Côte d'Ivoire : Le Benin retire ses troupes de l'ONUCI
Retraits en cascade des Casques bleus par les pays donateurs de l’Opération onusienne en Côte d’Ivoire. Pour palliatif, la France recrute 300 mercenaires et pour manifester son mécontentement, elle met Choï au restreint pour «insuffisance de rendement» et le remplace par le porte-parole Hamadoun Touré.
300 mercenaires, 23 avions de combat ‘’Mirage’’, tel se compose le dernier arrivage de l’arsenal de guerre convoyé par la France sur le théâtre ivoirien, selon nos sources onusiennes de renseignements basées en Haïti. L’aéroport civil de Bouaké est transformé en une plate-forme militaire où s’effectuent de jour comme de nuit, des montages des machines de guerre qui y arrivent en pièces détachées, des tirs d’essais, des vols d’essai et de repérage, etc. Pour ce qui concerne l’Opération des Nations unies pour la Côte d’Ivoire (Onuci), sa dernière dotation est de trois (3) drones (avion espions) et trois (3) hélicoptères de combat de marque M-24.
Aléa jacta este. Eh bien le sort en est jeté. L’opération « ne pas perdre la Côte d’Ivoire » est irréversible, il reste à savoir si elle vaincra les Ivoiriens. La dernière élection présidentielle qui a opposé au second tour, le président sortant Laurent Gbagbo candidat de La majorité présidentielle (Lmp) et Alassane Dramane Ouattara président du Rdr, candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), a vu la victoire du premier cité avec (51,45%) selon le verdict final du Conseil constitutionnel, juge des élections dont la décision est sans recours. Une victoire que conteste le candidat vaincu Alassane Dramane Ouattara, soutenu en cela par la France qui a fini par rallier à sa cause, ses amis au sein de la communauté internationale avec les ressources humaines et toute la logistique de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Ce soutien «indéfectible» à Alassane Dramane Ouattara n’a toujours pas, 4 mois après le second tour de la présidentielle, donné les résultats escomptés par la France. L’une des dernières tentatives de régler militairement la crise post-électorale a été annihilée par l’Union africaine.
Au cours de la dernière réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’organisation panafricaine tenue à Addis-Abeba en Ethiopie, un Groupe de haut niveau a été constitué et comprend cinq chefs d’Etat venus des cinq parties du continent. Ce sont l’Afrique du Sud avec Jacob Zuma pour l’Afrique australe, la Mauritanie avec Ould Abdel Aziz pour l’Afrique du Nord, le Tchad avec Idriss Déby Itno pour l’Afrique centrale, la Tanzanie avec Jakaya Kikwete pour l’Afrique de l’Est et le Burkina Faso avec Blaise Compoaré pour l’Afrique de l’Ouest. Ce panel a séjourné à Abidjan du lundi 21 au mardi 22 février où les cinq chefs d’Etat ont rencontré tous les acteurs de la crise ivoirienne. Une dernière rencontre était prévue à Nouakchott en Mauritanie, hier, pour livrer les résultats des négociations. Mais dans l’attente de ces résultats, le président français Nicolas Sarkozy multiplie les contacts avec le président sud-africain, Jacob Zuma qu’il veut à tout prix convaincre de ne pas prendre position pour la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, ou à tout le moins à observer sans prendre position ni pour l’un ni pour l’autre. Pour Sarkozy, une fois que le président sud-africain est « neutralisé», les quatre autres chefs d’Etat du panel vont automatiquement abdiquer. La semaine dernière, un autre entretien, entre officiel français et le chef d’Etat sud-africain devait avoir lieu à Twane capitale d’Afrique du Sud jadis appelée Pretoria. Mais cette audience demandée par l’Ambassadeur de France en Afrique du Sud a été annulée sine die par le président Zuma, qui, selon des sources diplomatiques, n’aurait pas trouvé opportun le sujet à l’ordre du jour. En termes d’ordre du jour, il s’agirait pour le président français Nicolas Sarkozy de convaincre le Sud-Africain à désavouer le camp présidentiel ivoirien qui avait révélé par presse interposée deux jours avant, une lettre confidentielle écrite par Sarkozy et adressée au président de la Commission électorale indépendante (Cei). Courrier dans lequel Nicolas Sarkozy enjoignait le président de la Cei Youssouf Bakayoko à vite proclamer les résultats de l’élection et que des dispositions sécuritaires seraient été prises pour assurer la sécurité des citoyens français et étrangers en cas de débordement…
