du ministère de l’Enseignement technique dont le ministère est dirigé par un cadre de l’Udpci, en l’occurrence Albert Flindé. Que s’est-il passé pour que ce ministre accepte que l’un des cadres de l’Udpci a qui le poste de directeur général de l’Agefop a été promis, soit mis de côté au profit d’un militant du Rdr ?

Qui a promis ce poste à Blé Guirao ?

J.B.G. : L’Agefop est placée sous la tutelle du ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Donc, c’est le ministre Albert Flindé qui a promis ce poste à Blé Guirao et le président du Parti, Albert Mabri Toikeusse, a accepté que ce poste me revienne. Qu’est-ce que a donc pu se passer pour que le poste qu’on m’a promis, dès le 4 juin 2011, c’est-à-dire trois jours après la formation du gouvernement, aille à un militant du Rdr ?

Donc, pour vous, cela est un indicateur de ce qu’il y a eu un complot contre vous fomenté au sein de l’Udpci ?

J.B.G. : Aujourd’hui, six mois après, je peux affirmer, sans me tromper, qu’il a eu bel et bien eu un complot contre moi du dedans comme du dehors. Ce complot puise ses racines et ses tentacules à l’Udpci.

Avez-vous échangé avec le président du parti, Mabri Toikeusse sur cette question ?

J.B.G. : J’ai échangé avec le président Mabri. Il m’a dit ses regrets. Mais je ne peux pas exposer le contenu de ces échanges ici. Ce qui est important dans un parti politique, c’est le travail. Et j’ai décidé de travailler pour l’avenir.

Des militants de l’Udpci, issus du Moyen-Cavally, estomaqués par ce complot contre vous, avaient demandé des comptes au président du Parti, Albert Mabri. Une démarche qui semble l’avoir choqué, parce que l’ayant perçue comme un acte de rébellion ?

J.B.G. : Je voudrais en profiter pour dire merci à tous mes frères du Moyen-Cavally ( Toulepleu, Guiglo, Bloléquin et Duékoué), pour leur démarche militante et fraternelle. C’est cela la fraternité. Leur geste me va droit au cœur. Je ne pense pas que le président Mabri n’ait pas apprécié cette démarche. Ce sont les interprétations autour du président Mabri qui ont fait croire que cette démarche des militants étaient malsaines. Je crois que le président Mabri était peiné que nous ayons perdu ce poste important de directeur de l’Agefop. Aujourd’hui, les populations sont fâchées qu’on ait pu refuser ce poste à un cadre de l’Ouest or Laurent Gbagbo, pour avoir la faveur des gens, avait nommé et fait la promotion de nombreux cadres.

Qu’est-ce qu’on vous promet aujourd’hui, vous qui dites avoir tant souffert et pour l’Udpci et pour le Rhdp ?

J.B.G. : Mon ami KKB a dit et je le cite : « Lorsque les hommes n’ont pas le temps de vous nommer, la seule chose qui vous reste, c’est de vous faire élire ». Je suis candidat pour le compte de l’Udpci aux législatives à Bloléquin. J’ai le soutien du Parti et je vais me faire élire. J’ai déjà déposé ma candidature qui a été acceptée.

Comment les composantes du Rhdp, notamment, l’Udpci, le Pdci, le Rdr et le Mfa comptent-elles s’y prendre?

J.B.G. : Nous avions pensé, à Bloléquin, que dans le cadre de ces législatives, les accords que les partis du Rhdp ont signés depuis 2005 allaient être activés. Nous, à l’Udpci, avons souhaité aller en rang serré, au Rhdp. Mais, le constat est que le Pdci ne joue pas franc jeu.

Alors, quelle est la situation ? Irez-vous en Rhdp ou en rang dispersé ?

J.B.G. : Les négociations que nous avions engagées ont abouti, en août dernier, entre le Pdci, l’Udpci et le Rdr. En politique, un accord, ça se conçoit, ça se signe et ça se respecte. Un politicien qui n’a pas le respect de la parole donnée, n’est pas un politicien digne de ce nom. Nous avions fait l’inventaire des trois postes électifs à Bloléquin. Banzio Dagobert ( Pdci), Bloadé ( Rdr) et Blé Guirao ( Udpci), nous nous sommes assis et nous avons dit : la mairie centrale devait revenir au Rdr, les mairies secondaires, notamment à Ziaglo au Pdci et celle de Doké à l’Udpci. Les deux postes de députés devaient revenir à l’Udpci et au Pdci.. Au niveau du Conseil général, nous avons décidé que la tête de liste soit issue du Pdci, à l’Udpci le poste de premier vice-président et au Rdr le poste de deuxième vice-président. Voilà le terme de nos accords. Aujourd’hui, le Pdci, à travers Banzio Dagobert, le délégué départemental, a commencé à piétiner cet accord. Nous avons tenu une réunion récemment au cours de laquelle, Dagobert Banzio m’a demandé de me retirer et que les deux postes soient au Pdci. Le ministre Banzio veut aller sur la même liste que Mme Oulaï Madeleine. Je signale que ce sont les deux députés sortants et qui font valoir des arguments fallacieux pour prendre les deux sièges. Je le dis et je voudrais que le président Alassane Ouattara m’entende. Il y a certains membres de son gouvernement qui utilisent le titre de ministre pour diviser la base. En agitant leur titre de ministre, automatiquement, ils disent être le choix de la base. Mais, une élection à la députation est une élection locale. Il est hors de propos que quelqu’un dise, « comme je suis ministre, je suis le choix de la base ». Malheureusement, c’est ce fait que Banzio utilise pour diviser les populations à la base. C’est faux et cela ne reflète pas la réalité. Malheureusement, certains de ses collaborateurs utilisent leur titre de ministre pour distraire les populations. Deuxième élément, le président Alassane Ouattara est un démocrate. C’est pourquoi d’ailleurs, il a mis le nombre des postes de députés à 225 et donc la compétition est ouverte. Pourquoi, autour de lui, il se trouve des gens qui font la danse des sorcières ?

