lundi 2 janvier 2012

Défense :: Un budget sous-évalué

Alors que, comme partout en Europe, l’austérité budgétaire est présentée comme la seule issue possible à la crise, nos gouvernants ne manquent pas d’argent pour les guerres. Et, alors que
les coûts militaires réels augmentent, le budget de défense est systématiquement sous-évalué.
Laura Meyer


Le poste « défense » dans les budgets gouvernementaux belges et français est sous-estimé, puisqu’on prend de l’argent en dehors des budgets de la défense pour financer les efforts de guerre. La guerre en Libye ne fait pas exception. (Photo Solidaire, Laura Meyer)

Les dernières années, le montant des opérations belges à l’étranger n’a fait qu’augmenter, passant de 115 millions en 2007 à 170 millions en 2010. Avec la prolongation du conflit libyen, décidée le 16 septembre par le gouvernement, le montant total des opérations belges à l’étranger atteindra au moins 188 millions d’euros en 2011. Cela fait une augmentation de 63 % en quatre ans.

Dans le quotidien De Standaard du 12 août, on pouvait lire que les frais pour l’effort de l’armée belge dans la guerre en Libye ne provenaient pas du budget de la Défense, mais d’un « pot fédéral ». En France aussi, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, annonçait que les 320 millions d’euros que la France a dépensés les six premiers mois de la guerre, seront « mutualisés dans le budget global de l’Etat », et non pris sur celui de la Défense. En d’autres termes, le poste « Défense » dans les budgets gouvernementaux belges et français sont sous-estimés, puisqu’on prend de l’argent hors des budgets de défense pour financer les efforts de guerre. La guerre en Libye ne fait pas exception. Officiellement, Pieter De Crem annonce que le budget de la Défense belge pour cette année est de 2,7 milliards d’euros. Or sur le site de l’Agence Européenne de Défense, on donne les chiffres de ce qui est réellement dépensé annuellement à la Défense en Belgique. On y remarque que ces coûts ont augmenté entre 2005 et 2009 de 21 %, passant de 3,3 milliards d’euros à un peu plus de 4 milliards.

Pour l’Otan, ce n’est pas suffisant

Le chef de l’armée, le général Charles-Henri Delcour, s’est plaint récemment de ce que le budget de la défense belge n’était « que » de 0,84 % du PNB. Nous sommes ainsi « avant-derniers au classement des 28 États-membres de l’Otan ». Pour le général, l’objectif de l’Otan est que chaque État-membre consacre 2 % de son produit national brut à la Défense. Pour la Belgique, cela aurait signifié 6,8 milliards euros en 2008. Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a déjà annoncé que, en mai 2012, lors du prochain sommet de l’Otan à Chicago, les leçons de la guerre en Lybie seront tirées. C’est-à-dire que les États-Unis ne peuvent plus être le seul État-membre à mettre à disposition ses jolis avions sophistiqués sans pilote. Les autres pays-membres de l’Otan devront également acheter de tels avions. A cet effet, Rasmussen a élaboré un plan spécial : les achats seront effectués de manière groupée, sous la direction d’un seul État, très discrètement et en dehors des budgets des défenses. Rasmussen appelle cela laSmart Defense, qui doit pouvoir être réalisée, en dépit de la crise économique et des mesures d’austérité.

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