Visiblement, les deux parties, Afrique du Sud et France ne semblent pas danser sur le même rythme dans le bal qui a lieu en Côte d’Ivoire. L’ingérence et le parti pris de la France a fini par agacer la première puissance africaine et beaucoup de dirigeants africains. La France qui entrevoit la débâcle du camp Ouattara dans les résultats du panel des chefs d’Etat de l’Union africaine prend dès lors le taureau par les cornes. Sur le théâtre ivoirien des opérations, beaucoup de choses ont changé. D’abord par le haut, ensuite sur le terrain. Par le haut, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Youn-Ji Choï a été officieusement écarté et remplacé par Hamadoun Touré. La France, selon des sources émanant de ses services secrets, reproche au Coréen « son mauvais résultat malgré les moyens mis à sa disposition ». Pour le remplacer la France s’est aliéné les services d’un « prêt-à-tout-faire » doté potentiellement d’un reflexe anti-Gbagbo, en la personne du porte-parole Hamadoun Touré.
Sur le théâtre des opérations, la tâche s’est compliquée ces deux dernières semaines. En effet, plusieurs pays ne voulant pas se faire complices des massacres qui ont cours et dont les plus amples se préparent en Côte d’Ivoire, ont décidé de retirer leurs soldats. Le Ghana a commencé et fini le retrait de ses soldats. Cette semaine, c’est le Benin qui suit. Le contingent béninois a déjà démantelé toute sa logistique et s’est replié sur Abidjan en traversant Guiglo (Ouest). D’autres pays africains et même asiatiques manifesteraient, en ce moment même, un ardent désir de se retirer de la mission ivoirienne des Casques bleus. Ces pays accusent la France de dévoyer et de transformer ce qui était auparavant une mission humanitaire, en mission de subversion et d’invasion. Sur le terrain, les choses sont bien claires désormais. Les forces régulières ivoiriennes (Fds-Ci) font face à des mercenaires venus de plusieurs pays limitrophes et français. Ce sont ces mercenaires habillés en tenues des Casques bleus qui mènent les opérations contre l’armée ivoirienne. Les attaques d’Abobo (commune du District d’Abidjan-nord) ont fait plusieurs centaines de morts dans les rangs des assaillants. Contrairement à trois (3) blessés annoncés hier lundi 28 février, par la radio française Rfi. Selon des sources concordantes, la toute dernière attaque aurait fait une dizaine de victimes dans les rangs des commandos mercenaires dont plusieurs de race blanche. Il pourrait s’agir de trente quatre (34) soldats de l’opération Licorne. Plusieurs officiers de l’armée burkinabé auraient été tués également dans les combats. Un membre influent des mercenaires qui n’ont rien «d’invisibles» aurait été arrêté lors des combats de Koumassi (commune du District d’Abidjan- sud). Le téléphone portable de ce dernier aurait fourni beaucoup d’informations sur les positions et les noms des leaders civils et militaires des attaques, y compris le nom du président du Rdr Alassane Dramane Ouattara. Selon des sources militaires généralement crédibles, ce commando aurait été fait prisonnier. Avec sa complicité, environs trois (3) embarcations bourrées de mercenaires ont été mis hors d’état de nuire sur les plans d’eau lagunaire interdits à la circulation par l’état-major des Armées de Côte d’Ivoire. Comme on le voit, nos valeureux militaires sont au travail pour pacifier le pays.
Simplice Allard
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