Vous voulez donc dire que le Pdci est en train de tuer la dynamique unioniste du Rhdp à Bloléquin ?

J.B.G. : En tout cas, au niveau de Bloléquin, Dagobert Banzio est en train de tuer le Rhdp. Il sème la zizanie entre les différentes composantes du Rhdp et il sera à la base de la déflagration entres les militants. Si le Pdci et le Rdr ne sont pas prêts à mettre en œuvre les accords que nous avons passés, nous en tirerons les conséquences. C’est-à-dire que nous irons en rang dispersé. Le Rdr avait la même position que nous à l’Udpci. Mais nous venons d’apprendre que le responsable de ce parti est allé déposer ses dossiers à la Cei. Or, nos accords stipulaient que la mairie centrale allait revenir à ce parti. Le fait pour le Rdr d’aller à ces législatives veut tout simplement dire qu’il remet en cause ces accords. Je pense que d’ici-là, nous allons nous asseoir. Mais je préviens, si cet accord échoue, l’Udpci ne se mettra plus jamais dans un accord politique à Bloléquin. Si cet accord n’est pas respecter, l’Udpci n’ira plus à aucun accord à Bloléquin. C’est malsain ce qui se passe à Bloléquin.

Au-delà de Bloléquin, comment voyez-vous, au plan national, l’avenir du Rhdp, à travers ces législatives ?

J.B.G. : Il est aujourd’hui question d’appeler les Ivoiriens à voter massivement à ces législatives pour donner la majorité au président Ouattara. D’où vient le fait que certains pensent qu’il faut aller en rang dispersé ? Ceux qui ont cru au Rhdp, au second tour, comment pourront-ils se regarder aujourd’hui dans le miroir. Ceux qui ont été tués l’auront été pour rien finalement ? Nous ne devons pas trahir les Ivoiriens. Je suis encore à me demander si c’est la direction du Pdci qui a donné des instructions ou alors c’est le ministre Banzio lui-même qui a pris ses responsabilités à Bloléquin. Mais, que Banzio le sache. Aucune gourmandise, aucune intimidation ne pourront empêcher l’Udpci d’être candidat à Bloléquin. Nous ne savons pas si Banzio agit de son propre chef ou s’il est mandaté par Bédié.

Quelles sont les données statistiques en termes de poids de chacune des composantes du Rhdp ? On sait, par exemple, que le Pdci est assis sur un véritable matelas électoral assez épais, dans la région ?

J.B.G. : Au premier tour, sur 18.000 électeurs, le candidat du Fpi avait gagné à plus de 12.000 voix. Au second tour, le Pdci, le Rdr, l’Udpci, Mfa mis ensemble, ont 40 % des suffrages exprimés. Donc, nous avons été battus à Bloléquin. Cela veut dire qu’aucun des trois partis du Rhdp ne détient la majorité. Au Rhdp, l’accord voulait que le parti qui a eu le plus grand nombre de voix au second tour décide. Or, à Bloléquin, aucun des trois partis n’a eu la majorité, puisque nous avions été battus. Ceux qui croient que c’est parce qu’ils ont eu 2000 voix se trompent. Une élection présidentielle n’a rien à voir avec une élection locale. Mes parents qui m’ont demandé, il y a cinq ans d’être candidat, savent mon courage, mes ambitions pour le développement de Blolequin, mon parcours politique, ce que je représente et ce que je veux faire pour le département.

Quelles sont les chances de Blé Guirao face à Banzio et Oulaï Madeleine ? :

J.B.G. : Qu’on aille en rang dispersé ou en Rhdp, l’Udpci à toutes ses chances de prendre un ou deux sièges à Bloléquin. Je demande aux militants de ne pas être émotifs. Mes parents savent reconnaître le bien-fondé des actes que je pose. Pendant dix ans, j’ai constaté que des députés de Bloléquin passaient leur temps à attendre la fin du mois pour aller toucher leurs indemnités. Ils ne savent pas ce que veut dire être député de la nation. Il faut faire le bilan de nos élus qui ont plus de dix (10) ans au pouvoir à Bloléquin. Ces élus ont passé leur temps à empocher les indemnisés et leurs perdiems, sans s’occuper des problèmes des populations. Ces personnes ne méritent plus d’aller à l’Assemblée nationale. Nous voulons, aujourd’hui, des députés qui s‘occupent des problèmes de la nation.

