vendredi 4 novembre 2011

Les Français souhaitent le départ des forces Licorne

Les légionnaires français

En France, une cristallisation se fait autour de la présence militaire française en Afrique et plus singulièrement en Côte d’Ivoire. Si Nicolas Sarkozy en fait le trognon de sa politique de recolonisation de l’Afrique, ce n’est pas le cas de l’opinion publique qui voudrait que les soldats français quittent les pays africains.

Si la guerre électorale qui se profile à l’horizon entre Nicolas Sarkozy le président sortant et son challenger socialiste François Hollande devait intéresser les Ivoiriens, se serait bien sur le chapitre de la présence militaire française. Un léger frémissement est perceptible sur le sujet, en raison de l’hostilité de l’opinion française qui est encore révulsée par la présence de ses militaires loin du territoire français pour se retrouver dans d’autres contrées et singulièrement en Afrique. Pour arriver à cette position, il a fallu que des soldats français tombent un peu partout sur le théâtre des opérations en Afghanistan ou en Afrique, mais aussi qu’elle sache la réalité de leurs interventions.


François Hollande qui a souvent eu des positions incompréhensibles à l’égard de Gbagbo, son camarade de l’international socialiste, partage au moins cette ligne avec les patriotes ivoiriens qui lui ont fait connaître la réalité de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Il sait ainsi les résultats de la présidentielle ivoirienne, le niveau d’intervention des autorités françaises et particulièrement les graves déprédations dont se sont rendus coupables les militaires français. Cela dit, le candidat socialiste ne peut pas avoir une position pro-Gbagbo. Une telle posture serait suicidaire en l’état actuel des choses parce que vu de Paris, c’est Ouattara le démocrate. « Nous avons accusé un long retard sur le plan de la communication », concède Brigitte Kuyo, représentante du FPI en France qui conduit le bataillon de lobbyistes patriotes qui maintiennent la pression pour la libération du Président Gbagbo.


Les positions du candidat socialiste ne datent pas d’aujourd’hui. Le 8 août dernier, lors d’une interview accordée à Jeune Afrique, François Hollande avait affirmé que « La France doit maintenant retirer ses troupes de Côte d’Ivoire », estimant qu’après avoir contribué à arracher le pouvoir à Laurent Gbagbo « sa présence n’était plus nécessaire ». Moralité : entre le mal et le pire, les patriotes ivoiriens qui vivent en France et la diaspora africaine, qui luttent pour la libération de l’ancien président ivoirien préfèrent de loin François Hollande. « Lui au moins ne nous a pas envoyé la guerre » se défend Brigitte Kuyo.


Au Palais d’Abidjan, on suit avec attention le duel en préparation entre les deux rivaux français. Le chef de l’Etat ivoirien, on peut l’imaginer, aurait du mal à faire son deuil du départ de Sarkozy de l’Elysée puisque lui seul peut lui garantir une présence des forces Licorne pour le maintien desquelles il a tout sacrifié, à commencer par la souveraineté nationale.


Le président français va croiser le fer au cours de cette élection avec tous les Africains ayant la nationalité française. La mort de Kadhafi risque d’être vengée dans les urnes françaises contre le président français qui en est l’un des principaux instigateurs. La situation en Côte d’Ivoire fait aussi partie du lourd contentieux qui existe entre les Français d’origine africaine et le président sortant ; ce qui aliène à priori le vote noir à François Hollande.


Celui-ci devra, s’il est élu se prononcer sur le nouvel accord de défense que négocient en ce moment la Côte d’Ivoire et la France. Le chef de l’Etat ivoirien y joue en partie l’essentiel de sa présidence qu’il souhaite encadrer par les militaires français. Le gouvernement a convoqué une séance extraordinaire du conseil des ministres autour du sujet sans que son porte-parole Bruno Koné ait révélé son contenu. Selon lui, tout est enfin prêt pour que les deux parties y apposent leurs signatures. Bref, entre les partisans du départ et ceux qui veulent le statu quo, le compte à rebours a déjà commencé.

JOSEPH TITI
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