Pensez-vous que ce qui se passe à Bloléquin où le Rhdp est au bord de l’éclatement est le symbole, voire un voyant de ce qui se prépare au niveau du Rhdp à l’échelle du pays ?

J.B.G. : Ce qui se passe à Bloléquin n’est que la face visible du malaise qui prévaut en ce moment au Rhdp. Depuis des mois, après des négociations, nous ne sommes pas capables de parvenir à un accord d’unité pour aller ensemble à ces élections. Aujourd’hui, ça continue de piétiner et les négociations se poursuivent. La plaisanterie a trop duré. Il faut que les présidents du Rhdp décident pour sauver l’union.

Qui bloque. Le Rdr, l’Udpci ou le Pdci ? Qu’est-ce qui pose problème ?

J.B.G. : L’Udpci n’a pas de problème… Nous voulons que notre union vive et Mabri est le symbole de la pérennisation de cette union en se conformant à l’esprit des accords qui ont été signés. Mais, les appétits mesquins, les comportements égocentriques, font que beaucoup de cadres des autres partis ne jouent pas franc jeu. Dans ces deux partis, on ne joue pas franc jeu. Il se trouve que, malheureusement dans ces partis là, des gens font des calculs mesquins parce qu’ils sont dans la théorie du fleuve de l’affluent. Ils veulent que nous restions petits partis à côtés d’eux. Je voulais interpeller tout le monde, toux ceux qui ont encore des oreilles pour entendre. Si le Rhdp va en rang dispersé à ces législatives, ce sera la mort de notre union et ce ne sera pas bien pour le président Ouattara.

Vous dites donc que l’Udpci est en train de subir la dictature des grands partis du Rhdp ?.

J.B.G. : Oui, c’est ce que nous constatons. Mais nous refusons de subir la dictature des grands partis du Rhdp. Nous refusons de subir la dictature du Pdci et du Rdr. Nous sommes dans une union par des accords. Nous voulons un respect mutuel entre les différentes composantes. Il faut qu’on sorte de la théorie du fleuve et de l’affluent et que toutes les composantes du Rhdp soient traitées sur une base égalitaire. Nous disons non à la dictature rampante du Rdr et du Pdci menée par certains cadres à la base. C’est grâce aux accords que nous avons signés que nous avons pu battre le candidat du Fpi, Laurent Gbagbo au second tour. Gbagbo avait tenté de résister au second tour. Là aussi, c’est notre union, notre accord qui ont fait qu’il est tombé. Il est de notre intérêt de rester dans ces accords. Il faut que les présidents Ouattara, Bédié, Mabri et Anaky se retrouvent très rapidement pour trouver un point de jointure pour sauver l’union. Il faut que d’autorité, ils décident. Il n’est pas question qu’un seul parti, dans un département, veuille avaler les autres et tous les postes. Je prends l’exemple de Bloléquin. Pourquoi, diantre, faut-il que le Pdci veuille, à lui seul et pour lui seul, les deux postes de député ? C’est inadmissible, c’est inconcevable. Le Pdci n’est quand même pas seul sur le terrain et ce parti n’a pas pu réunir, au premier tour plus de 50% des suffrages. Au nom de qui va-t-il prendre les deux postes de députés ? Nous disons que trop c’est trop, il faut qu’on mette fin à cela. Il faut qu’on arrête ce genre de comportement qui va couler la politique du « vivre ensemble » du Président Alassane Ouattara. C’est grâce à ces accords que le président Ouattara est au pouvoir. C’est grâce à ces accords que le Rhdp est au pouvoir. Si on sort de ces accords, on aura signé la mort politique de notre famille. Si on sort de ces accords, on aura trahi la mémoire de ces 3.000 morts, on aura trahi les Ivoiriens qui ont cru en nous et on aura donné raison au camp de Laurent Gbagbo, qui disait hier, que l’accord du Rhdp était un accord de dupes qui ne résisterait pas, on aura trahi la communauté internationale. Si on sort de ces législatives en rang dispersé, je ne pense pas que demain, on viendra nous parler du Rhdp ou de la création d’un parti politique unifié. C’est un cri du cœur que je lance à nos dirigeants. Il n’est pas encore tard pour sauver le soldat « Rhdp ». En définitive, je voulais dire aux militants de se mettre en ordre de bataille. Avec ou sans le Rhdp, l’Udpci aura ses candidats partout en Côte d’Ivoire. Le parti de Guéi Robert est debout. Il aura son groupe parlementaire fort pour que demain, après les deux mandats du président Alassane Ouattara, Mabri Toikeusse soit le président de ce pays…

Réalisée par Armand B. DEPEYLA

Source: Soir Info

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